Suicide

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Alenzo y Nieto. Le suicide. 1870
Muséo romantico. Madrid.

Le Grand Robert de la Langue Française : Fait de se tuer, de se donner la mort.

Action de causer volontairement sa propre mort (ou de le tenter) pour échapper à une situation psychologique intolérable, et quelque soit la justification morale de l’acte.

Trésor de la langue française : Fait de se tuer volontairement.

Mort que quelqu’un se donne volontairement.

Action de se nuire, de se détruire, d’anéantir quelque chose en soi.

Vocabulaire technique et philosophique, Lalande : Action de causer soi-même sa mort, d’une manière volontaire pour échapper à une condition de vie qu’on juge intolérable.

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : L’homicide de soi. C’est pourquoi certains y voient un crime. C’est pourquoi j’y vois un droit…, Se suicider, c’est choisir, non sa mort, mais le moment de sa mort.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : Le suicide est une action par laquelle un homme est lui-même la cause de sa mort.

Ordinairement on entend par suicide, l’action d’un homme, qui de propos délibéré se prive de sa vie d’une maniere violente. Pour ce qui regarde la morale de cette action, il faut dire qu’elle est absolument contre la loi de la nature.

Il est d’instinct que nous entons pour notre conservation….

L’homme n’est point le maître de sa vie. Comme il ne se l’est point donnée, il ne peut regarder comme un bien dont il peut disposer comme il ui plaît.

Nous ne sommes pas au monde uniquement pour nous-mêmes ; Nous sommes dans une liaison étroite avec las autres hommes, avec votre patrie, avec nos proches, notre famille. Cela exige de nous certains devoirs auxquels nous ne pouvons pas nous soustraire nous-mêmes ; C’est donc violer la société que de la quitter avant le tems…

Le suicide a toujours été un sujet de contestation parmi les anciens philosophes : les Stoïciens le permettoient à leurs sages. Les Platoniciens soutenoient que la vie est une atation dans laquelle Dieu a placé l’homme, est que par conséquent il ne lui est point permis de l’abandonner à sa fantaisie……

Synonymes : Autodestruction.

Contraires :

Par analogie : Courage. Fanatisme. Honneur. Lâcheté. Désespoir. Kamikase. Mourir. Noyade. Obsession.  Pendaison. Raison de vivre. Se détruire. Se flinguer. S’immoler.  Suicidaire. Vivre.

Expressions: Mettre fin à ses jours. Se faire hara-kiri. Se faire sauter la cervelle.

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« Il n’y a qu’un seul  problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie »  (Albert Camus)

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Le suicide est un sujet ardu pour des esprits cartésiens. Là, exit les causes à effet, effets et finalités identiques. Comment juger de la finalité d’un acte lorsque l’on ne comprend pas, lorsqu’on ne peut pas appréhender les causes, et quand ces causes sont aussi diverses. Une première liste de ces différentes causes serait:

1° Le suicide des adolescents.

2° Le suicide des « malades ».

3° Le suicide « obsession de la mort ».

4° Le suicide existentiel.

5° Le suicide d’honneur.

6° Le suicide rituel.

7° Le suicide de la difficulté de la différence.

8° Le suicide collectif.

9° Le suicide martyr.

10° Le suicide punitif.

11° Le suicide « euthanasie »

12° Le suicide d’amour.

13° Le suicide altruiste.

14° Le suicide courage.

15° Le suicide économique

1° Le suicide des ados : la prise de conscience de la réalité du monde des adultes peut créer chez des jeunes un rejet. La crainte de ne pas pouvoir vivre dans ce monde et de s’y adapter, peuvent les amener au refus de ce monde. Lorsqu’on tue votre avenir, vous supprimez cet avenir ; ce n’est ni courage, ni lâcheté, ce n’est que désespérance. L’adolescence a une exigence démesurée, une idée encore pure de ce qu’est ce monde ; puis arrive le constat que tout ce qui lui a été donné en exemple : morale, honneur, amour, vertu…, tout n’est qu’apparence, tout n’est que semblant, mascarade.., alors le désespoir le mène à l’acte : « Comment pardonnez à ce monde de n’être que ce qu’il est, et point le miracle qu’on avait imaginer » (Serge Gainsbourg).

