Remords / Regrets

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Après la faute. Jean Beraud. 1890. Musée Carnavalet. Paris

Le Grand Robert de la Langue Française : (Subst. De « remordre) Sentiment douloureux, angoisse accompagnée de honte, que cause la conscience d’avoir fait le mal, d’avoir agi contre la morale.

Vocabulaire technique et philosophique, Lalande : Sentiment de douleur morale (généralement de douleur tenace) causé par la conscience d’avoir mal agi. Le remords est la douleur cuisante et comme indique le mot, la morsure, qui torture le cœur après une action coupable.

Synonymes :

Contraires : Insouciance.

Par analogie : Amertume. Chagrin. Caïn. Cause. Choix. Conscience. Contrition. Dépit. Déplorer. Honte. L’œil de Caïn. Mea culpa. Morale. Pardon. Passé. Pénitence. Regret. Repentir. Reproche. Ressasser. Ruminer. Scrupule.  Surmoi.

Expressions: Avoir mauvaise conscince. Fairepénitence. Faire son mea culpa. Se mordre les doigts.

Regret: C’est l’acte de déplorer un évènement dans la mesure où il a été la cause d’un certain déplaisir, d’un échec. C’est le sentiment d’une faute passée, en tant que passée, sans retentissement dans la conscience actuelle.

Remords : Témoignage de la présence irréparable de la faute, la conscience ne peut pas se débarrasser du poids de la faute.

Repentir : Il suppose l’acceptation de la faute, la reconnaissance de la culpabilité, l’engagement de ne plus réitérer la faute, et, enfin, la recherche du pardon qui vous en délivre.

Repentance :

Souvenir douloureux de ses fautes, des ses péchés.

« C’est » nous dit Gide « prendre conscience de sa faute ».

Expressions : Battre sa coulpe. Demander pardon. Être bourré de remords. Être marri.

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 « Le remords – comme à des degrés moindre, le repentir, la honte ou le simple regret  – est la trace psychologique laissée dans la conscience par le fait d’avoir préféré l’éphémère au durable »                                                                    

 « Au moment de l’action, l’homme aurait sans nul doute tendance à suivre l’impulsion la plus forte ; et même si cela lui inspire occasionnellement les actes les plus nobles, cela le conduit plus généralement à assouvir ses propres désirs aux dépens d’autres hommes. Mais ces désirs une fois assouvis, lorsque les impressions passées et moins vigoureuses sont jugées à l’aune de l’instinct social qui perdure et de sa profonde considération pour l’estime qui lui est portée par ses semblables, alors le châtiment ne tardera pas à venir. Il éprouvera à ce moment le remord, le repentir, le regret, ou la honte, ce dernier sentiment étant, cependant, presque exclusivement lié au jugement des autres. Il prendra par conséquent la résolution plus ou moins ferme d’agir différemment à l’avenir ; il s’agit là de conscience ; car la conscience  regarde en arrière  et sert de guide pour l’avenir » (La filiation de l’homme. Darwin. § IV)

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« Le remords de conscience est une espèce de tristesse, qui vient du doute qu’on a, qu’une chose qu’on fait, ou qu’on a à faire, n’est pas bonne….. » (Descartes. Traité des passions. Du remords. Troisième partie. Art. 177)

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 « Le succès ….. devrait me combler de joie. Mais un scrupule aussi formidable qu’un grain de sable, bloque la machine, et retarde le mouvement. ..  Rien n’est plus affreux que cette dispute en moi, que ce jugement de moi sur moi-même, que ce mépris de moi pour moi-même. Je préférerai n’avoir aucune notion du bien et du mal… » (Henri Troyat. Le mort saisi le vif. P, 95. Plon/ Collection .Beauval 1971)

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Le savant Oppenheimer, conscient de que la création de la bombe A auquel il a participé  va tuer des milliers de personne, et  va dire ces parole tirées Bhagavad-Gita : « Je suis devenu la Mort, le destructeur des mondes ». Hanté par les morts d’Hiroshima et de Nagasaki, (août 1945)  il va démissionner des ses fonctions à Los Alamos en octobre 1945.

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« Non, rien de rien, non ! je ne regrette rien ! » (Edith Piaf) «  Non ! surtout, rien de rien, jamais surtout ! ne jamais rien regretter. Tel semble être la devise de notre époque, où, le passé, bah ! c’est le passé ! Il ne faut surtout pas, ressasser, ruminer, mais aller de l’avant, coûte que coûte. Ce qui semble être la solution à tout. Car c’est bien la différence entre, le regret, et le remords. L’un est surmontable, l’autre nous accroche au souvenir au souvenir, à l’irréversible, et nous condamne à l’irréparable [….] Le paradoxe, on pourrait dire, ou la question philosophique soulevée par un objet comme le regret, c’est que d’un côté on a Edith Piaf (non ! rien de rien…) et à priori personnes n’a envie de regretter des choses, c’est le but de tout le monde de ne pas regrette. Mais pourtant le regret, est le signe qu’on a vécu, et qu’on a fait des choix. Donc, peut-être que la question, c’est comment sauver le regret sans s’y noyer »  » (Géraldine Mosna-Savoye. Les chemins de la connaissance. «  Les regrets, comment apprendre à les aimer » France culture. 3 juin 2022)

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