Riche/Richesse

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Ali Baba et les quarante voleurs. Image promotionnelle du film.

Le Grand Robert de la Langue Française : Qui a de la fortune, possède des biens, de l’argent en abondance.

Trésor de la langue française : Qui a de la fortune, qui possède des biens en abondance, qui a beaucoup d’argent.

– Ensemble des personnes possédant des biens, de la fortune, ayant un niveau social élevé.

– Qui possède un peu d’argent par rapport à quelqu’un qui est dans un état de dénuement

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : On dit, il est riche. Il est riche en bestiaux, en argent, en terre, en effets mobiliers, en billets. On est riche avec peu de chose quand on ne souffre pas du besoin de ce qu’on n’a pas.

Synonymes : Cossu. Cousu d’or. Crésus  Fortuné. Friqué. Huppé. Millionnaire. Multimillionnaire. Nanti. Opulent. Parvenu.  Propriété. Richard. Rupin.

Contraires : Impécunieux. Indigent. Nécessiteux. Pauvre.

Par analogie : Actifs. Beau monde. Biens. Blindé. Capitaliste. Cossu. Cousu d’or. Eldorado. Être à l’aise. Faste. Financier. Fortune. Galette. Huppé. Grand seigneur. Jeunesse dorée. Magot. Luxe. Magnificence. Mener grand train. Millionnaire. Monnaie. Moyens. Nabab. Oncle d’Amérique. Opulence. Or. Argent. Pactole. Patrimoine. Pérou. Placements. Plein aux as. Propriété. Rentier. Ressources. Richard. Rouler carrosse. Rouler sur l’or. Rupin. Superflu. Titres. Trésor. Valeurs.

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« Quand je reconsidère ou que j’observe les États aujourd’hui florissants, je n’y vois, qu’une sorte de conspiration des riches pour soigner leurs intérêt personnels sous couleur de gérer l’Etat. Il n’est pas de moyen, pas de machination qu’ils n’inventent pour conserver d’abord et mettre en sûreté ce qu’ils ont acquis par leurs vilains procédés, et ensuite user et abuser de la peine des pauvres en les payant le moins possible. Dès que les riches ont une fois décidé de faire adopter ces pratiques par l’Etat (réformes)…, elles prennent du coup force de loi. Ces hommes détestables, avec leur insatiable avidité, se sont partagés ce qui devait suffire à tous….. »  (David Hume

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« Ainsi vous pouvez avoir des richesses sans être empoisonnées par elles, si vous les avez dans votre maison ou dans votre bourse, et non pas dans votre cœur. Etre riche en effet, et pauvre en affection, c’est le plus grand bonheur des chrétiens, car il y a, les commodités des richesses pour ce monde, et le mérite de la pauvreté pour l’autre ». (François de la salle)

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 La pauvreté est la condition au monde la mieux ou la plus partagée, même si la moitié des pauvres habitent dans des pays riches. La richesse ne se partage pas, elle ne fait que l’objet d’échanges.

    Comment aborder ce sujet sans être taxé de vouloir attiser, et les envies, et la jalousie, et la haine. Il nous paraît tout à fait normal que le fruit d’un travail, de l’intelligence, de l’habileté …. soit rémunéré, et que le gain puisse être conservé ce qui constitue la richesse élémentaire. Mais au-delà se développe le principe de propriété : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ceci est à moi, et  trouva assez de gens simples pour le croire fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misère et d’horreurs n’eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux et comblant le fossé, eût crié à ses semblables : gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à vous, que la terre n’est à personne» (Discours sur l’origine et les fondements de l’Inégalité parmi les hommes. J. J. Rousseau).

    De la richesse à l’opulence jusqu’à la magnificence, nous avons avec cette notion de propriété privée, perverti tout notre système de relations économiques et sociales. Nous voilà revenu à l’adoration du « veau d’or »

: « Dans l’ensemble, il paraît donc indéniable que rien ne peut conférer plus de mérite à une créature humaine que le sentiment de bienveillance […..], et qu’une partie de son mérite au  moins vient au moins de ce qu’elle tend à promouvoir les intérêts de notre espèce, et de procurer du bonheur à la société des hommes » (Hume. Enquête sur les principes de la morale. Section I. 2ème partie).

