Spiritualité

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Détail de l’oeuvre de Puvis de Chavannes.
Marie-Madeleine au désert de la Beaume.
1869. Städel Muséum. Francfort

Le Grand Robert de la Langue Française : Ensemble des croyances, des exercices qui concernent la vie de l’âme, le mysticisme religieux.

Caractère de ce qui est spirituel, indépendamment de la matière, du corps.

Vie spirituelle…aspiration aux valeurs morales

Trésor de la langue française : Qualité de ce qui est esprit ou âme, concerne sa vie, ses manifestations ou qui est du domaine des valeurs morales.

– Qualité d’un être qui est esprit, qui n’a pas de corps.

– Qualité de ce qui est de l’ordre de l’esprit

– Manière symbolique, idéaliste de représenter les choses.

– Vie de l’esprit; qualité d’une personne attachée aux choses de l’esprit, de l’âme, aux valeurs morales et religieuses

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : La vie de l’esprit. On se trompe, si on la confond avec la religion, qui n’est qu’une de façon de la vivre. Ou avec le spiritualisme, qui n’est qu’une des façons de penser. Pourquoi les croyants auraient –ils seuls un esprit, pourquoi sauraient-ils seuls ‘en servir ? La spiritualité est une dimension de la condition humaine, non le bien exclusif des Églises ou d’une école.

Synonymes : Immatérialité.

Contraires : Animalité. Matérialité. Réalité. 

Par analogie : Agnostique. Âme. Animisme. Athée. Au delà. Bouddhisme. Complétude. Conscience. Contemplation. Cosmique. Cosmos. D P (Développement personnel). Dualisme. Emotion esthétique.  Emotion transcendantale. Eternité. Esotérisme. Esprit. Étant. Etonnement. Fraternité. Humanisme. Idéalisme. Immanence. Infini.Infinité. Lien. Matérialisme. Méditation. Métaphysique.  Mystère. Mysticisme. Néant. Pacha mama. Paganisme. Océan. Questionnement. Quête. Ontologie. Panthéisme. Religion. Retraite. Rituel. Sel de la Terre. Secte. Sentiment océanique. Spiritisme.  Spititualité laïque. Sublime. Transcendance. Univers. Universel. Vie intérieure. Yoga.

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« Je crois aux forces de l’esprit » ces propos de François Mitterrand sur la fin de sa vie, on été diversement analysés. Dans une émission avec Jacques Chancel, il se dit « agnostique » Dans un écrit il dit : « Disons que j’ai une âme mystique, et une cerveau réaliste » et lors d’une interview il ajoute « Je crois à la puissance de l’esprit. Sans elle que serait l’homme ? Après la mort l’esprit demeure, il est le sel de la terre »   

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« Supposons que nous nous perdions à contempler l’infinité du monde dans le temps et dans l’espace, soit que nous réfléchissions à la multitude des siècles passés et futurs, soit que pendant la nuit le ciel nous révèle dans leur réalité des mondes sans nombre, ou que l’immensité de l’univers comprime pour ainsi dire notre conscience ; dans ce cas nous nous sentons amoindris jusqu’au néant ; comme individu, comme corps animé, comme phénomène passager de la volonté, nous avons la conscience n’être qu’une goutte d’eau dans l’océan, c’est-à-dire de nous évanouir et de nous écouler dans le néant….nous oublions l’individualité…bref, c’est en nous que réside ce qui constitue le support nécessaire et indispensable de tous les mondes et de tous les temps.., nous nous bornons à sentir, d’une manière toute irréfléchie , que, dans un certain sens nous ne faisons qu’un avec le monde, et que par la suite son infinité nous révèle, bien loin de nous écraser…… » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Puf 1942. Tome 1)

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Extrait du débat (Introduction) : «  Qu’entendons-nous par spiritualité ? » 16 décembre 2016

Introduction : Je laisse pour le débat les approches étymologiques de « spiritualité », je n’en ai retenu une seule : « découle du mot latin « spritus »/esprit ».

