Repentir/ Repentance

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Traité de l’Elysée et amitié Franco-allemande. Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. 1963.

Le Grand Robert de la Langue Française : Regret d’une faute, sentiment de douleur morale accompagné d’un désir d’expiation de réparation.

Trésor de la langue française : Ressentir le regret d’un péché avec le désir de le réparer et de  ne plus y retomber. 
– Regretter vivement une faute, une faiblesse.
– Regretter d’avoir fait ou de ne pas avoir fait une chose

 Dictionnaire Littré (en ligne) : Éprouver un chagrin qui est de la nature du regret, à propos de fautes, de manquements

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : C’est une espèce de tristesse, disait Descartes, qui vient de ce qu’on croit avoir fait une mauvaise action, et, elle est très amère, parce que sa cause vient de nous.

Synonymes :

Contraires : Endurcissement.

Par analogie : Affect. Appartheid. Camps. Cause. Chagrin. Componction. Culpabilité. Déportation. Esclavagisme. Expiation.  Faute. Guerre civile. nduisition. Mauvaise action.  Morale. Occupation. Palliatif. Passion triste. Péché. Peine. Pénitent. Regret.  Remords. Réparation. Ressasser. Ressentiment. Scrupule. Shoah. Trstesse.

Expressions: Battre sa coulpe. Faire son mea culpa.

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« Le repentir n’a pas de sens quand il s’agit de choses auxquelles il n’est pas dans notre nature de résister » (Montaigne)

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« Le « Repentir» est un tristesse qu’accompagne l’idée d’une chose que nous croyons avoir fait par un libre décret de l’âme ».  (Spinoza. Ethique III).

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Regret – Remord – Repentir. (Componction)
Regret: C’est l’acte de déplorer un évènement dans la mesure où il a été la cause d’un certain déplaisir, d’un échec. C’est le sentiment d’une faute passée, en tant que passée, sans retentissement dans la conscience actuelle.
Remord : Témoignage de la présence irréparable de la faute, la conscience ne peut pas se débarrasser du poids de la faute.
Repentir : Il suppose l’acceptation de la faute, la reconnaissance de la culpabilité, l’engagement de ne plus réitérer la faute, et, enfin, la recherche du pardon qui vous en délivre.
Repentance :
Souvenir douloureux de ses fautes, des ses péchés.
C’est nous dit Gide prendre conscience de sa faute.
Componction: Sentiment de la faute originelle, d’avoir offensé Dieu, cela peut aussi aujourd’hui imager un faux semblant de comportment de regret, humilité affectée…

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« La repentance depuis lors a pris son vol ; elle a mis le concept de français de souche au pilori, et la fierté de « venir de » au pinacle. L’enracinement des uns est tenu pour suspect et leur orgueil généalogique pour « nauséabond », tandis que les autres sont invités à célébrer leur provenance et à cultiver leur altérité » (L’identité malheureuse. Alain Finkielkraut. P, 133. Stock. 2013)

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« ….le repentir ne représente t-il pas une double peine ? Spinoza exclut de la Synagogue n’hésite pas à pose la question d’utilité d’un tel affect qu’il définit comme : « une tristesse qu’accompagne l’idée d’un certain acte que nous nous figurons avoir accompli en vertu d’un libre décret de l’âme ». Selon lui : «  le repentir n’est pas une vertu, autrement dit, ne naît pas de la raison ; mais qui, se repent de ce qu’il fait est deux fois malheureux, autrement dit, impuissant ».
« Cet aspect n’a selon lui aucune valeur éthique. Il ne répare pas la faute commise, et peut même s’avérer dangereux en proposant un illusoire palliatif à la réparation effective. De plus il maintient celui qui l’éprouve dans un état déprimant de passive tristesse….Le repentir perpétue et redouble le crime initial,  qu’il ne fait que ressasser vainement, de la faute éthique fondamentale : vivre en état de servitude et d’impuissance, dominé et balloté par des passions tristes, au lieu d’être la cause totale et libre de ses pensées et de ses actes….Spinoza considère le repentir comme un péché contre la vie humaine » (Article. Philosophie magazine n° 26. Février 2009)

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La repentance pose un véritable dilemme moral pour des individus. Ainsi pour ne prendre qu’un exemple, les Etats-Unis se proposaient de faire repentance par l’esclavagisme.
Des voix se sont élevées, on entendait, d’une part : Moi je n’ai jamais eu d’esclave, cela concerne des Etats du sud, je ne suis pas responsable d’un acte qui ne me concerne pas, je n’ai pas assumer les agissements des générations antérieures, ou alors,  jusqu’où irons-nous.
D’autre part le propos était : Ma structure ne peut s’affranchir de ce qui constitue mon identité, mon appartenance à un groupe sur plusieurs générations, il n’y a pas de moi désengagé de cet ensemble ; alors en leur nom j’assume l’acte de repentance.
« Nous sommes tenus par des liens moraux que nous n’avons pas choisis, et que nous ne pouvons rapporter à un contrat social »  (Justice. Michael J. Sandel. Albin Michel. 2016)

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Cette idée de repentance a migré vers l’Europe et nous voyons des groupes de personnes demandant aux français de faire repentance de la colonisation, de l’esclavage, de la longue domination patriarcale, etc.  Etant pour beaucoup d’entre nous descendants d’immigrés  à deux, trois générations ou plus, cela se transforme en injonction à l’égard d’une partie de la population. Nous retrouvons là, une démarche d’inquisition contre « les impurs ».
Je n’ai pas cassé le vase de Soissons (ai-je entendu dans un débat sur ce thème) ni moi ni quiconque de ma famille n’a pratiquer le traite des esclaves, je n’ai colonisé aucun pays, je ne vois pas pourquoi on me mettrai en demeure de faire repentance d’actes commis par des personnes dont je n’ai aucune connaissance.
Si la repentance suivant la définition, c’est : « Souvenir douloureux de ses fautes, des ses péchés. C’est prendre conscience des ses fautes (Gide) « ; donc, il ne s’agit en aucune façon de « mes fautes », en aucune façon de « mes péchés ». Je ne suis pas plus concerné par des maltraitances de vagues ancêtres miens, que  ne pourraient être tenus pour responsables des agissement de leurs ancêtres, ceux-là mêmes qui enjoignent à la repentance.
Tout comme l’Allemagne, l’Espagne a connu, ce problème de culpabilisation héritée des actes de leurs parents. Ainsi en Espagne dans bien des familles,  on a eu un parent, un oncle engagé avec les franquistes, et un autre dans les Républicains. Parfois aucun n’en est revenu. L’Espagne a surmonté l’épreuve, dépassant les haines, dépassant les ressentiments, en engageant un mouvement de réconciliation.
Alors qu’au siècle dernier, la France a été « occupée » par l’Allemagne, que des Français en regard de leur religion ont été horriblement « exterminés », que d’autres ont été déportés dans de camps ; des événements qui reste dans notre monde moderne, comme un crime impardonnable, et bien ! mois de vingt après, deux présidents (Konrad Adenauer et Charles de gaulle)  se sont symboliquement serrés la main. L’Allemagne est un pays ami. Nul touriste allemand venant en France ne risque des propos désobligeants ; à nul touriste allemand il ne sera jamais  demandé de faire repentance, repentance cependant du pire crime contre l’humanité.  (Luis)

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« Le repentir est directement contraire à la satisfaction de soi-même ; et c’est une espèce de tristesse, qui vient de ce qu’on croit avoir fait quelque mauvaise action » (Descartes)

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