Responsabilité

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Le Grand Robert de la Langue Française : Obligation ou nécessité morale, intellectuelle de réparer une faute, de remplir un devoir, une charge, un engagement.

Trésor de la langue française : Obligation faite à une personne de répondre de ses actes du fait du rôle, des charges qu’elle doit assumer et d’en supporter toutes les conséquences.
Nécessité pour quelqu’un de répondre de ses intentions et de ses actes devant sa conscience

Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale : Dans le langage commun, le terme »responsabilité » outre son emploi dans le contexte de l’imputabilité, se réfère souvent à des devoirs ou obligations liés à un statut.

Encyclopédie de la philosophie. Pochothèque. Dans son acception morale, la notion apparaît dans les discussions sur la liberté, désignant la situation d’un agent et libre eut égard aux conséquences que son choix a causées et qu’il était en mesure de prévoir.

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : …Être responsable, c’est pouvoir et devoir répondre de ses actes. C’est donc assumer le pouvoir qui est le sien, jusque dans ses échecs, et accepter d’en supporter les conséquences.

Synonymes : Charge.

Contraires : Devoir. Immunité. Irresponsabilité. Négligence.

Par analogie : Actes. Agir. Assumer. Auteur. Bouc émissaire. Chef. Cadre. Caution. Choix. Comptable. Conséquences. Conséquentialisme. Courage. Culpabilité. Décisions. Dirigeant.  Endosser. Engagement. Ethique de responsabilité. Environnement. Faute. Garant. Honnêteté. Insouciance. Lâcheté. Légéreté. Majorité. Obligation. Polluer. Règle. Solidarité. Structures. 

Expressions: Ethique de conviction. Ethique de responsabilité. Lavo manus meas (Je m’en lave les mains) Ponce pilate.

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«  Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » (Hans Jonas. Le principe de responsabilité)

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Lors de l’affaire du sang contaminé en 199, la Ministre des affaires sociales Georgina Dufoy, déclare : «  Je me sens profondément responsable, pour autant, je ne suis pas coupable »

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  « Toute l’œuvre de Kant » écrit le philosophe Fernando Savater  « est centrée autour d’un pressentiment lié à son siècle, celui de l’autonomie rationnelle ».
La loi morale kantienne implique tout d’abord que l’homme est libre, « autonome » mais cette liberté lui rappelle que, s’il est libre, alors il devient ipso facto, responsable de se ses choix, de sa vie, de tous ses comportements avec ses semblables. (Luis)

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Au premier chef nous sommes responsables de nous. La responsabilité est suivant Jean Paul Sartre,  « simple revendication logique des conséquences de notre liberté. L’homme est responsable de ce qu’il est… »  Si effectivement le principe de liberté entraîne, ipso facto celui de la responsabilité, on peut comprendre que certains individus craintifs, ayant peur d’affronter les difficultés de la vie, vont se réfugier dans des structures où toutes les décisions sont prises à leur place, où il suffit de suivre une règle établie pour ne plus avoir à faire de choix, se délestant par là de toutes leurs responsabilités, on en a l’exemple le plus marquant dans les sectes, mais il est d’autres lieux. (Luis)   

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Individualisme moral. «  L’idée selon laquelle mes responsabilités se limitent à celles auxquelles j’ai souscrit est libératrice »  (Michael Sandel. Justice. Albin Michel 2016)

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« Vous accusez le Racisme allemand  d’avoir dévasté la terre. Mais si les démocraties n’avaient pas été si sottes et si lâches, les Allemands n’auraient jamais osé se dire un peuple de Seigneurs ». (Jean Bernanos. La France des robots. Page 99. Le castor atlas)

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« Tout ce qui augment la liberté, augmente la responsabilité »  (Victor Hugo)

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 « Il appartiendra toujours à une génération de faire l’éducation de la génération suivante », à défaut de quoi nous prenons le risque d’une  « rebarbarisation » de la société. »  ( ?)  

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« Dans son « Eloge à Hélène » le philosophe grec Isocrate, tente comme dans une plaidoirie à rendre Hélène non responsable de la guerre entre Athènes et Troie. « Il envisage quatre cas possibles : ou bien Hélène a suivi Pâris parce que le voulait le sort ou les dieux, ou les décrets d’un inévitable destin ; ou alors elle a été enlevée de force, soit convaincue par la parole, saisie par l’amour. Or, dans aucun de ces cas elle n’est responsable, puisque, dans toutes ces hypothèses, elle subissait une force trop puissante pour qu’elle pût s’y opposer » (Les Grands Sophistes dans l’Athènes de Périclès. Page 100. Livre de poche)

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En décembre 1997 un accord pour protéger la planète était signé à Kyoto, sauf par un pays  qui représente une part conséquente de la pollution, (Les Etats-Unis n’on jamais ratifié). Ce pays, n’a rien trouvé de mieux que de proposer des licences pour polluer, des droits de polluer, que les pays riches achèteraient aux pays pauvres, s’arrogeant ainsi un droit à l’irresponsabilité, ou payer pour polluer, payer pour être déresponsabilisés. Ces droits à polluer sont devenus des produits financiers parmi les autres, se vendent et s’achètent sur les places boursières.  (Luis)  

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 La notion de responsabilité a beaucoup évolué avec le temps, c’est pourquoi nous ne pouvons pas trop nous référer aux philosophes. Au Pays et à l’époque de Socrate, les femmes, les esclaves, les métèques, étaient considérées comme irresponsables. Ce qui va se retrouver chez les Romains où c’est le père (pater familias) qui a toute autorité sur lit-on parfois, sur les esclaves, les enfants, les femmes, les bœufs, et autres animaux. Au moyen âge et longtemps encore l’Eglise va considérer que, les femmes n’ayant pas d’âme, ne sauraient être responsables de leurs actes. Quand nous voyons tout ce qu’il a fallu faire fallu attendre,  pour la reconnaissance de l’égalité, nous mesurons la responsabilité des hommes tout au cours de ces siècles.(Luis)  

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« Tout est entre les mains de l’homme; C’est pourquoi il doit se les laver souvent »  ( ?)