 « Parce que vous le valez bien »  dit la pub dans le droit fil de l’individualisme comme seul projet politique. Je m’insurge contre cette notion de mérite, je la refuse, même pour moi. Que de gens qui méritent par leur courage, leur volonté et qui ne connaîtrons que la misère.    

Nul ne mérite d’être riche  –  Nul ne mérite d’être pauvre (luis)

Être riche c’est avoir un accès à la santé privilégié. D’ailleurs se sont d’abord les riches qui veulent vivre au-delà de cent ans, ce sont les riches qui voudraient accéder à l’éternité. Là les pauvres sont nettement moins attirés, imagez, être pauvre pour l’éternité.  (Luis)     

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          « Les inégalités se creusent, mais les pauvres sont moins pauvres qu’avant et les riches plus riches qu’avant la mondialisation, globalement, c’est positif ».  (Luc Ferry France Inter 19 06 07)  

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Vouloir être riche, faire de l’argent, devient de plus un moteur, un idéal qu’il faut atteindre, cela est vivement encouragé par les métarécits modernes, des Tapy storries (quoi que là je dois chercher un autre exemple). C’est, dans toutes les business school un moteur transcendant, « devenez riche ! Dépassez vous ! »

Être riche c’est avoir sa carte Gold, sa carte Américan express, des cartes de crédit au nom de ses sociétés bien sûr. Être riche, pour une catégorie des riches,  c’est porter les marques qui montrent de façon ostensible qui montre l’appartenance à la catégorie sociale. A quoi ça sert d’avoir du fric si ça ne se voit pas ?

Et enfin, pour ne pas témoigner qu’à charge, on peut être riche et faire et de belles choses avec sa richesse. Ainsi d’une femme espagnole, la baronne Carmen Thyssen  qui a épousé un riche collectionneur de tableaux, le baron Thyssen, devenue veuve elle a permis d’ouvrir en Espagne à deux musées, l’un a Madrid, l’autre à Málaga. Et ce n’est qu’un exemple.  (Luis)     

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« Chez les Utopiens le fer était beaucoup plus utile que l’or, de sorte qu’ils se servaient de l’or pour faire des vases de nuit. A ceux qui étaient marqués d’infamie, on leur mettait un collier d’or autour du cou, ou une anneau en or au doigt..».             (Thomas More. L’Utopie)

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« …c’est, quand les pauvres ont bien voulu qu’il y eût des riches, les riches ont promis de nourrir tous ceux qui n’auraient pas de quoi vivre ni par leur bien, ni par leur travail… » (Rousseau. Emile. Livre second)

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«  Cependant, si l’on examine pourquoi le spectateur accorde tant d’admiration à la condition des riches…, ce n’est pas tant qu’on les plus croit heureux que d’autres ; mais on croit qu’ils ont plus de moyens de l’être… » (David Hume)

C’est la superposition des fins et des moyens.

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« Pour la plupart des gens riches, la principale jouissance de la richesse consiste à en faire parade, etv cette jouissance n’est jamais plus complète que lorsqu’ils étalent les signes ostentatoires d’opulence que personne qu’eux seules peuvent posséder »  (Adam. Smith. RDN. P, 25

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Le savetier et le financier.

Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir :
C’était merveilles de le voir,
[….]

Son voisin au contraire, étant tout cousu d’or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C’était un homme de finance.
Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l’éveillait,
[…..]

Mais voilà que dans un élan de générosité le riche financier donne cent écus au savetier

Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l’oeil au guet ; Et la nuit,

: A la fin le pauvre homme
S’en courut chez celui qu’il ne réveillait plus !
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.

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Débat : «  Qu’est-ce qu’être riche ? » 19 avril 2016.

Introduction : Si vous interrogez les gens, sur : « qui est riche ? »  vous comprendrez très vite que : sont riches tous ceux qui gagnent plus que moiÊtre riche, version idéalisée : c’est avoir suffisamment de revenus assurés pour toute une vie – pour ne pas devoir travailler par obligation – ne pas dépendre financièrement de qui que ce soit – et à partir de là « cerise sur le gâteau » – on peut consacrer tout son temps à quelque chose qui nous passionne. 