2° Le suicide des malades :Parfois des personnes atteintes d’une maladie grave peuvent mettre fin à leurs jours. Leur guérison n’étant pas assurée, voire même totalement exclue, ils n’ont pas le courage nécessaire pour affronter l’épreuve, voire au pire, la peur de la douleur : »C’est la peur qui pousse les hommes au suicide » (Epicure).Mais le risque qu’un malade n’ayant pas d’espoir de guérison se suicide reste minoritaire, ce qu’évoque La Fontaine dans la fable du bûcheron : « Un homme sentant venir sa mort ……….plutôt souffrir que mourir, c’est la devise des hommes ».

3° Le suicide « obsession de la mort » : « J’ai le désir de vivre, mais puisque ce désir de vivre finira par un échec, je serais donc prisonnier de ce destin, alors je peux objectiver ce destin en décidant de la clore » (Freud). L’obsession de la mort rend suicidaire, « Le suicide est le chemin de la liberté » (Sartre).

4° Le suicide existentiel : le manque d’amour, le manque de reconnaissance de l’Être, ou simplement l’idée de ce manque donne le sentiment de ne pas vraiment exister pour les autres. Par cet acte, le suicidaire, ou la suicidaire va enfin prendre de l’importance pour les autres. Exister d’avantage mort que vivant, prendre le risque de mourir pour vive.

5° Le suicide d’honneur : un individu peut ne pas désirer, ne pas vouloir affronter le déshonneur, son « surmoi » lui interdit, le Hara-kiri en est un exemple, »Nul ne peut être heureux s’il ne jouit pas de sa propre estime » (J.J.Rousseau), plutôt perdre son corps que de perdre son âme. Nous trouvons des suicides d’honneur dans la mythologie, Phèdre amoureuse de son beau fils Hippolyte se suicide. Jocaste apprend que Œdipe est son fils, elle se suicide

6° Le suicide rituel ; ce sont par exemple les bonzes qui  pour atteindre une vie supérieure, leur nirvana, s’immolent par le feu. Les suicides récents dans des sectes sont du même ordre.

7° Le suicide de « la différence » ; dans nombre de suicides d’ados, le constat que fait un jeune de son homosexualité, peut l’amener au refus d’assumer cette différence dans un environnement peu ouvert aux différences.

8° Le martyr suicide ; les kamikazes, et de nos jours les martyrs d’Alaqsat agissent, ou par fanatisme, pour leur cause, pour leur Dieu…Cet acte ne peut être considéré comme un acte de lâcheté.

9° Le suicide collectif ; Les assiégés de Massada préférèrent se tuer jusqu’au dernier plutôt que de subir les sévices et mourir des mains des Romains. Lors de cérémonies de sectes, il y eut  suicides des collectifs, là aussi on ne réellement parler ni de courage, ni de lâcheté.

10° Le suicide punitif ; de très vifs ressentiments des ados envers les adultes peuvent les amener au suicide « pour les punir ». Je me venge en tuant l’un des vôtres.., même si c’est moi. C’est autant homicide contre moi, qu’homicide contre la société haïssable, cette société qui me rejette.

11° Le suicide « euthanasie ». Cette semaine, une Anglaise condamnée à mourir réclame le droit à une mort digne, »Respecter la vie humaine, c’est lui permettre de rester humaine jusqu’au bout » (A.C. Sponville). Pour certains l’IVG est un suicide, un suicide d’une part de soi. Nous sommes pris en tenailles entre la notion d’humanité du fœtus à partir de la 7ème semaine et le refus de la commercialisation de l’embryon, lequel dès la fécondité appartient à l’Être et non à « l’avoir ». Est-ce là, courage, lâcheté, lucidité… ?

12° Le suicide d’amour ; l’impossibilité d’un amour partagé mène parfois au suicide, c’est un thème souvent utilisé : Roméo et Juliette, Tristan et Iseult……

13° Le suicide altruiste ; chez les esquimaux les ancêtres sentant venir leur dernière heure, s’éloignaient sur la banquise où ils mourraient, de froid, à moins qu’ils ne fasse le dîner d’un ours blanc. Ils se supprimaient pour ne pas être une charge dans un groupe où le vie était déjà très dure.  Peut-on présenter cet acte comme acte de courage, ou n’est ce qu’obéir à la tradition. .

