Révolte

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La barricade de la place Blanche défendue par les Femmes
(Pendant la semaine sanglanre de la Commune de Paris)
Musée Carnavalet. Paris

Le Grand Robert de la Langue Française : Action collective, généralement accompagnée de violences, par laquelle un groupe refuse l’autorité politique existante, la règle sociale établie.
Droit) A, avec violence et voies de fait de résistance aux prescriptions de l’autorité publique ou d’un supérieur hiérarchique.
Résistance, opposition violente et indignée ; attitude de refus et d’hostilité (collective ou individuelle devant une autorité, une contrainte.

Trésor de la langue française : Action de (se) révolter; soulèvement, mouvement collectif de rébellion contre une autorité établie (gouvernement, ordre social, institutions).
– Refus d’obéir à quelqu’un, d’accepter son autorité.
– Agitation intérieure traduisant une opposition violente, un refus d’accepter quelque chose qui heurte ou blesse les sentiments profonds de l’individu..
– Refus d’accepter un événement, une situation, quelque chose d’inévitable, d’inéluctable.

Dictionnaire Littré (en ligne) : Soulèvement contre l’autorité établie.

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : Une opposition résolue et violente ; c’est le refus d’obéir, de se soumettre, et même d’accepter. Le mot sert surtout, et de plus en plus, pour désigner une action individuelle (pour les révoltes collectives, on parlera plus volontiers, d’émeute, de soulèvement, de révolution)

Synonymes : Émeute. Indignation. Soulèvement.

Contraires : Obéissance. Soumission. Sagesse.

Par analogie : Agitation. Antigone. Autorité. Barricades. Combat. Conscience. Fronde. Guerre civile. Injustices. Insurrection. Jacquerie. Liberté. Lutte. Mutinerie. Opposition. Pauvreté. Putsch. Rébellion. Refus. Résistance. Révolution. Ruade. Soumission. Spartacus. Subversion. Surmoi. Violence.

« Qu’est-ce qu’un homme révolté ? C’est un homme qui dit non. Mais s’il refuse, il ne renonce pas : c’est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement ». (Albert Camus)

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« Les hommes de mon âge en France et en Europe sont nés juste avant ou pendant la première grande guerre. Ils sont arrivés à l’adolescence au moment de la crise économique mondiale.., on leur a offert ensuite la guerre d’Espagne, Munich, la guerre de 1939, la défaite des quatre années d’Occupation et de luttes clandestines. Je suppose donc que c’est ce qu’on appelle une génération intéressante.., nombre de Français qui ont aujourd’hui trente ans ont formé leur cœur et leur intelligence pendant les années terribles, où, avec leur pays, ils se sont nourris de honte et ont vécus de révolte.  (Albert Camus)

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« Puis, un jour sans importance, la pendule allait marquer onze heures, je ne sais plus pourquoi, mais je n’ai pas supporté les vexations…. La remarque fut certainement bénigne, mais dite sur le ton qui justifiait qu’on ne l’accepte pas. Au milieu du vacarme, de l’humidité, de la sueur, coincé dans la chaîne, mon travail dépendant du précédant, mais celui du suivant n’étant rendu possible que par le mien, je me rebellai. J’arrêtai de travailler et regardai le contremaître qui vociféra de plus belle… La chaîne tournait à vide. Ses cris se firent de plus en plus hystériques. Je quittai mon poste et me dirigeai vers lui, décide, lentement mais décidé… Le silence se fit, il hurla, je criai plus fort que lui. Je fus peut-être insultant, je l’ignore aujourd’hui, mais je me souviens lui savoir dit du plus fort que j’ai pu combien ils me répugnaient, lui et son pouvoir minable….. » (Michel Onfray. Extrait de, Politique du rebelle)

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Il nous est plus facile d’imaginer et de définir le sens de la révolte que le sens du droit à la révolte, lequel peut être diversement apprécié. Par exemple : Antigone va se réclamer d’un droit légitime pour se révolter contre les lois de Créon, elle se réclame des lois non écrites les « lois du cœur », lois de l’honneur, de la défense d’une famille, d’une lignée. (Luis)     

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Quelle différence faisons-nous  entre révolte et révolution ? Est-ce qu’une révolution serait une révolte aboutie ? Et quelle différence avec  la rébellion, l’insurrection, la mutinerie, une jacquerie ?
La révolution change d’une façon radicale l’organisation de la société.  Politiquement, ce mot révolte a été employé dans plein de sens. Ce qui nous rappelle que lorsque la CIA a mis Pinochet au pouvoir, la presse « bien pensante » titrait : le peuple s’est soulevé, le peuple s’est révolté, le peuple s’est libéré de la dictature communiste. (Luis)     

