Progrès

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Les temps modernes. Détail d’une image promotionnelle du film, 1936.

Le Grand Robert de la langue française : Mouvement en avant, action d’avancer.

Changement d’état qui consiste en un accroissement (le plus souvent régulier et graduel) d’action, de force, d’intensité ou d’importance, en un passage à un degré supérieur
L’évolution de l’humanité, de la civilisation (vers un terme idéal)

Vocabulaire technique et philosophique, Lalande: B) Transformation graduelle du moins bien en mieux, soit dans un domaine limité, soit dans l’ensemble des choses.

Trésor de la langue française : Processus évolutif orienté vers un terme idéal.

Encyclopédie de la philosophie. La Pochothèque : Terme qui, lorsque son domaine d’application n’est pas précisé (par exemple, le progrès de la technique) , dans lequel les acquis s’additionnent et concourent à l’amélioration, supposée illimitée, des conditions matérielles et morales du genre humain.

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : … Un changement vers le mieux, notion normative, donc subjective. Il n’y a guère que dans les sciences que le progrès, pour relatif qu’il demeure, soit incontestable, parce que la science aujourd’hui peut rendre compte des siècles passés, quand la réciproque n’est pas vraie.

Synonymes : Accroissement. Amélioration. Avancement. Dévelppement. Marche.

Contraires : Arrêt. Décadence. Recul. Régression.

Par analogie : Augmentation. Ascension. Changement. Cheminement. Comité National de Consultation d’Ethique. Education. Erhique. Evolution. Invention. Novateur. Pas de géant. Perfectionnement. Pionnier. Principe de précaution. Révolution numérique. Sciences. Technique. Technologies.

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« Toute la suite des hommes pendant le cours de tant de siècles doit être considéré comme un homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement »  (Blaise Pascal)

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« Toute innovation doit être tenue pour suspecte, sans être pour autant repoussées, les Ecritures disent : « Qu’on fasse une pause sur la route et qu’on regarde autour de soi, pour discerner quelle est la bonne et juste voie…., » c’est le principe de précaution »  (Axel Khan)

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« S’il peut y avoir un progrès moral, ce qui n’est pas sûr, il est fait comme tous les progrès, en même temps de perte, auxquelles ont est pour des raisons évidentes, particulièrement sensibles, et de gains que l’on aperçoit peut-être pas encore » (Robert Musil)

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 « Les philosophes ont des trésors de patience, les ingénieurs beaucoup moins, et les investisseurs sont les moins patients de tous »    (Yuri Noah Hariri. 21 leçons pour le 21ème siècle)

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 « … En quoi pourtant l’idée d’un progrès moral des sociétés et des individus blesserai-elle la raison et l’ordre universel, plus que l’idée d’un progrès dans las sciences, dans la philosophie et dans les arts. Si l’on niait, par un tel motif, la valeur objective des idées morales, il faudra contester la valeur objective de toutes les vérités scientifiques, qui ne sont pas le patrimoine de toutes les intelligences, et qui se manifestent qu’à quelque esprit d’élite à l’aide d’un grand nombre d’instruments et de secours de tout genre, qu’on peut rencontrer au sein des sociétés très cultivées ».(A. Cournot. Essais sur les fondements de nos connaissances)

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Cette idée de progrès assuré et perfectibilité de l’homme était, déjà, et surtout dans la démarche des « Lumières ». On peut leur reprocher de s’être sérieusement trompés, mais il faut garder leur démarche qui rend optimiste, qui est l’espoir que l’homme peut s’améliorer. Lui seul en détient les moyens.
Le progrès parfois bouscule à ce point nos modes de vie, qu’il crée des crises sociales. Ce fut le cas avec les Canuts, comme c’est le cas avec depuis quelques décennies la robotisation de certaines tâches, et l’arrivée de l’informatique dans les services. Le progrès est alors senti comme destructeur, jusqu’à ce que la société s’adapte au progrès.  (Luis)      

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 « Bien qu’ils puissent souffrir de leurs problèmes et limites propres, et que certains accidents soient inévitables, le remplacement de tous les conducteurs humains par des ordinateurs devrait réduire d’environs 90%  le nombre de morts et de blessés sur la route » (Yuri Noah Hariri. 21 leçons pour le 21ème siècle)

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« L’Église depuis l’époque de Galilée, en effet, a tenté de ralentir le progrès, en usant parfois de moyen mal avisés ; Mais science et religion ne sont pas des ennemis, on peut dire tout bonnement que la science est trop jeune pour comprendre certaines choses. Alors l’Église implore, stop ! ralentissez ! attendez ! Pensez ! »    (Film Anges et démons. Tom Howard. 2009)