Mais être riche, d’une approche  moins idéalisée pour beaucoup de français, ce serait: ne pas être à découvert le 19 du mois, ne pas ravaler sa honte en allant demander régulièrement une avance sur salaire, pouvoir se débarrasser une fois pour toute de la collection de cartes de crédits… Au début du mois de décembre passé, les médias nous disaient qu’un tiers des jeunes ménages vivaient avec un découvert permanent. Si à ces personnes je leur explique la notion de richesse selon Epicure, mon argumentation sera faible, ça leur fera belle jambe, et je peux même me faire jeter. 

Dans leur ouvrage « C’est quoi être riche ? » Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon écrivent ceci : « La richesse offre la possibilité de libérer son temps et son esprit de toute une série de problèmes matériels qui empoisonnent la vie de la plupart des gens. Mais la richesse, ce n’est pas qu’un niveau de revenu, c’est aussi une façon d’être, une assurance, une aisance, une façon de parler, de se tenir en société, et qui marque l’incorporation physique des privilèges »

Maintenant, à moins qu’il n’y ait parmi nous dans la salle un, une, ou quelques riches, comment pouvons-nous parler d’une chose que nous n’expérimentons pas vraiment par nous-mêmes ?  Il nous aurait fallu, convier, Bernard Arnaud qui pèse 34 milliards d’euros, Gérard Mulliez (groupe Auchan, Carrefour)  23 milliards, ou Serge Dassault 17 milliards, etc. Je suis même sûr que parmi nous personne ne pèse son petit milliard.

Dans une pièce de théâtre « Numéro complémentaire » un homme, un père de famille (joué par Francis Perrin) vient de gagner le gros lot du loto. Il est d’un milieu modeste, et sa première réaction lorsqu’il annonce la bonne nouvelle à sa famille est : « ce soir c’est la fête je vous invite tous chez Flunch,  et c’est plateau-repas à volonté pour tout le monde » Ceci pour dire que nous jugeons de la richesse en fonction du niveau social où l’on se trouve. Héraclite écrivait : « Les ânes préfèrent la paille à l’or »

 Le philosophe Alain Renaut qui avait vécu et étudié la vie des peuples pauvres du Sahel, disait dans une émission sur France culture: « …qui sont les pauvres ? Pas forcement ceux qui ont le moins de moyens monétaires, mais ceux qui sont le plus empêchés…, ce qui en contrepoint nous dit, que la richesse, est aussi et d’abord disposer de soi, disposer de son libre arbitre, de pouvoir accéder aux nécessités premières, accéder aux principaux besoins définis dans l’échelle de Maslow.

Alors (et pour conclure) : Être riche, c’est peut-être, figurer dans le classement Forbes, ou, plus couramment, « Être riche, »  c’est avoir : beaucoup de blé, de braise, de flouse, de  fraîche, de  fric,  d’oseille, de galette,  de pépètes,  de pèze, de  pognon,  de picaillons,  de radis, de thune, de fait : être blindé.  (Luis)    

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« Ainsi vous pouvez avoir des richesses sans être empoisonnées par elles, si vous les avez dans votre maison ou dans votre bourse, et non pas dans votre cœur. Etre riche en effet, et pauvre en affection, c’est le plus grand bonheur des chrétiens, car il y a, les commodités des richesses pour ce monde, et le mérite de la pauvreté pour l’autre ».       François de la salle)

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Extrait du débat : «  Qu’est-ce qu’être riche ? » 19 avril 2016.

Quand j’ai entendu l’énoncé de la question « qu’est-ce qu’être riche ? », j’ai immédiatement pensé à la distinction entre richesse matérielle et richesse spirituelle et à des formules de la sagesse des nations « l’argent ne fait pas le bonheur »  et « plutôt qu’accumuler les richesses vivre d’amour et d’eau fraîche ».  Et j’ai eu en mémoire le film de Fellini « La dolce vita »  qui souligne que les riches  s’ennuient et ne savent pas donner sens à leur vie.