    Le désir d’étudier ce thème  fut suscité d’abord par une relecture récente de l’œuvre de Jean Giono : « Regain »

Puis ensuite la lecture d’un ouvrage  de Michel Onfray : « Cosmos »

Et, enfin, c’est une réplique du chanteur Abd el Malik, dans le film : « Qu’Allah bénisse la France » où, il dit : « La philosophie est un exercice spirituel »

    Dans le domaine des idées, terrain de chasse privilégié des philosophes, la spiritualité échappe à l’analyse scientifique, et au concept bien défini. Elle se trouve au-delà de la physique, soit métaphysique.

Qui que nous soyons, nous ne pouvons échapper à la spiritualité, c’est-à-dire : une quête de ce qui est au-delà des besoins immédiats, des nécessités et  besoins terrestres.

    Pour certains cela passe par la religion, ou encore par les sectes, pour d’autres se sera une démarche individuelle, non pour autant dépourvue du lien avec les autres,  non individualiste, ce que l’on nomme aussi « spiritualité laïque ».

   Cette dernière peut se traduire dans l’humanisme, elle peut se traduire dans un désir de partage, ce sentiment de faire partie d’un tout,  ce que Romain Rolland nommait « un sentiment océanique ».

      Cette forme de spiritualité laïque est également bien définie par  les textes hindous des Védas, quelque chose qui peut être un sentiment d’appartenance à entité suprême, à l’universel, à la fois unité et pluralité, d’appartenance à un tout : « chaque être est en toi, et tu est en chaque être » nous dit ce texte hindou des Upanishad.

     Mais ce sentiment de communauté des hommes, de destin lié, ne peut se faire nous disent les mêmes textes que si nous savons nous écarter, un tant soit peu de notre individuation ; cela peut être une profonde réflexion philosophique, recherche personnelle hors de tout dogme, tel le yoga, qui est qualifié aussi « destruction du moi » ; c’est-à-dire : (je cite) : « je suis une source et je suis l’océan, et chaque être est une partie de moi ».

   C’est là un propos qui n’est en rien religieux, il rappelle que la spiritualité n’est pas un terrain réservé aux religions ou aux sectes. Nul ne peut s’approprier le  terme spiritualité ; on peut atteindre des dimensions spirituelles avec pour seul guide le cœur et la raison. La spiritualité n’a nul besoin d’un catéchisme.

La spiritualité elle ne se convoque pas, elle s’éprouve      

     Le prêtre Patrice Gourier, un psychologue clinicien, écrivait: « L’aspiration spirituelle est présente en chacun de nous, son expression prend des formes variées, mais la petite flamme est là »          

     Il ne manquera pas de personne pour me dire : mais alors ! Votre spiritualité, votre petite flamme, c’est un besoin de Dieu ? Si Dieu est un besoin, alors cela réduit la foi à peu de chose. Non, le questionnement métaphysique existe sans cette nécessité d’un dieu. Dire cela, ce serait dire que la foi n’est seulement qu’un besoin, ce qui serait désobligeant à l’égard de ceux qui ont une foi, et qui peuvent grâce à leur foi, connaître des moments de spiritualité intenses. 

Et si j’ose ce mauvais jeu de mots, pour essayer d’être « spirituel »,  je dirais

 « La spiritualité laïque, n’est pas une crise de foi ! » 

     Le questionnement, l’étonnement, voire la stupéfaction, devant un monde si extraordinaire, si complexe, si beau, si impressionnant, n’est en rien une recherche absolue de réponse ; recherche d’une quelconque réponse par des forces extraterrestres, par un ordre divin quelconque, non ! ce n’est que de l’étonnement pur, de l’admiration pure ! Un moment de plénitude. Un moment de sérénité, un moment où rien ne vous manque, c’est un moment de transcendance dans l’immanence. Osons le dire, une certaine approche du sublime.  

     Les personnes ayant vécus certains moments intenses de spiritualité, nous disent que ce fut pour eux comme une impression de suspension du temps, comme un moment d’éternité. Moments nous dirait Spinoza, où : « Nous sentons et expérimentons  que nous sommes éternels », moments d’éternité dans une vie intérieure, ici, et maintenant ; toutes sortes d’instants particuliers, où tout à coup le cœur bat plus vite, le pouls s’accélère, et où parfois, on a la chair de poule.

