Raconter

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Le chant de l’aède Démocodos. Gravure B.N.F.

Le Grand Robert de la langue française : Exposer par un récit  des faits vrais ou présentés comme tels.

Synonymes : Décrire. Dépeindre. Narrer. Relater. Retracer. Conter

Contraires : Taire.                                                                                              

Par analogie : Anecdote. Aventure. Bande déssinée. Biographie. Développer. Dire. Cancans. Chronique. Confession. Conteur. Contine. Episode. Epopée. Exposer. Fable. Légende. Histoire. Imaginaire. Nouvelle. Mémoire. On dit. Tradition Oralité. Poème épique. Réciter. Retracer. Roman. Scène. Tableau. Tradition orale. Transmettre.

Expression: Tenir en haleine.

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« Comment ne peut-on pas raconter sa vie, une vie est-elle autre chose qu’un récit. Tout est récit, vendre un produit, promouvoir un homme politique, il faut raconter une histoire » (Antoine Compagnon. Cours au collège de France)

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Certain poèmes du moyen orient commencent par , « il était et il n’était pas »

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« Le moi narratif est devenu dominant »  (Paul Ricœur) 

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« Pourquoi avons-nous tant envie de raconter ou d’entendre raconter des histoires, courtes ou interminables, drôles ou effrayantes, que nous connaissons par cœur ou dont nous ignorons tout ? À quelles aspirations, à quelles nécessités, à quelles obligations répondons-nous en cédant à ces paroles conteuses ? » (Extrait de l’ouvrage, Pourquoi raconter des histoires. Editions Autrement)

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« Serait-ce une réponse à notre besoin de rencontrer, de dialoguer, de réfléchir, de méditer, de rêver, de chercher en commun ; une réponse à notre besoin de nous situer dans le temps, de nous relier au passé et à l’avenir, de nous libérer du contingent, de nous exprimer dans une langue accessible à tous avec dignité ? » (Extrait de l’ouvrage, Pourquoi raconter des histoires. Editions Autrement)

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« ….c’est d’avoir le plaisir de partager ce qu’on aime. On s’intéresse à certaines histoires, à certaines traditions, et on les raconte, on a plaisir de les raconter.
En même temps c’est la deuxième raison  – on les raconte pour éveiller la curiosité. En espérant développer l’imaginaire et pour pousser à la réflexion, car les histoires ont un sens, elles ont même une pluralité de sens.
« Quelque fois la réalité qui est absolument dégueulasse a beau être relatée par les journalistes, elle n’est pas réellement comprise par le public. Je pense notamment à la guerre du Vietnam. Pendant cette  guerre il y énormément de reportages « véridiques » de gens qui avaient été témoins, présents sur place, et pourtant les Etasuniens n’ont compris la guerre du Vietnam  que dix après seulement, après qu’un poète s’est mêlé de la leur raconter. Avant   « Apocalyspe  now » ils n’avaient pas compris ce que c’était que cette guerre » (Pourquoi raconter des histoires. Rufus. Editions Autrement 2005)

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« Raconter des histoires c’est sortir de la prison qu’est notre corps, lequel nous assigne à résidence…. » (Catherine Dolto. Pourquoi raconter des histoires)

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Le risque des histoires est que les histoires contées, histoires transmises oralement et parfois écrites des siècles après, ne devienne pour ce que l’on prend pour de l’Histoire (avec un grand H). Les Grecs par l’oral avec Homère, la tragédie  avec Sophocle et Euripide, ont mis en scène Zeus et les dieux, tous les personnages mythiques : « Quand certains évoquent l’enlèvement d’Hélène, ou la défaite des Troyens prenons garde d’être forcés d’admettre leur existence propre, parce que le passé irrévocable a supprimer la génération pour qui ce fut un évènement » (Lucrèce)

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« C’est en racontant notre vie que nous avons une chance de découvrir qui nous sommes…Nous sommes tous des Emma Bovary qui espérons mener l’existence de personnages romanesques » (Article. Pourquoi racontons-nous notre vie. Philosophie magazine N° 92)