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Révolte et posture intellectuelle, « …la bourgeoisie sait bien que l’écrivain a pris secrètement son parti : il a besoin d’elle pour justifier son éthique esthétique d’opposition et de ressentiment ; c’est d’elle qu’il reçoit les bien qu’il consomme ; il souhaite conserver l’ordre social pour pouvoir s’y sentir un étranger à demeure : en bref c’est un révolté, non pas un révolutionnaire » (Jean-Paul Sartre. Situations)

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 « Peut-être les révoltes populistes du XXIlème  siècle ne viseront-elles pas une élite économique qui exploite le peuple, mais une élite qui n’a plus besoin de lui »  (Yuri Noah Hariri. 21 leçons pour le 21ème siècle)

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« La révolte est liée à la conscience. Une fois que vous êtes conscient de certains phénomènes, quand vous vous regardez en face dans le miroir en vois rasant la matin, vous ne pouvez vous dire : « je suis au courant et je ne fais rien ». Il faut se « réaccorder » avec soi et pour cela il faut agir. Pour certains ce sera en luttant dans un syndicat, pour d’autres dans le caritatif, pour moi ce fut l’action directe. Si il a une seule manière de ne rien faire, il ya mille façons d’agir. Il n’y a pas lieu de les hiérarchiser, mais il faut agir »  (Jean-Pierre Brick. Objecteur de conscience)

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(Extrait du débat : « Qu’est-ce qu’un homme révolté ? » 09 01 2008) Au mois de juin dernier, à Saint Hyppolite du Fort,  dans le Gard, une entreprise vendue à un fonds de pension américain va délocaliser.  Celui qui a créé cette entreprise, Monsieur Jallat,  qui a 89 ans ne supporte pas que les ouvriers, les gens avec qui il a construit cette affaire se retrouvent à la rue. Il se suicide. La révolte existe en tout homme, en dehors de toute condition sociale, elle semble liée à un sens de l’honneur, à l’altruisme, à la conscience, à la dignité. Dignité d’un homme mais aussi dignité d’une société, qui devrait privilégier solidarité et humanisme. Son geste reste anachronique dans un monde qui devient de plus en plus individualiste. Cet homme représente un nouveau symbole d’homme révolté, son geste constitue « l’honneur d’un patron ». (Luis)  

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(Extrait du débat : « Qu’est-ce qu’un homme révolté ? » 09 01 2008) Une des premières révoltes célèbres, individuelle puis collective,  est celle de Spartacus. Il se rebelle alors qu’il est à l’école des gladiateurs et il s’enfuit avec d’autres gladiateurs.  Dans les campagnes les esclaves le rejoignent. Il gagnera quelques célèbres batailles contres des légions romaines, il fera même 300 prisonniers qu’il va obliger à se combattre entre eux, comme les gladiateurs…Il finira par mourir, mais les armes à la main. Pendant des siècles de nombreux individus vont se révolter, ce sera souvent en vain ; car leur nom sera oublié ; l’Histoire est  toujours écrite par les vainqueurs. Mais d’autres sont restés dans l’Histoire : nous pensons à ceux dont la révolte fit avancer ce monde, c’est Gandhi, ou Gisèle Halimi, ou Angéla Davis…Plus près par exemple, un homme qui mène actuellement son combat en faisant une grève de la faim, c’est José Bové.  Ayant passé un moment avec lui la semaine passée, il m’a demandé de transmettre un message au café philo de ce soir : « C’est bien de relayer cette lutte,  même dans des cafés philo, car mon combat ne relève pas d’une idéologie. Oui, bien sûr je me considère comme un homme révolté, mais comme un homme qui ne renonce pas, soit la révolte comme l’entendait Camus. J’ai récemment relu « L’homme révolté » de Camus. Certains combats doivent se faire même à contre courant. Le courage de l’homme peut être aussi de remonter sans cesse le rocher, comme Sisyphe. Là,  nous sommes revenus à Camus ». J’entends avec ses propos quelorsque nous n’aurons plus cette capacité de nous révolter, alors l’humanité sera en danger ! (Luis)    