Et puis, je me suis souvenue de l’expression « pauvres d’esprit » et de son interprétation chrétienne «Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux est à eux »  (Prêche de Jésus dans le sermon sur la Montagne). Il peut être compris comme un leurre à destination des réellement  pauvres, comme une drogue (un opium) pour consoler les pauvres en leur promettant un au-delà réparateur. Il est explicité, dans le texte des Béatitudes comme une invitation aux hommes et aux femmes à convertir leur état d’esprit, à passer du désir d’enrichissement matériel au voeu d’enrichissement spirituel car les pauvres en esprit sont les esprits sans désir de conquête ni de  possession matérielles

Alors je me suis demandée mais quel est le problème dans cette question ? Peut-on aller au delà de la distinction richesse matérielle, richesse spirituelle ?  Cette question me semble interroger notre société technophile, consumériste, où règne la compétition  pour être toujours plus riche et en contre façon les projets alternatifs de société autogestionnaire et coopérative.

Aujourd’hui comme l’analyse le philosophe contemporain Alain Renaut dans son ouvrage « L’injustifiable et l’extrême » notre monde a globalisé toutes les situations inédites avant hier, comme la catastrophe climatique et  la mort par pauvreté extrême: un enfant meurt de faim dans le monde toutes les cinq secondes selon le sociologue Jean Ziegler.

Alors faut-il reconsidérer en quoi consiste être riche aujourd’hui? Est-ce simplement le fait de pouvoir survivre? Ou d’échapper à la mort brutale causée par le fait global des guerres asymétriques qui tuent  sans prévenir et de manière aléatoire ?

Nous sommes dans une épistémè, une ère culturelle où triomphe Narcisse, celui qui s’aime plus que tout autre, celui qui a le culte du moi. Nous sommes dans une civilisation individualiste, désenchantée et où la relation érotique de consommation  et de consumation de toutes choses  est une relation mortifère et pour la planète et pour l’humanité. Alors  faut-il  dire comme Voltaire « cultivons notre jardin »? Cela est pour moi déprimant car avoir, je dis bien, qu’avoir un idéal est une richesse. Preuve en est le fait de société que nous vivons aujourd’hui que dans cette société matérialiste, au sens trivial du terme, qui fait miroiter toujours plus de richesses matérielles à consommer et à consumer, le manque d’idéal pousse de plus en plus de jeunes vers des religiosités et donc des communautarismes religieux dont certaines n’excluent pas le suicide meurtrier. Alors peut-être que la richesse consiste en cette capacité de l’être humain de savoir se réjouir, en toutes circonstances, du fait même non pas de vivre mais  d’exister, comme dit Sartre, de pouvoir sans cesse donner sens à sa vie ou plus simplement encore du pur plaisir d’exister et de contempler le monde dont chacun est un élément. Ce que défendent des philosophes matérialistes de l’Antiquité grecque comme Lucrèce .et Epicure et que propose le fondateur de l’idéologie écologiste contemporaine Aldo Léopold avec son ouvrage remarquable Almanach d’un comté des sables (publié en 1948).    (Edith Deléage.-Perstunski. Professeure de philosophie)

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Extrait du débat : «  Qu’est-ce qu’être riche ? » 19 avril 2016.

On est riche en amitié, oui, mais, est-ce bien une richesse ? Dans la pièce de Shakespeare « Thimon d’Athènes » un exemple nous est donné : Thimon inonde ses amis de cadeaux plus luxueux les uns que les autres. Un proche, conseiller, le prévient qu’il va se ruiner. Il le rassure en lui disant qu’il « peut puiser dans les vases de l’amitié »,  je suis riche en amis lui dit-il. Et bien sûr vient la ruine, et là un à un tous ses amis ont une bonne excuse pour ne pas pouvoir lui venir en aide, tous se défilent.

Alors qu’est-ce être riche ? Un homme, nous dit-on, a une chaise, une table, et un lit ; il est riche. Dans ce même temps, un homme a, deux chaises, deux tables, deux lits, est-il deux fois plus riche ?

Et pour revenir sur la notion de catégories sociales liées à l’argent, cela est bien illustré dans une autre pièce de théâtre (plus récente) « Le diable rouge ».

Colbert dit à Mazarin (rôle joué par Claude Rich) que le trésor public est en déficit et qu’il faut trouver de l’argent

– Colbert :…. il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?

– Mazarin : On en crée d’autres.

– Colbert : Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.

– Mazarin : Oui, c’est impossible.

– Colbert : Alors, les riches ?

– Mazarin : Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.

– Colbert : Alors, comment fait-on ?

