Sagesse

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Les trois singes de la sagesse. Ne pas voir le diable, ne pas écouter le diable, ne pas parler avec le diable. Sculpture de Manjuh. 2008.

Le Grand Robert de la Langue Française : Connaissance juste des choses, « parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir » (Descartes)

Vertu, comportement juste, raisonnable.

Qualité, conduite du sage , modération, calme supérieur, joint aux connaissances.

Modération et prudence dans la conduite.

Trésor de la langue française : Connaissance critique, juste appréciation des choses, conduite selon les règles de la raison et de l’expérience.

Encyclopédie de la philosophie. PUF : Dans la philosophie hellénistique, la sagesse devient la vertu suprême et la figure du sage (sophos)  incarne l’idéal de l’homme qui réalise à la perfection l’art de vivre. Pour les stoïciens, le sage est celui qui connaît l’ordre  immuable et fatal des événements et par là s’adapte en adoptant la meilleure attitude pour y participer.

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : L’idéal d’une vie réussie – non pas qu’on aurait réussi dans la vie, ce qui ne serait que carriérisme, mais parce qu’on aurait réussi sa vie elle-même.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : (Vertu) La sagesseconsiste à se rendre attentif à ses véritables & solides intérêts, à les démêler d’avec ce qui n’a  que de l’apparence, à choisir le bien, & à se soutenir dans des choix éclairés. La vertu va plus loin ; elle a, à cœur le bien de la société ; elle lui sacrifie dans le besoin ses propres avantages, elle sent labeauté & le prix de ce sacrifice, & par-là ne balance point de le faire, quand il le faut (D.J.)

Synonymes : Bon sens. Discernement. Sapience.

Contraires : Dissipation. Folie. Imprudence. Ignorance. Turbulence.

Par analogie : Absurdité. Bêtise. Circonspection. Déraison. Folie. Inconséquence. Jugement. Maturité. Modération. Nuance. Prudence. Prud’hommie. Raison. Réflexion. Retenue.   Sapiens. Sophos. Stoïcisme. Tempérance. Vertu.  

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« La sagesse humaine apprend beaucoup si elle apprend à se taire » (Bossuet)

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« Ne sois pas plus sage que nécessaire, tu deviendrais stupide » (Maison de Montaigne. Poutre n° 20. Extrait de l’Ecclésiaste)

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Le philosophe et astrologue Thalès, raconte t-on, qui voulait savoir, donc être sage n’eut pas toute la prudence, forme de sagesse, et, cherchant l’explication de ce monde dans les étoiles, il ne vit pas un puits et tomba dedans.

La sagesse nous amène à considérer l’idéal de l’homme, la projection vers sa perfection, et à considérer également le réalisme dont nous ne pouvons nous détacher en totalité. Si nous ne prenons en compte que l’idéalisme, nous sommes alors ignorants de la réalité, et, comme Thalès, nous allons tomber dans le puits. (Luis)

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Dans la philosophie Taôiste, et dans l’imaginaire des Chinois, les grandes oreilles sont signe de sagesse. Chez des philosophes occidentaux, comme chez Nietzsche les grandes oreilles évoqueraient plutôt la bêtise, l’âne. Bien que Nietzsche ait codé nombre de ces œuvres, ce dernier fait peut-être un clin d’œil à la philosophie taôiste.  (Luis)   

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« C’est quand on est fou d’amour qu’on atteint la plus grande sagesse, j’étais enfin détaché de toutes les contingences… » (André Gide)

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Introduction au débat : « Peut-on être ignorant et sage ? »  26 janvier 2005)

Dans les langues latines, sagesse a la même origine que savoir, « sapere ». Dans le Petit Robert : le sage « à la connaissance juste et  éclairée de toute chose »
Celui qui doute peut être sage parce qu’il sait qu’il ne sait pas, donc l’ignorant peut être aussi un sage….
1° La sagesse connaissance intellectuelle : la Sophia…savoir, érudition..
2° La sagesse morale, la prudence : la Phronésis…Expérience, modération, juste milieu…
Celui qui réalise les deux à la perfection, est le vrai sage, le Sophos. Et c’est aimer la sagesse comme, le « Philosophos », (L’ami de la sagesse).
Le philosophe Sceptique est celui qui pourrait le plus s’accorder de cette dualité Sage et Ignorant ? Puisque ce dernier considère que la connaissance de toute chose, que la vérité existe, en dehors de notre propre savoir, et que vérité et savoir nous sont  accessibles,  ou par intuition, ou par révélation. Donc le Sceptique est sage dans le sens où, comme Socrate, il est « docteur en ignorance », c’est-à-dire: celui qui sait qu’il ne sait pas.  (Luis)

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Le roi, «  Salomon, souverain réputé pour sa grande sagesse mais qui fut en réalité un monarque absolument déréglé. Le fait de n’avoir eu au moins sept épouses, d’après ce que rapportent les annales, sans compter trois cents concubines, fournit l’évidence qu’il s’était constitué un harem… » (Les sources de la morale occidentale. Georgia Harkness. Payot. 1957)

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« Ce qui nous perd c’est que nous n’avons pas plutôt goûté la Philosophie du bout des lèvres, que nous voulons faire les sages & être d’abord utile aux autres, nous voulons réformer le monde. Eh mon amy, réforme-toy auparavant toy-même, & ensuite, fait voir aux hommes que la philosophie a formé. En mangeant avec eux, instruit les par ton exemple ; cède leur à tous, préfère les à toy, supporte les tous. Tu leur seras utile »  (Epictète. Nouveau manuel. Editions Jean-Baptiste Coignard, MDCCXV)

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