14° Le suicide courage ; des résistants (1939/1945) se suicidèrent dans leur cellule « C’était le courage de reconnaître que l’on peut être lâche sous la torture ».

15° Le suicide économique : Dans un reportage (18/01/2021 FR 5 20 h30) il y a quelques jours un étudiant évoquait la tentative de suicide d’une jeune étudiante, réduite comme beaucoup d’étudiant à la pauvreté, à l’absence d’horizon, etc

Des scientifiques (des scientistes) nous disent que notre devenir est inscrit dans nos gènes, que nous sommes marqués dans nos chromosomes, déterminés, que rien n’est du au hasard, même l’acte de suicide. Nous ne serions en rien maîtres de notre destin, nous croyons faire des choix alors que nous réalisons un projet de vie qui était depuis notre naissance. Encore là un prolongement des méfaits de Descartes qui voyait en l’homme, une machine. « Il n’y a ni courage, ni faiblesse, c’est le destin qui s’accompli ». (Luis)  

*                                               

Nous portons tous, ou nous ressentons la responsabilité, de peut-être un manque d’intérêt, une carence d’amour. Peut-être n’avons-nous pas su donner « l’envie  d’avoir envie », l’espoir, cet espoir souvent cause de suicide, on se tue par déception. (Luis)    

*                          

Le suicide est-il un choix ? « Je ne puis être contraint par autrui à posséder un fin totalement indépendante de moi, c’est moi seul, qui détient le pouvoir de me proposer quelque chose comme fin, ou alors je me trouve dans une liberté négative ». « Nul ne peut me contraindre à assumer cette vie jusqu’au bout, pourquoi laisserais-je seul le destin, la vieillesse, la maladie, la sénilité, m’achever. Choisir ma fin est un acte d’homme libre, un choix d’orgueil et de fierté devant la fatalité de notre genre humain » (Kant)

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« Le suicide c’est la force de ceux qui n’en n’ont plus, c’est l’espoir de ceux qui ne croient plus, c’est le sublime courage des vaincus ». (Guy de Maupassant)

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« Se suicider équivaut à tuer ce dont on portait déjà le deuil, ce lendemain inévitable » (Goethe)

« …Se tuer dans un sens est comme au mélodrame, avouer. Avouer qu’on est dépassé par la vie, qu’on ne la comprend pas. C’est seulement avouer que cela ne vaut pas la peine. Vivre n’est jamais facile, on continue à faire des gestes que l’existence commande, pour beaucoup de raisons dont la première est l’habitude. Il y a divorce entre l’homme et sa vie, l’acteur et son décor, c’est proprement le sentiment de l’absurdité »  (Le mythe de Sisyphe. A Camus)

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«  Au Pérou, en Haïti, aux Philippines, et au Ghana, pays en vois de développement qui souffrent de la pauvreté et de l’instabilité politique, moins de cinq personnes se suicident chaque année. Des pays riches et calmes comme la Suisse, la France, le Japon et la Nouvelle-Zélande, plus de dix personnes sur cent mille, se donnent la mort »  (Homo deus. Une brève histoire de l’avenir. Page 44/45. Yuval Noah Hariri. Albin Michel. 2017)

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« …Ecoute, reprit-il, j’ai comme tous les jeunes gens médité sur les suicides. Qui de nous à trente ans ne s’est pas tué deux ou trois fois ? Je n’ai rien trouvé de mieux que d’user l’existence par le plaisir. Plonge-toi dans une dissolution profonde, ta passion ou toi, vous y périrez. L’intempérance, mon cher ! Est la reine de toutes les morts ! Ne commande t- elle pas l’apoplexie foudroyante ? L’apoplexie est un coup de pistolet qui ne nous manque point. Les orgies nous prodiguent tous les plaisirs physiques, n’est-ce pas l’opium en petite monnaie ? En nous forçant de boire à outrance, la débauche porte des mortels défis. Quand nous tombons noblement sous la table, n’est-ce pas une petite apoplexie périodique ?  (Balzac. La peau de chagrin)