        Cela peut être,  comme une communion entre l’homme la nature, l’homme et l’univers. 

   Et la fourmi que je suis,  a besoin de sentir en lien avec tous les autres, un besoin d’être relié aux autres ; relié au sens strict, sans croyance en prime,  puisque qu’on me dira que la religion vient du mot relier. Dans ce lien spirituel laïque et humaniste, par instants le « moi » se fond dans « un nous ».

    Alors on pourra me dire, que c’est aussi, une réponse à ce discours de la postmodernité ; expression (plus rattachée à  une ère industrielle qu’à une l’ère numérique dans laquelle nous sommes entrés de plain pied) post modernité qui à a fait le bonheur des années 80 /90 et  qui nous disait que nous serions perdus parce que « Dieu est mort » parce que nous n’avons plus de grands récits, comme si les religions et les grands récits avaient à coup sûr fait  le bonheur des peuples. L’énumération des faits serait superflue.

    Aujourd’hui, des personnes, mêmes accrocs aux nouvelles technologies, des personnes qu’on pourrait cataloguer de matérialistes, des non croyantes vont faire des retraites dans des couvents, elles y séjournent pour faire le point avec elles-mêmes.  D’autres vont faire le chemin de Compostelle, ceci en dehors de l’agitation du monde, cela  peut être pour eux un moment de spiritualité. Dans son ouvrage « Cosmos » Michel Onfray met cette phrase de Nietzsche en exergue : «  Aller par delà moi-même…éprouver d’une manière cosmique »

    Et c’est aussi ce que j’avais découvert, je dirai ressenti, avec l’œuvre de Giono : « Regain », où son héros Panturle a un rapport viscéral avec la terre, ce qui est un véritable panthéisme. Il y a là, tous les symboles : de la terre, du blé, du pain,  de l’amour de la femme pour ensemencer la terre, il y a cette perpétuelle communion avec la Nature. Là aussi une spiritualité cosmique.

Ce sentiment d’appartenance à un tout est également reprise par le philosophe Pierre Hadot : «  J’ai été envahi par une angoisse à la fois terrifiante et délicieuse, provoquée par le sentiment  de la présence du monde, ou du Tout, et de moi dans ce monde »

     Qui de nous en dehors de tout sentiment religieux, ne s’est interrogé  sur les mystères de ce monde, ce mystère abyssal de la vie, de l’existence, ces « pourquoi » de l’enfance qui, quoi qu’on n’y fasse pour beaucoup, nous poursuit. Ces grands « pourquoi » pour lesquels nous n’avons pas de réponse, qui, pour les non croyants, nous satisfasse.

    Il y a une demande de spiritualité chez les agnostiques comme chez les athées. Cela peut même amener à des choses paradoxales ; ainsi en 2015 s’est créé à Londres, « une Eglise athée » (oxymore). Certains nous diront qu’ils sont en train de créer par là, une religion, proche d’une religion laïque (nouvelle oxymore) prônée par Auguste Comte.

Je pense plutôt que les hommes ont besoin de rituel, besoin de lien, lien qu’ils ne savent établir dans la société qui développe, plus, une altérité virtuelle.

Ce spirituel et les rituels sont une piste de réflexion dans ce domaine

Les hommes, disais-je, trouvent leurs voies spirituelles, par divers moyens, le plus connu étant les religions, puis les sectes, et divers mouvements ésotériques.

    C’est aussi une démarche dont se réclame des francs maçons, d’une recherche de voie spirituelle, une quête spirituelle adogmatique. Si vous êtes conviés à une réunion maçonnique, le rituel, tout le symbolique, ressemble à s’y méprendre à une cérémonie, et le sentiment est fort que ceux qui y participent sont dans cette forme de spiritualité : « une spiritualité fraternelle »

      Dans un autre domaine, lorsque vous allez sur Google, et que vous saisissez « spiritualité », vous allez atterrir, après les premières pages occupées par les religions,  sur tout un tas de sites des plus curieux, ce sera des sectes, des gourous, des guérisseurs, des chamans, des marabouts, des magiciens de méditation, du new âge, etc..,  vous trouverez des sites liés au Yoga, des multiples recettes; le plus souvent du simple business.