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(Extrait du débat : « Qu’est-ce qu’un homme révolté ? » 09 01 2008) Nous avons jusqu’ici répondu à ce qu’est un homme révolté, et quelles peuvent être les raisons de sa révolte. L’homme révolté est plus que cela, car il est aussi ce qu’il va faire de sa révolte, comment il va lui donner corps dans l’action. Se révolter par la seule parole reste un exutoire pour satisfaire la conscience, le surmoi, qui ne peut-être totalement heureux face aux injustices, et la révolte peut devenir acte « la parole n’est que l’ombre de l’acte » (Aristote). Nous avons tous nos révoltes : je me révolte lorsque je lis un article qui nous dit que « nous manquons cruellement de place pour les bateaux de plaisance, et que tel conseil général a voté une subvention pour l’agrandissement d’un port de plaisance », et  à une page plus loin on nous dit que « plus de 10 % des Français vivent en dessous du seuil de pauvreté »…, alors me direz-vous, que faire ?  Si nos activités nous laissent un peu de temps libre, l’engagement reste possible. La révolte pour certains, a besoin d’être extériorisée. C’est ce qui fait parfois  les bataillons de  bénévoles des associations, les militants de partis politiques… Voir que d’autres se révoltent pour les mêmes raisons que soi, c’est déjà moins révoltant. (Luis)   

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(Extrait du débat : « Qu’est-ce qu’un homme révolté ? » 09 01 2008) Quelqu’un qui se révoltefait appel à sa conscience. « Chaque homme est un poète qui se plaint » Aragon. La poésie, les arts et les lettres, sont-ils des alternatives à la révolte?
Des individus restent les symboles de la révolte : de Voltaire, à Zola. Nous voyons moins aujourd’hui d’intellectuels en révolte. Tout n’est pourtant pas  « pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Nous voyons des personnes présentées comme « intellectuels », qui  s’indignent de ce qui se passe à l’autre bout du monde, mais qui s’arrangent très bien avec des injustices dans un univers tout près d’eux,  et ils donnent sur des plateaux de télé, à la radio des belles leçons d’humanisme. Un homme révolté, exprime, et vit sa révolte. L’homme ou la femme révoltés, concrétisent leurs révoltes en actes , la révolte qui se limite aux propos peut être utile si l’on a une grande écoute, mais elle engage peu si elle ne se  traduit pas  dans les actes, elle peut n’être  qu’une posture, laquelle  à la longue devient  une imposture. Allez ! Disons  à la  décharge des « pseudo intellectuels » évoqués, qu’il faut  reconnaître que se révolter contre les pouvoirs en place ferme bien des portes. La soumission,  le conformisme, le pragmatisme,  offrent plus de possibilités que la révolte, car c’est évident: La révolte ne nourrit pas son homme!  (Luis)    