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On vient de découvrir un nouveau marqueur sur le chromosome 29, un signal imperceptible qui est « l’élément permanant » c a d un signal qu’on transporte depuis tous notre premier ancêtre commun, la cellule, celle que les biologistes ont nommé « LUCA » ; et là sont stockées toutes les histoires, les vies des individus qui depuis l’aube des temps ont porté cette cellule universelle, cette cellule qui connaît toute l’histoire de l’humanité. Bien sûr, ce n’est qu’une histoire, enfin pas tout à fait, car cette histoire nous dit  que nous aurions tous ce même parent, la cellule première, laquelle de multiplications en sélections, nous amène à cette réunion de famille ce soir. Mais dans cette histoire le philosophe n’y trouve pas son compte, si l’on nous dit tout on détruit le mystère, il  y a des histoires dont ont ne veut pas connaître la fin, et là en l’occurrence le début ou alors le philosophe va rester avec sa métaphysique sur les bras, et la science aura désenchanté ce monde.      
« Mais il faut choisir sa vie, vivre ou raconter » ne serions que le personnage d’une histoire et nous n’aurions d’autre choix que de bien jouer le personnage qui nous a été alloué. « La vie comme récit (Annie dans la Nausée) Je reprends les bons moments du passé, je revois ma vie, je l’arrange. Elle réécrit sa vie avec les moments parfaits (un peu dans le style Proust)
De chaque carrefour de ma vie je choisi une image, c’est aussi nous dit Sartre « chemin de liberté », nous ne sommes plus seulement les choix que nous avons fait, mais le choix des souvenir du vécu. Ce que nous dit également Gabriel Garcia Marquez dans « Vivre pour le raconter »: « La vie n’est pas ce que l’on a vécu, mais ce dont on se souvient, et comment on s’en souvient ». On refait son histoire, on se raconte son histoire.(Luis)

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 Nous sommes en France, un peu plus méfiants, voire moins réceptifs à cette tendance de construire des histoires pour nous vendre quelque chose, pour nous séduire,  influencer des consommateurs, Nous préférons pour nous raconter des histoires faire appel à des conteurs, à des passeurs de mots. Quel bonheur de garder cette pureté au pays des « irréductibles Gaulois ».
A chaque fois qu’on a créé de nouveaux moyens de communication pour raconter : écriture, livre, radio, télévision, on a changé l’art de raconter et l’on a changé le cours de l’histoire, nous savons que celui qui détient ce moyen détient le pouvoir, alors nous réagissons, et évitons de nous en laisser raconter. (Luis)   

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« Il faut être trois pour apprécier une bonne histoire : un pour la bien raconter, un pour la comprendre et la goûter, et un qui ne comprend pas ; car le plaisir des deux premiers est doublé par l’incompréhension du troisième » (Alphonse Allais)

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 « ….c’est d’avoir le plaisir de partager ce qu’on aime. On s’intéresse à certaines histoires, à certaines traditions, et on les raconte, on a plaisir de les raconter.
En même temps c’est la deuxième raison  – on les raconte pour éveiller la curiosité. En espérant développer l’imaginaire et pour pousser à la réflexion, car les histoires ont un sens, elles ont même une pluralité de sens.
D’un point de vue plus académique, on raconte des histoires pour transmettre un savoir. Ces histoires véhiculent une certaine vision du monde et une certaine esthétique. En faisant connaître cette vision du monde, on contribue à faire rêver, et à faire vivre des matières séculaires……
On raconte des histoires pour repoétiser un monde largement désenchanté, pour abolir le temps et l’espace le temps de la raconter »….
« On raconte des histoires pour créer un lien entre le conteur et le public, le lecteur et l’auditeur. On fait ainsi renaître un rite ancestral et on transforme le fait de raconter en un acte magique. On raconte pour faire acte de mémoire et s’inscrire dans une longe tradition venue de la nuit des temps. Une raison supplémentaire est l’espoir de trouver un écho auprès de  ceux qui vous écoutent, l’espoir de réussir à les extraire du quotidien, de réussir à les émerveiller, à les éveiller à d’autres centres d’intérêt » (Claude Lecouteux. Extrait de « Pourquoi raconter des histoires ? Editions Autrement)

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Un spécialiste du storrytelling aux USA disait il y a peu : «  Motiver les employés, c’est le travail essentiel du chef. Pour cela il faut mobiliser les émotions. Et la clé pour ouvrir leur cœur, c’est une histoire ». Le même déclare : « Quand je vois comment des histoires bien ficelées peuvent entrer facilement dans les esprits, je m’étonne moi-même de cette propension du cerveau humain à absorber des histoires »
C’est aux Usa vers les années 80 que démarre réellement cette mode du storrytelling. Imaginez ! Le cow boy du cinéma, le bon qui tuait les méchants, un des héros de l’imaginaire des Etasuniens qui devient Président. Chaque année des dizaines de milliers de personnes se rendent à l’international storrytelling center dans le Tennessee. (Extrait d’un article. Monde diplomatique Novembre 2006). La pub s’empare également du storrytelling « Une bonne histoire et c’est vendu diront les publicitaires. (Luis)                     

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