    « Les spiritualités »,  disait Régis Debray lors d’une de ses conférences l’été dernier sur France culture (Qu’est-ce qu’une religion ?) elles ont le vent en poupe. Elles sont mises au service de l’ego, et rebaptisées méthodes de développement personnel. Les spiritualités ça  a un avantage, ça n’exige pas de discipline de groupe et d’éducation préalable, et le consumérisme ambiant peut en faire ses choux gras, avec « vade mecum », stages et séminaires, qui engorgent le marché du bonheur, les recettes pour être bien dans sa peau, au bouddhisme, aux méditations, aux stages bio énergétiques »

      Dans ce même ordre d’idée, nous entendons de plus en plus parler de méditation, en tant qu’exercice spirituel, ainsi des pubs dans le métro pour vous inviter : « Méditer chaque jour » c’est la pub pour le livre du même nom.

   La méditation, la spiritualité en kit, avec tous ses sites accrocheurs sur la Toile, abritent un certain nombre de charlatans prêts à abuser de la bonne foi, de personne à la recherche d’une complétude de soi. Tous ces exercices de méditation utilisent les termes : d’état modifié de conscience –  de réalisation de son identité spirituelle – d’éloignement de soi –  absence de soi – de développement de soi, etc..

   Enfin, comme il y a peu de belles idées non dévoyées, je me demande si la spiritualité n’a trouvé son faux ami qui la pastiche, le spiritisme ?

Je laisse aussi cette question pour le débat

   Je ne retiens pas les termes utilisés souvent dans ce domaine qui sont : ontologie naturaliste ou monisme, car je suis plus enclin à penser que la spiritualité est purement, ou d’abord ( à mon sens)  du ressenti et ne cherche à être un système, ou, vouloir expliquer ce monde. Ne cherchons pas à attraper l’inaccessible étoile, ce qui ne nous empêche pas d’admirer les étoiles, l’univers.

   Et puis, j’ajouterai, que, st, comme nous le dit le chanteur Adb el Malik : « La philosophie est un exercice spirituel », alors partageons cette quête.  (Luis)   

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«  Ma conception de la Nature, qui est dans l’infini et dans l’éternité, est une conception métaphysique. Le silence la Nature devient alors métaphysique par ce qu’il amène dans mon monde des idées. …, Si je tourne mes regards vers la profondeur illimitée du ciel, vers l’infini du ciel, je songe que nul savant, ni Einstein ni ses successeurs, ne peuvent atteindre la totalité de la Nature… »  (Marcel Conche. Epicure en Corrèze. P, 100. Stock. 2014)

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Extrait du débat : «  Qu’entendons-nous par spiritualité ? » 16 décembre 2016

   La spiritualité a existé de tout temps, le questionnement philosophique a existé avant même, l’animisme, le paganisme, le panthéisme, etc, les religions sont issues de ce questionnement, elles furent une des réponses.

La spiritualité fut, une expérience, un état accessible tout autant « à celui qui croyait », comme « à celui qui ne croyait pas »

    Donc nous pouvons évoquer une spiritualité laïque, laquelle se trouve dans un humanisme transcendant où l’autre, tous les autres sont, comme moi, la partie d’un tout, « un tout  plus grand que la somme des parties », un univers auquel j’appartiendrais au-delà de moi-même, dans ce tout qu’est l’humanité. Une appartenance au-delà de mon temps de vie. Au-delà de mon temps de vie,  je serai dans les strates de cette coulée de vie, depuis le premier homme, depuis la première femme.                                                                                  

    Alors, pour paraphraser Malraux, (enfin l’expression qu’on lui attribue) je pose la question : le 21ème siècle sera-t-il spirituel, ou pas  Un certain matérialisme, au sens courant du terme, qui découle de l’avidité, du profit, de l’apparence, donne le sentiment qu’on coupe l’individu de son lien humaniste, ce qui ressenti comme une destruction de son Être spirituel,  ce qui alors, pourrait laisser place au retour du religieux fondamentaliste, des sectes, ou autres ersatz de spiritualité; «… l’avenir de l’humanité » écrit Natacha Polony, dans son livre : « Nous sommes tous la France »,  « passera demain non pas seulement par la résolution de la crise financière, mais de façon bien plus essentielle par la résolution de la crise spirituelle sans précédent qui traverse notre humanité toute entière »  

   Je reviens sur la spiritualité et le business, la spiritualité, nouveau « produit », ou quand la spiritualité est galvaudée.