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Débat :      «  Le droit à la révolte a-t-il un sens ? »    14 novembre 2013.                     Introduction : Dans cette question, ce qui pour moi fait problème, c’est le contexte dans lequel elle est posée. Donc, je ne traiterai pas la question indépendamment du contexte dans lequel nous vivons. La question est posée ici, en France, et maintenant, au 21ème siècle.
Plus précisément, nous sommes aujourd’hui en France dans une société d’économie capitaliste et dans un régime politique de démocratie, et, du point de vue idéologique, nous sommes imprégnés de l’idée que nous sommes certes dans le pays des droits de l’homme mais en même temps qu’il n’y a plus de « grand récit » pour raconter l’histoire dont nous sommes contemporains. C’est en ce sens que notre époque contemporaine est dite « postmoderne»,  selon les termes du philosophe Jean-François Lyotard.
En effet ce qui caractérise en Europe l’époque contemporaine, à partir du milieu du 20ème siècle, après les deux guerres mondiales, après Auschwitz, la chute du mur de Berlin, Tchernobyl, c’est que l’histoire collective n’est plus pensée comme ayant un sens ( c’est à dire à la fois une direction, et une signification) et qu’alors, « Dieu est mort », comme l’écrivait Nietzsche, c’est à dire qu’ il n’y a plus de valeurs transcendantes  pour  orienter l’histoire des hommes et des femmes, et ces derniers ne se sentent   plus investis d’une tâche : soit celle d’assurer individuellement leur salut soit celle de réaliser collectivement sur terre les conditions de leur émancipation. D’autre part, en ce 21ème siècle, nous sommes dans une civilisation en mutation, celle de  Petite Poucette (selon le titre de l’essai de Michel Serres), celle de la révolution numérique dont l’avenir est entre les pouces et les doigts de nos enfants qui tapotent sur leurs claviers.
Enfin, nous sommes dans une société qui se dit, de manière dominante, en crise économique et sociale, écologique et morale. Dans ce contexte, l’attitude de L’homme révolté, pour reprendre l’analyse de Camus, est nécessaire quoique difficile  à assumer. Reprenons le texte de Camus : « Qu’est-ce qu’un homme révolté ? C’est un homme qui dit non. Mais, s’il refuse, il ne renonce pas ; c’est aussi un homme qui dit oui dès son premier mouvement. »… Oui à quoi ? A sa révolte, à son combat, aux valeurs qui les fondent ou en naissent. Le révolté, au sens étymologique, c’est celui qui fait volte-face.
« Toute valeur », dit encore Camus, « n’entraîne pas la révolte, mais tout mouvement de révolte invoque tacitement une valeur. »
En ce sens la révolte n’est pas qu’une étape préparatoire et maladroite d’un événement historique nommé « révolution « , comme le laissent entendre des historiens marxistes de la Révolution française ou/ et des militants politiques d’une révolution à venir et à faire advenir .
Si l’on suit l’analyse de Camus selon laquelle tout mouvement de révolte invoque tacitement une valeur, alors la révolte n’est pas  une simple contestation ni une simple indignation, a fortiori elle n’est pas de l’ordre de la  plaisanterie juvénile . Elle n’est pas non plus  un acte de mutinerie ni une insurrection porteuse de violence :Elle est porteuse de valeur et en ce sens elle relève bien d’un comportement réfléchi qui fait appel à un projet même si elle apparaît comme une réaction spontanée .C’est en ce sens que Camus, l’auteur de  L’homme  révolté est aussi le philosophe des Ecrits libertaires  qui répond  aux questions »: comment voyez vous l’avenir de l’humanité? » « Que devrait-on faire pour arriver à un monde moins opprimé par le besoin et plus libre?: », il  répond: »donner quand on peut , et ne pas haîr , si l’on peut « 
Puisque nous sommes dans un contexte de crise morale, de crise de valeurs, la révolte peut-elle et doit-elle être élevée au rang du droit ? En effet, il y a aujourd’hui en France des révoltes : révoltes de paysans contre l’ordre économique,( en Bretagne et ailleurs la révolte de nombreux groupes sociaux (artisans, parents d’élèves,) et dans toute la   France des  révoltes de travailleurs  contre les licenciements…, à Paris   et en province la révolte de lycéens contre l’injuste exclusion de Léonarda, et en Europe des révoltes contre des pouvoirs, comme le pouvoir de la Banque centrale, et au Moyen-Orient contre le pouvoir politique… Mais ces révoltes qui signifient le refus d’obéir, de se soumettre et même d’accepter, tout simplement,une situation d’humiliation ou de discrimination ,ou d’exploitation impliquent-elles le droit de révolte ?  Les révoltes opposent à ce qui est légal (ce qui est imposé par la loi), ce qui est légitime (des valeurs).
Mais peut-on admettre que ce qui est valeur pour les uns et pas pour les autres, devienne règle universelle, règle nécessaire pour tous,, c’est à dire  une loi ? Peut-on admettre que la révolte devienne un droit, c’est-à-dire, ce qui doit être ? Sartre écrit en 1974 : « On a raison de se révolter », car sa conception de l’existence humaine tient dans cette formule : « l’existence précède l’essence », ce qui signifie que je ne peux me définir qu’en faisant sans cesse des choix, des choix de vie qui me caractérisent  et  en refusant ce que les autres disent de moi , en n’acceptant pas l’image que les autres donnent de moi , et cela à tout moment de mon existence jusqu’à ma mort, car, alors, « Les jeux sont faits » (selon le titre de l’une de sespièces de théâtre).
Selon cette posture existentialiste, à laquelle je souscris, on a raison de se révolter contre les préjugés, les idées toutes faites, les dogmes, les stéréotypes,, les évidences .; et aussi contre les comportements discriminatoires et/ou sectaires qui fixent et figent à tout jamais des pensées et des individus.
Mais comment savoir ce qui est « révoltant pour tous? »raisonnons sur un exemple Notre société est en train de nous orienter vers l’acceptation d’une humanité augmentée, pleine de robots, de prothèses et aussi de systèmes de surveillance Cela est-il révoltant pour tous ?
C’est bien la question qu’il faut se poser par rapport aux diverses formes de révoltes dont nous sommes contemporains.
Quand on reprend la formule de Mao « le peuple a raison de se révolter », on dit que la révolte doit être organisée par « ceux d’en bas » contre ceux d’en haut , ceux qui tiennent le gouvernail de manière tyrannique      ou  contre des formes de gouvernement qui nous dominent et qui nous aliènent. Mais la révolte est elle juste si elle entraine la mise en place d’un autre pouvoir d’oppression?
Donc  le fait de la révolte n’est pas  un gage de légitimité Nous retrouvons ici cette idée que toute révolte n’est pas juste pour tous, et qu’il faut s’interroger sur les raisons et sur le but de telle ou telle révolte
C’est en ce sens que je partage le point de vue , paru  en novembre 2009  de « l’appel des appels , pour une insurrection des consciences «  de la part de différents contributeurs (psychanalystes, enseignants, médecins, chercheurs, artistes, journalistes, magistrats , philosophes) qui (je cite) « invitent à parler d’une seule voix pour s’opposer à la transformation de l’ Etat en entreprise, au saccage des services publics, et à la destruction des valeurs de « solidarité humaine , de liberté intellectuelle et de justice sociale …Il est encore temps d’agir . L’insurrection des consciences  est là, partout diffuse….Elle témoigne qu’un futur est possible « pour l’humanité dans l’homme »
Toutes ces questions surgissent quand on s’interroge sur le droit de révolte  mais reste une certitude:
Je constate que ni la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 (avec ses 17 articles), ni la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 (avec ses 30 articles) ne comportent le droit de révolte.
Donc, que la révolte devienne un droit,  c’est possible,  car c’est bien le contexte historique qui fait évoluer les lois et le droit, et c’est nécessaire aujourd’hui.
Si nous ne voulons pas être soumis à la civilisation du profit maximum et de la marchandisation de tout ce qui existe, il faut non seulement se mettre à l’écoute des révoltes actuelles,  mais aussi instituer le droit de révolte. C’est de la responsabilité du politique, s’il a vraiment l’ambition d’un changement de société. (Edith Deléage Perstunski. Professeure de philosophie)