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Dans son ouvrage 21 leçons pour le 21ème siècle, Yuri Noah Hariri, parle « d’hommes centaure ». (Hybridation Bio technologique). « Ces hommes ordinateurs » dit-il, vont amener « un bras de fer constant entre les deux parties » Sous entendu avec ceux qui ne seront pas augmentés.
« Les anciens souhaitent conserver, les modernes transformer [….] Les anciens veulent sauvergarder le monde non pas tel qu’il est, mais tel qu’il le fut. A leurs yeux, le présent, déjà fort perverti, provoque l’indignation. Sans hésiter, ils désignent le bon modèle dans un passé qu’ils n’ont pas connu […] nostalgiques de ressusciter ce temps mythique. Utopie mélancolique.
Les modernes, valorisent l’innovation, s’estiment rationnels, pragmatiques, alors qu’ils jouent avec le feu, et virent aux incendiaires. Non seulement, ils détruisent ce qui existe, mais ils installent des éléments dont ils ne subodorent pas ni l’avenir ni les nuisances.
Le progrès n’est pas que l’histoire de la connaissance, il se révèle tout autant l’histoire de l’ignorance : il pratique l’aveuglement quant aux conséquences. Utopie perspective.
A première vue dans ce duel, tout tourne autour du savoir : l’ancien s’en tient au savoir antérieur, le moderne invente un savoir neuf…. »  (Éric-Emmanuel Schmitt. Paradis perdus. Albin Michel. 2021)

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« Le progrès entre sens et non sens.
Le progrès des connaissances et des techniques est l’un des fruits de l’intelligence humaine. Après avoir nourri l’optimisme depuis les Lumières jusqu’au milieu du XX ème  siècle, il est perçu par une frange croissante  de personnes, comme une menace. Jusqu’au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, le progrès est considéré par presque tout le monde comme un bienfait. Y accéder  est énoncé en tant que droit humain dans la Déclaration universelle de Droits de l’Homme de 1948. Puis progressivement, certaines de ses conséquences sont dénoncées comme mettant en péril la planète et les emplois au seul bénéfice d’une minorité cupide et dominatrice. Bien et progrès vont-il toujours de concert ? » (Axel Khan. Et le bien dans tout ça ? Stock. 2021)

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Progrès et éthique :
« …. Engagé dans ses recherche sur la vaccination contre la rage (Louis Pasteur) avait demandé à l’empereur Pierre II du Brésil de mettre à sa disposition des condamnés à mort pour expérimenter sur eux ses candidats-vaccins…..dans ce cas-là « la conscience du savant étouffait la conscience de l’homme ». L’histoire de la médecine est jalonné d’histoires de ce genre. Le désir d’atteindre son objectif scientifique et médical est un puissant  stimulant pour le chercheur à relativiser toute autre considération de nature à entraver son élan » (Axel Khan. Et le bien dans tout ça ? Stock. 2021)

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 » Les antécédents de l’idée de progrès: On peut repérer des germes de cette idée au Moyen-Âge. On trouve dans l’oeuvre de Bernard de Chartres la métaphore présentant les hommes de son tempscomme « des nains juchés sur les épaules de géants » , ceux-ci figurant les Anciens (cette célèbre image reprise par Blaise Pascal dans sa oréfice au traité sur le vide). Peuvent s’inscrire aussi dans la génèse de l’idée de progrès, les discussions qui se sont élevées dans les unversités à la fin du Moyen-Âge et qui opposaient les partisants d’une méthode qualifiée de moderne […] et les partisans de la voie ancienne.
Mais l’idée de progrès se diffuse surtout à partir de la Renaissaznce (Par exemple dans les banquet des cendres de Giordano Bruno et à partir du XVIIème siècle (chez des auteurs comme Francis Bacon, Descartes, Pascal, Leibnitz
)….. » (Article/Progrès, Encyclopédie de la philosophie. Pochothèque)

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« Ceux qui utilisent négligemment  les miracles de la science de la technologie, en ne comprenant pas plus qu’une vache ne comprend la botanique des plantes qu’elle broute avec plaisir, devraient avoir honte » (Arthur C. Clarke. Profiles of the futur and inquiry into the limits of the Possible)

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« Certes, il y eut sans doute une époque où les hommes cultivés pouvaient comprendre tous les outils et toutes les machines qui les entouraient, mais les  encyclopédistes n’avaient pas anticipé une autre réalité qui, peu à peu allait s’imposer : plus un objet technologique est complexe, plus son usage tend à se simplifier. Ainsi, presque aucun d’entre-nous ne saurait dire comment fonctionne son ordinateur ou un téléphone portable. Ce qui ne empêche nullement de nous en servir  sans avoir besoin de consulter la moindre notice, et sans que notre crasse ignorance nous fasse trembler d’angoisse. Ainsi, certains objets techniques, à la fois familiers et extraordinairement complexes, en viennent-ils à masquer ou à marginaliser les connaissances scientifiques dont ils sont pourtant les conséquences. Ces dernières sont alors perçues comme pratiquement inutiles tout court… » (Etienne Klein. Court circuit. Gallimard. 2023)

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