Les pages sur la spiritualité dans de nouveaux magazines de psychologie dopent les ventes.

Les voyagistes occupent ce créneau, et  on vous vend la spiritualité « clefs en mains », des voyages « terres nouvelles de spiritualité » (sur des bateaux/îles flottantes on vous emmène voir les pans de la banquise qui tombent dans la mer » « C’est sublime ! »

On trouve des voyages, « communiez avec la nature » (tiens revoilà la communion)

Dans ce même ordre d’idée, le « Guide des monastères » Editions Horay) est devenu un best seller. (Luis)  

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« La religion du futur,  (aurait déclaré Albert Einstein), sera une religion cosmique. Elle devra transcender l’idée d’un Dieu existant en personne et éviter le dogme et la théologie. Couvrant aussi bien le naturel que le spirituel, elle devra se baser sur un sens religieux né de l’expérience de toutes choses, naturelles et spirituelles, considérées comme un ensemble sensé. »

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« Nous ne sommes pas d’aujourd’hui, ni d’hier, nous sommes d’un âge immense » (Nicolat Beuglet. Le cri. XO Editions 2016)

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  « Je crois aux forces de l’esprit » ces propos de François Mitterrand sur la fin de sa vie, ont été diversement analysés ; ans une émission avec Jacques Chancel, il se dit « agnostique »

Dans ses dernier vœux au 1er janvier 1995 dans ses veux à la Nation, il ajoute à cette phrase : « là où je serai, je vous écouterai. Je crois aux forces de l’esprit »

Ce qui nous laisserions à penser que la fin de vie proche l’amenait vers une certaine croyance, d’un quelque chose au-delà de son temps de vie.

On se rappelle aussi cette déclaration du même Mitterrand  parlant de la nature, (je cite) « du contact charnel avec la nature, caresser un arbre, écouter un cours d’eau… »

    Dans un écrit il dit : « Disons que j’ai une âme mystique, et une cerveau réaliste » et lors d’une interview il ajoute « Je crois à la puissance de l’esprit. Sans elle que serait l’homme ? Après la mort l’esprit demeure, il est le sel de la terre »

De fait cette expression « sel de la terre » provient d’une parabole de l’évangile, alors dans la démarche de Mitterrand, on peut imaginer qu’il évoque, la communion et la transmission d’un certain nombre de valeur dans la chaîne des humains. (Luis)   

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Nous sommes tous Charlie. « J’assimile la  notion de spirituelà une expérience intense de l’harmonie.., la beauté en est une.., les rassemblements créent des expériences spirituelles… » (Antonio Damasio. Spinoza avait raison. Odile Jacob. 2003)

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L’homme est un être rituel, dans les actes rituels de la vie, les grands passages de la vie, il lui faut des cérémonies qui s’accompagnent de spirituel pour ces instants, ces passages, ne soient un des moments ordinaires de leur vie. Je pense aux divers rites d’entrée dans le monde, rites de passage à l’âge adulte, aux mariages, aux enterrements. Le mariage (par exemple) double l’union terrestre d’une union spirituelle.

Une spiritualité qu’on retrouve aussi dans des danses rituelles, quand les hommes et les femmes les mains sur les épaules dansent en rond. Je pense par exemple à « la ronde de Matisse » où de suite je vois de la spiritualité.                                                                  

Je retiens dans les expériences relevant d’une spiritualité, (par exemple) : dans un reportage à la télé nous avons vu un homme s’élancer en parapente du Mont blanc avec une jeune aigle qui n’avait jamais volé. Une fois en vole l’homme a lâché le jeune aigle qui s’est mis a volé à côté de lui, ils étaient seuls l’homme et l’oiseau dans le ciel, puis l’aiglon fatigué est revenu vers l’homme, il s’est posé sur sa main. Cet instant, crée pour moi un moment d’émotion transcendantale. Je me voyais à la place de cet homme, quelle merveille

   Si des instants de spiritualité peuvent survenir avec la peinture, ils peuvent et on les sait survenir avec la musique.