– Mazarin : Colbert, tu raisonnes comme un fromage (comme un pot de chambre sous le derrière d’un malade) ! Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus !  Ceux là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser. C’est un réservoir inépuisable.  (Luis)  

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Extrait du débat : «  Qu’est-ce qu’être riche ? » 19 avril 2016.

Il faut distinguer pauvreté et misère aujourd’hui dans la société française aujourd’hui l’écart est grand entre les riches, les pauvres et les misérables: du point de vue matériel, quelques chiffres : 2,5 millions de personnes touchées par l’illettrisme soit 7% de la population – 10,5 % de chômeurs – 1 million de personnes bénéficient des repas des restos du cœur – 3,6 millions de SDF – 1 personne sur 5 n’a pas d’accès Internet à son domicile – 8,5millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté (13,9%). Le seuil de pauvreté, en France était de 987 euros en 2014, tandis que 2,2 millions sont millionnaires et 67 personnes sont milliardaires.

Le vide idéologique de ces dernières décennies a laissé place, à un projet de société partagé par un nombre grandissant : « faire de l’argent » ; l’argent est le moteur de l’histoire humaine du 16ème  siècle  à nos jours, c’est à dire dans la période de mise en place du système capitaliste.

L’argent est devenu une valeur d’échange quand il a perdu sa valeur d’usage. Et alors règne dans toutes les sociétés à mode de production capitaliste, ce que Marx nomme « le monothéisme de l’argent ». Nous  faisons l’expérience chaque jour de la domination, dans notre type de société, de la religion de l’argent.

Et finalement c’est Jean-Jacques Rousseau qui analyse le mieux ce en quoi consiste la richesse. Etre riche c’est avoir quelque chose en sa possession mais ce n’est pas être propriétaire comme il l’écrit dans « Le discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes» : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne ». Ce n’est pas l’argent mais la propriété privée et l’appropriation des biens (et notamment des biens communs) qui est la cause de tous les maux

Finalement si je m’interroge sur ce qui pour moi a de la valeur et non un prix, alors je dirai:

La richesse du genre humain c’est d’avoir su, au cours de son évolution, inventer toujours de nouveaux outils pour s’adapter à son environnement et le transformer pour satisfaire ses besoins et pour le connaître tout simplement: la richesse c’est d’appartenir à une humanité qui  sait calculer aujourd’hui l’existence de la neuvième planète du cosmos.

Ma richesse liée au hasard de ma naissance c’est d’être née et de vivre dans un pays dont le régime politique est une démocratie qui, en principe, adhère à la déclaration universelle des droits de l’homme et à la laïcité Mais elle est fragile et il faut être vigilant à ce qu’elle ne se disloque pas c’est peut-être l’alerte donnée par les « nuits debout ». Et en tant que femme ma richesse c’est de vivre dans une société où des lois (qui peuvent évoluer) relèvent du principe de l’égalité des droits des hommes et des femmes. Finalement  être riche ce n’est pas avoir quelque chose à vendre c’est avoir quelque chose à donner ou à transmettre sans faire de calcul, sans en attendre un bénéfice. La richesse c’est de pouvoir partager. (Edith Deléage-Perstunski. Professeure de philosophe)

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Extrait du débat : «  Qu’est-ce qu’être riche ? » 19 avril 2016.

La richesse en France est parfois curieusement perçue, un sondage récent dans le journal « La Voix du Nord » nous disait que pour 78% des Français, être riche est mal perçu, mais les mêmes personnes à 72% disaient que c’est une bonne chose que de vouloir être riche. Y a-t-il là, un paradoxe ?

Et bien sûr nous avons dit que la richesse est relative. De fait, si je vis avec 800 €  par mois à Bamako, je suis riche – si je vis avec 5000 € par mois à Chevilly-Larue, je suis entre riche et à l’aise – si je vis avec 5000 € par mois à Neuilly sur Seine, je suis un pauvre. Donc il y a un critère géographique.

Et j’ajouterais qu’être riche c’est prendre le risque d’être détesté par une majorité de personnes.

Et, être pauvre, c’est prendre le risque d’être plaint par une majorité de personnes.

Enfin n’excluons pas que la jalousie à l’égard des riches existe, que c’est un sentiment largement partagé. On n’est pas jaloux de la pauvreté, alors que c’est la condition la plus partagée dans le monde.  (Luis)  

                                                                                                                                

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