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Un groupe musical, HK & Les Saltimbanks, a écrit un très beau texte pour une chanson en l’honneur de Stéphane Hessel :

Indignez-vous !

Je me suis levé un matin
Sombre jour de l’existence
J’ai levé la voix et le poing
Quand la règle était le silence
J’en ai vu monter dans les trains
Partir dans un brouillard immense.
Je ne pouvais être ni complice, ni témoin
Je suis rentré en résistance
Une voie pavée d’espérance
Peuplée de femmes et d’hommes debout,
Un choix, comme une évidence
Entre potence et corde au cou
Je suis revenu de si loin
Je rends grâce à mon étoile,
La mort m’a oublié en chemin
À Dora et à Buchenwald

Quatre-vingt-treize ans je peux croire
Que ma fin n’est pas très loin.
Quatre-vingt-treize ans voici ma mémoire,
Prenez-en le plus grand soin
L’indignation obstinément
Dans un monde au garde à vous
Soyez de ceux qui marchent contre le vent
Mes amis, indignez-vous!

C’est un vieux monsieur qui vous parle
Brandissant son étoile, entendez-vous?
Pensez-vous donc qu’aujourd’hui
Les motifs de soulèvement vous manquent 
Quand nos propres vies sont à crédit
Sous la dictature des banques ?
L’argent commande aux actionnaires.
Eux-mêmes commandent aux présidents
Qui ordonnent aux gens ordinaires
D’exécuter bien gentiment.

[…]

Voilà le monde qui est le nôtre
Absurde, cruel et sans pitié
Jusqu’à ce que frappe à notre porte
Ce maudit seuil de pauvreté
Les droits de l’homme mis en jachère
Vendus en portions individuelles
Quand la crise alimentaire
S’éternise devant l’éternel.
Mais, miracle quand des milliards
Sont trouvés dans la seconde
Pour sauver Maître dollar
Et tous les banquiers de ce monde

Indignez-vous ! Indignez-vous ! Indignez-vous !
C’est un vieux monsieur qui vous parle
Brandissant son étoile, entendez-vous ?
Nos chaînes sont certes moins visibles
Qu’au sombre temps de l’esclavage.
Mais nos esprits sont pris pour cible,
Qu’ont-ils fait de notre héritage ?
Compétition à outrance
Amnésie généralisée
Produits de consommation de masse
Pour une jeunesse anesthésiée
Il est grand temps, mes amis
De rallumer enfin les étoiles
Qui ont guidé toute sa vie
Ce vieux monsieur qui vous parle
J’ai été cet Arménien,
Je suis toujours ce juif allemand,
je suis le peuple palestinien,
La justice est mon seul camp

Soyez citoyens sans frontière
De ces peuples qui se soulèvent
Contaminez la terre entière
De vos révoltes et de vos rêves

Indignez-vous,  c’est votre droit 
Et en mémoire de tous ceux-là
Qui meurent encore de pas l’avoir
Ce droit est de fait un devoir
Indignez-vous ! Indignez-vous !
C’est un vieux monsieur qui vous parle
Brandissant son étoile, entendez-vous ?

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