La beauté nous prend parfois au dépourvu, sans contexte, sans publicité préalable des esthètes du bon goût ; ce sera par exemple une expérience : Une madone dans une exposition au Grand Palais autour du siècle Rubens. Sur la joue de la « Madone » une larme, chaque spectateur s’arrête devant cette toile, et tous sont presque tentés d’essuyer cette larme, tant on pense qu’elle va tomber d’un instant à l’autre. Dans cette larme qui accroche l’essentiel de la lumière dans l’œuvre, se trouve toute l’âme de cette toile, tous les regards de ceux qui ont admiré ce tableau, qui l’admire sont là dans cette larme, la force de la  beauté est dans les regards, c’est le miroir inversé ! C’est l’expérience  que Kant nomme « esthétique transcendantale », c’est une émotion esthétique, transcendantale, un moment de spiritualité ;

Le philosophe romain Chrysippe disait qu’une goutte d’eau qui tombe dans la mer se répand dans tous les océans. Il traduisait là un sentiment d’infinité. (Luis)   

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Extrait du débat : « Qu’entendons-nous par spiritualité ? » 23 novembre 2016

      D’après le Vocabulaire technique et critique de la philosophie,  de Lalande, « La spiritualité est le caractère de ce qui est spirituel et non matériel » : ce qui relève de l’esprit que l’on oppose à la matière. Nous sommes alors dans une façon de penser dualiste. L’Etre se divise en deux il y a les étants, choses matérielle set les étants ou choses de l’esprit. C’est aussi ce qui est impliqué par l’expression : il a de l’esprit, il n’est pas grossier ; il ne se complait pas à ce qui est matériel. Avec, implicitement l’idée que le monde matériel est en bas alors que le spirituel est en haut. On retrouve cette opposition de valeur dans la  forme de penser chrétienne : l’opposition entre la chair et l’esprit. Et aussi dans la langue française de culture chrétienne dominante. D’après le Littré, le dictionnaire de la langue française au 19ème  siècle, Bossuet, au 17ème  siècle, caractérisait le spirituel, comme ce qui a rapport à l’esprit, à l’âme: Rome a été le chef de l’empire spirituel que Jésus Christ a voulu étendre sur toute la terre. Voltaire, au 18ème siècle : nous savons que l’âme est spirituelle .Les anges sont des substances spirituelles. C’est un terme de dévotion: le spirituel regarde la conduite de l’âme : la vie spirituelle, l’habitude de la méditation ou la contemplation par opposition à ce qui est sensuel, charnel, corporel. Autrefois un  concert spirituel, c’était un concert que l’on donnait un des jours de la semaine sainte ; aujourd’hui c’est un concert où l’on exécute une musique d’un caractère religieux.

Il y a aussi les médecins spirituels, les pères spirituels, les guides spirituels, les confesseurs : ceux qui proposent une lecture spirituelle ou des exercices spirituels, lecture et exercices qui excitent la dévotion. En ce qui concerne la religion, le pouvoir spirituel, c’est celui de l’Eglise, par opposition au pouvoir temporel. En parlant de l’interprétation des livres dits révélés, le spirituel s’oppose à littéral et se dit du sens allégorique : les prophéties ont un sens caché et spirituel. Notre langue française est évidemment très marquée par la religion chrétienne dominante jusqu’ aujourd’hui.

 Et le dictionnaire Robert historique de la langue française  du 20ème siècle souligne que l’évolution du mot spiritualité (à partir du 13ème siècle est empruntée au dérivé bas latin spiritualitas (immatérialité) et suit celle du mot spirituel qui désigne d’abord le caractère de ce qui est considéré dans son existence religieuse surnaturelle (spiritualité de Dieu et de l’âme). Réemprunté en philosophie à partir du 16ème siècle il signifie « caractère opposé à la matérialité » et jusqu’à la fin du 18ème  siècle au sens de « caractère ontologique de l’esprit », par opposition aux corps naturels0. Attesté seulement au 20ème  siècle (par l’Académie en 1935). Comme « l’ensemble des principes   qui règlent la vie spirituelle d’une personne ou d’un groupe ». C’est de cela je pense que l’animateur  souhaite que l’on discute.