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Nous avions déjà dans un débat évoqué la responsabilité ; nous avons définis les différentes responsabilités, à savoir : responsabilité : parentale, éducative, civile, ou sociale, morale, collective, solidaire, administrative (Pénale, juridique), politique.
Responsabilité collective, solidaire :
« Chacun est responsable de tous » (Saint Exupéry)
Tous les membres d’un groupe sont solidairement responsables de l’acte de n’importe lequel d’entre eux. La prise de conscience de la responsabilité collective, avec retard sur les faits s’appelle la repentance.
2° Responsabilité civile:
Le crime, le vol, le viol, l’agression, la fraude, le délit, etc, sont des actes relevant de la responsabilité civile.
La faute , l’incident, voire l’accident pouvant entraîner préjudice nous amène à nous assurer pour faire face à notre responsabilité civile
L’infraction, au code de la route, par exemple, entraîne sanction, s’onscrit dans cette même catégorie
Responsabilité morale :
Nous sommes responsables, comptables du legs social aux générationsque nous ne connaîtrons jamais. Nous sommes responsables de cette terre, de l’environnement que nous leur laisserons. L’indifférence, la non prise de position ne dégage nullement de la responsabilité, ou alors nous sommes dans ce que Hanah Arendt appelle « La non assistance à générations futures ».

 En politique, nous évoluons entre :
A) Éthique de conviction : où mes décisions se plient à mon idéal politique, à un dogme.
B) Éthique de responsabilité : où la finalité de mon action comme objectif, définit les moyens, les actions. Les conséquences sont imputables à ma propre action.

   Le film « Good Kill » (en français : le bon crime) montre des soldats US qui, à partir de drones détruisent en Afghanistan des cibles qui leur sont définies par la CIA. Alors qu’ils viennent de lancer un missile via un drone sur une maison, et que des personnes accourent pour sauver ceux qui pourraient l’être, les opérateurs reçoivent l’ordre de lancer un second missile sur les sauveteurs.. Une jeune femme soldat caporal et un commandant, ont des réactions de culpabilité de tuer devant leur écran dans une salle climatisée. Nul éthique chez les opérateurs, de là une responsabilité qui est proche du crime, car ce n’est pas une situation de conflit où les « soldats » sont sur un territoire, une zone de conflit.
 – Nous utilisons des méthodes de terroriste, dit la jeune femme soldat.
Je me sens lâche, lâche d’appuyer sur un bouton, et de tuer dans une salle climatisée des gens à l’autre bout du monde, dit le commandant. Nombre de ces soldats opérateurs se retrouvent vite en burn out. (Luis)

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« L’hyper-conséquentialisme nous met en examen de façon permanente. Depuis l’avènement des réseaux sociaux, ce ne sont plus seulement les acteurs du débat public, mais c’est n’importe lequel d’entre-nous qui, par une déclaration malheureuse, une blague pas toujours de bon goût ou une simple expression qui ne plaît pas, peut être tenu responsable de rendre le monde plus sombre. Le risque d’excommunication est d’autant plus fort que les opérateurs de l’hyper-conséquentialisme éructent leur indignation au milieu du silence des gens raisonnables….Ceux qui sont traînés dans la boue courent par ailleurs le risque  d’une forme de radicalisation… Il se trouve que nul ne peut être à la hauteur de cet hyper-conséquentialisme, car l’injonction d’assumer des conséquences qui se situe en deça de notre vigilance consciente est tout simplement inhumaine….
Ce climat d’intimidation morale conduit certain à des formes de confession collective d’un autre temps, comme sur le campus d’Evergreen aux États-Unis, où de vidéos ont montré  que les enseignants commençaient l’année universitaire en abjurant leur propre condition et les privilèges dont ils bénéficient parce qu’ils sont blanc, hétérosexuels,  ou encore cisgenres*
Certains s’en sortent mieux que d’autres malgré tout : ceux qui peuvent revendiquer d’une façon ou d’une autre  le statut de victime. A ceux là, une forme d’innocence adamique est conférée, aux autres,  une responsabilité morale dès la naissance. C’est la reformulation du péché originel par l’hyper-conséquentialisme. Mais loin de nous unir dans une tragédie commune, il nous divise en essentialisant la faute morale.*
Cisgenre, ou cissexuel, construit à partir de son contraire, transgenre, on parle également de cisidentité, ou de cissexualualité. Soit celui, celle, qui se réclame de son genre de naissance. (Gérald Bronner. Apocalypse cognitive. PUF. 2021)

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Aliéner sa liberté, c’est se libérer de ses responsabilités?
(Je m’explique) Assumer chaque fois,  les responsabilités, responsabilités de ses choix, les obligations qu’on s’est fixées, peut être ressenti comme contrainte, avec embarras, voir angoisse. S’en remettre à une règle établie par autrui, une religion, (renter dans les ordres), rentrer dans une secte, rentrer dans l’armée, embrasser une idéologie, peut vous délivrer tout à coup de ses angoisses de choix avec leurs responsabilités. Ouf ! on suit une règle, plus de question à se poser,  on s’est mis sur des rails. Pour certaines personnes, peut-être que ne pas assumer de responsabilité devient une forme de liberté. Tant pis pour Monsieur Emmanuel Kant pour qui, l’homme est libre donc ipso facto, responsable. (Luis)

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