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Dans le suicide, courage et lâcheté sont peut-être les deux bouts de la bobine. L’amour de mon prochain m’interdit l’indifférence devant le suicide. Nous ne vivons pas que pour nous, que par nous, « j’existe de par mon lien avec les autres  » (Albert Jacquart)

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« L’acte philosophique authentique est le suicide; c’est là le commencement réel de toute philosophie ». (Novalis)

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« Le suicide, c’est tuer soi-même le coupable d’un meurtre » (Luis)

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«  Ce que d’ordinaire on place en première ligne parmi les devoirs envers soi-même, c’est un réquisitoire contre le suicide que le préjugé enserre et qu’étayent des raisonnements superficiels. L’homme ne connaît pas comme la bête la seule douleur corporelle et présente, mais encore la douleur morale, incomparablement plus grande

*

La cueillette du poète.

Le suicide, Acte de courage, ou, Lâcheté ? …

*  « il n’y A qu’un problème philosophique _ Vraiment sérieux  _ : 
c’est Le Suicide.
Juger que La Vie Vaut, ou ne Vaut pas, d’être Vécue, c’est répondre À La question, fondamentale, de La philosophie »,  
Albert  Camus, Le Mythe de Sisyphe _ notre propre défi,
en – fin  « il faut imaginer Sisyphe heureux »
Suicide philosophique, exit … définitif, Suicide,
ou pas, telle est notre question …

Suicide existentiel, Suicide philosophique, quel sens donner À sa Vie,
quel est Le Viatique, problème, philosophique, Le Sens,
de L’existence, À partir de Sartre, L’existence précède  Le Sens, projet de Vie,
conscience de La Liberté, but, objectif, et fin, propre  FinalitéEt – Sens … du Sens,

Suicide collectif, Suicide écologique, un choix, éthique, une question, métaphysique,
et, Suicide personnel, dit, individuel, et, de triste mémoire, Gabrielle Russier,
Suicide provoqué, dont il faut Se Soucier,
Suicide punitif, Suicide dépressif, psycho-physiologique, psycho-pathologique,
Suicide curatif … pour qui faiblit, qui ploie, « Suicide mode d’emploi », Georges Perec,
entre Soi-même et Soi, Le Suicide intrinsèque,
Durheim :  Le Suicide égoïste, Solitaire Suicide, empathique, Le Suicide Altruiste,
Solidaire Suicide, Apathique, Le Suicide « Oblomov », Activiste,
Le Suicide « Stakhanov », et, Le  Cioran … errant, Quant’ À L’impératif catégorique, Suicide,
André Gorz, Bernard Stiegler, Acte Lucide,
Le mystère de La Vie,
Le caractère de qui met fin À Sa Vie,      

*  « ou  La fatalité … »  du désespoir, suicide,
« [ des Lâches, qui meurent, plusieurs fois, Avant  La mort ; ] »
« … ou  L’humanité », du courage  Lucide,
« [ du brave qui ne goûte jamais  La mort,
qu’une fois ] », Shakespeare,
« Elle était comme moi, incapable de se suicider, et, elle goûtait sa mort, de son Vivant », Kongoli, Tahar ben Jelloun, et, toujours, bien Vivant,
et – moi … J’expire,

*  de Lâcheté, L’Apparence _ Le Paraître _ Le suicide peut  Être, un Acte de courage,
bravoure _ détermination, Valeur – Courage, exécution … un Acte de … cœur – rage,
effort, fondamental, Ardeur, force mentale,
élan, force morale, Souffle, énergie, Vitale, Courage … fuyons !
Expiration …  

*  … « Est-ce que Vous trouvez que c’est une Lâcheté, de se tuer ? » 
Montherlant, « honorant Le suicide », situé …
comme – une  « parcelle de Liberté,
dans La nécessité »,
courage  contingent, honorant Le suicide _ s’est donné La mort,
élan, envol, et – sort …

*  étoile planétaire _ notre  Montherlant,
suicide  comme – un  Acte  désintéressé,
« Les Actes désintéressés 
sont Les étoiles de La terre »,  firmament  Montherlant … 

 L’Entrepot’s, 23 janvier 2021, animateur Guy Pannetier, en Pluviose2020     Gilles Rocca – Laure  ose          

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