Et cela m’a poussé à réfléchir aux principes et aux valeurs enseignées par l’école publique hier et aujourd’hui. Quelle est la spiritualité transmise par l’école républicaine ? Ce sera ma première contribution à la question posée.

Dans sa Lettre aux instituteurs du17 novembre 1883, Jules Ferry, alors Président du Conseil , Ministre de l’instruction publique et des arts, écrit : « L’instruction religieuse appartient à la famille et à l’Eglise, l’instruction morale à l’Ecole […] ».: Pour Jules Ferry , l’enseignement de la morale appartient à l’Ecole (non par ‘’défaut) parce que les familles seraient défaillantes, comme on l’entend souvent aujourd’hui) mais ,dit-il , « parce que c’est son rôle éminent et un honneur pour les enseignants… … que les enfants rapportent de votre classe de meilleures habitudes, des manières plus douces et  plus  respectueuses,  plus  de  droiture,  plus  d’obéissance,  plus  de  goût  pour  le  travail,  plus  de soumission  au  devoir,  enfin  tous  les  signes  d’une incessante  amélioration  morale,  alors  la  cause  de l’école  laïque  sera  gagnée… »

Ma deuxième question est donc : qu’est ce une spiritualité laïque ?

Dans le numéro 57 de mars 2012 de Philosophie magazine Luc Ferry philosophe et historien des idées, et promoteur de la notion de « spiritualité laïque », ministre de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la recherche du gouvernement Raffarin, discute avecVincent Peillon, philosophe, et député européen PS et ministre de l’Education nationale et de la recherche du gouvernement Hollande, du sens de la morale laïque c’est à dire  «  du spirituel dans la République ». Ils se réfèrent tous deux à Jaurès, qui, selon Vincent Peillon, « prend place dans un courant de pensée sous estimé, le spiritualisme qui court de Maine de Biran (1766-1824) à Bergson (qui a écrit L’Energie spirituelle en 1919) (il s’interroge sur ce qui distingue le cerveau – matière, de la conscience –esprit). En son temps, Jaurès s’élève avec d’autres  contre la philosophie de Kant selon laquelle nous ne pouvons pas connaître la réalité dernière des choses … »..Sa métaphysique part du principe que l’esprit est partout présent dans la nature – d’où le spiritualisme .Cela peut paraître curieux aujourd’hui, mais pour lui, la pierre pense. Et il établit, jusque dans ses discours parlementaires, une continuité qui va du géologique au social. Dans les lois ouvrières le même esprit est à l’œuvre.

 Le maître mot de Jaurès, en tant que philosophe et socialiste, est l’unité. »Et plus loin il cite Jaurès « l’avènement du socialisme sera comme une grande révélation religieuse « (Article Socialisme et liberté). Quoi ? le socialisme serait donc une religion complète ? Et même  la seule religion à accomplir l’essence du religieux ? Pour Jaurès qui invoquait Dieu jusque dans l’assemblée, il l’est. Cela peut paraître suranné, voire suspect  de nos jours. Il n’en est rien ….Jaurès est notre contemporain jusque dans son spiritualisme qui est réformiste et non conservateur ou réactionnaire. La religion, ici, ne renvoie pas aux dogmes des Eglises. Exit la théologie, le catéchisme etc… Jaurès est un laïc viscéral. Cependant, il soutient qu’il existe en tout homme, un sentiment de l’infini, une part divine- n’ait pas peur du mot. Selon lui, la République ne doit pas brimer cette présence en nous de l’infini, mais la prendre en charge, lui faire droit. L’homme ne pourra se perfectionner, devenir ce qu’il est, que si sa meilleure part est reconnue;

C’est pourquoi Jaurès demande aux instituteurs, de cultiver l’éveil du sentiment religieux  chez les enfants, parce qu’il fonde la dignité de chacun. L’école ne doit pas ramener au fini, se contenter d’orienter vers telle ou telle branche professionnelle ; elle est le levier d’une éducation et d’une transformation spirituelles. C’est tout à fait moderne. Dès que l’homme se prend pour Dieu, la catastrophe se profil ; l’exemple des totalitarismes, qui veulent créer « un homme nouveau » est édifiant. Mais il est aussi dangereux de vouloir nier cet élément spirituel ou religieux qui nous porte au-delà de nous-mêmes, cet inconnu que l’on ne maîtrise pas. L’ouverture à la transcendance est une donnée de notre expérience qui peut prendre bien des visages, j’ai toujours été républicain et gaulliste une foi laïque est un acte de confiance et d’espérance en l’humanité de chaque homme qui vaut son effort et sa peine : le socialisme de demain devra, à mon sens, s’abreuver, à cette source ».

A quoi Luc Ferry répond  «….  Jaurès a ceci  de profondément sympathique qu’il est beaucoup plus ambitieux socialement que les socialistes d’aujourd’hui (le dialogue a eu lieu en 2012), précisément parce qu’il est un grand républicain … laissons les clivages partisans. Jaurès est l’un des penseurs qui peut nous aider à retrouver du sens en politique. Nous en manquons cruellement. Longtemps l’imaginaire et l’action ont été structurés autour de 2 foyers de sens, la Révolution à gauche, et la Nation à droite. Ces deux principes de sens se sont aujourd’hui éventés comme des coupes de champagne tiède. En apparence nous n’avons plus d’autre horizon que celui de la mondialisation sauvage, du marché généralisé. Bref le désenchantement du monde et l’ère du vide .la vérité me semble tout autre  et, de ce point de vue l’œuvre de Jaurès nous est précieuse, car il n’est pas qu’un moraliste qui défend les droits de l’homme ; il confère également une dimension spirituelle,  (la morale n’est pas la spiritualité laquelle engage le sens de la vie) à l’action individuelle et collective. Chez lui la fraternité n’est pas abstraite, désincarnée. C’est une fraternité vécue, affective, qui se réalise dans le militantisme politique, ouvrier et associatif. L’engagement aux côtés d’autrui , l’amitié, et même l’amour de l’autre, permettent de donner sens à l’existence, de l’ouvrir à ce qui la dépasse : l’humanité dans son ensemble, l’universel commun, une forme profane de sacré, non le sacré des religions constituées, mais un sacré à visage humain. En ce sens le socialisme de Jaurès est une religion de salut terrestre. Avec son accent romantique sur le philanthropisme, il fraie une voie vers ce que j’ai appelé la « spiritualité laïque «  dont les sociétés sécularisées sont en quête ».  (Edith Deléage Perstunski. Professeure de  philosophe     

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Dans l’ouvrage de Dominique Bourg et Philippe Roch « Crise écologique des valeurs » (Numérique/Amazone)

Sous titré : « Défis pour l’anthropologie et la spiritualité »

Le chapitre à la page 142 est : « Le réveil spirituel »

« Nous avons besoin d’une spiritualité qui nous apprenne à être « présents à la Terre » et à vivre selon ses rythmes et ses mythes. Mais qu’entendons-nous par spiritualité. . Les spiritualités appartiennent au domaine des interprétations intelligentes et profondes. Elles sont considérées comme le guide de la conscience. La spiritualité est comme une respiration aussi intime et vitale que le souffle ; c’est une question d’enthousiasme pour la vie, de la capacité de se sentir émerveillé. Le développement d’une conscience spirituelle décrit comme un mouvement de la mort à la vie, du sommeil à l’éveil.

Une vision spirituelle qui répondra aux besoins de notre ère écologique exige un réveil à l’égard de la terre »

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Au quotidien nous pouvons éprouver une certaine spiritualité avec la nature. Lorsque nous contemplons un paysage, ou, que nous recevons la douceur de la pluie sur notre visage, nous passons aussi de la pensée planifiante à la pensée accueillante. Nous laissons le réel déboutonner notre âme. (Luis)

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