Tolérance

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Traité de la Tolérance par Voltaire. Edition de 1763.

Le Grand Robert de la langue française : Fait de tolérer quelque chose, de ne pas interdire ou exiger, alors qu’on le pourrait ; liberté qui résulte de cette abstention.

Attitude qui consiste à admettre chez autrui une manière de penser ou d’agir différente de celle qu’on adopte soi-même.

Fait de respecter la liberté d’autrui en matière de religion, d’opinions philosophiques, politiques.

Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale. PUF : On peut dire que la tolérance consiste à s’abstenir dans l’action ou l’opinion d’autrui, quoiqu’on ait le pouvoir de le faire, et bien que l’on désapprouve  ou que l’on n’apprécie pas l’action ou l’opinion en question.

Encyclopédie de la philosophie. Poche : Terme qui, dans son sens originel, et aujourd’hui plus précisément- indique l’absence de répression (par la force ou d’autres moyens) d’opinions considérées comme fausses ou de comportements considérés comme nuisibles ou incorrects…

Vocabulaire technique et critique de la philosophie. Lalande.: Manière d’agir d’une personne qui supporte sans protestation une atteinte habituelle  portée à ses droits strictes, alors qu’elle pourrait la réprimander ; manière d’agir d’une autorité qui accepte ouvertement en vertu  d’une sorte de coutume, telle ou telle dérogation aux lois ou règlement qu’elle est chargée de faire appliquer

Trésor de la langue française : Fait de tolérer quelque chose, d’admettre avec une certaine passivité, avec condescendance parfois, ce que l’on aurait le pouvoir d’interdire, le droit d’empêcher..

– État d’esprit de quelqu’un ouvert à autrui et admettant des manières de penser et d’agir différentes des siennes

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : Tolérer, c’est laisser faire ce qu’on pourrait empêcher ou punir.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : La tolérance est en général la vertu de tout être foible, destiné à vivre avec des êtres qui lui ressemble. L’homme si grand par son intelligence, est en même tems si borné par ses erreurs & par ses passions, qu’on ne sauroit trop lui inspirer pour les autres, cette tolérance & ce support dont il a tant besoin pour lui-même, & sans lesquelles on ne verroit que troubles & dissensions. C’est en effet pour les avoir proscrites, ces douces & conciliantes vertus, que tant de siecles ont fait plus ou moins l’opprobe & le malheur des hommes ; & n’esperons pas que sans elles, nous rétablissions jamais parmi nous le repos & la prospérité…. Voir Article. (Par Mr Romilly (Fils)

Synonymes : Compréhension. Humanisme.  

Contraires : Despotisme. Fanatisme. Interdire. Intolérance. Sectarisme. 

Par analogie : Acquiescement. Angélisme. Blasphème. Condescendance. Croire. Croyance. Différence. Fanatisme. Fondamentalisme. Edit de Nantes. Eglise. Oeuvre impie. Haine. Index. Indulgence. Inquisition. Intégrisme. Laïcité. Laxisme. Liberté. Non-violence. Opinion. Patience. Religion. Robespierre. Saint Barthélemy. Savonarole. Secte. Torquemada. Terrorisme. Vertu.

Expression: Il est inertdit d’interdire. Largeur d’esprit. Liberté d’expfression. Ouverture d’esprit.

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« La limite de la tolérance, c’est l’intolérable »

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« Qu’est-ce que la tolérance ? c’est l’apanage de l’humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesse et d’erreurs, nous devons nous pardonner nos sottises, c’est la première loi de la nature, c’est la tolérance ». (Voltaire)

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Voltaire dans son traité sur la Tolérance (Chapitre VI) nous donnait déjà la définition des islamistes d’aujourd’hui :« Crois ce que je crois, ou tu périras »

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      Si je cherche à définir au mieux un mot, je vais voir son contraire. El là je trouve intolérance, déjà je suis plus éclairé, je mesure surtout l’espace entre tolérance et intolérance. Plus j’y réfléchi plus cet espace augmente. Pourtant il faudra bien que je mette un curseur, ce curseur sera peut-être : l’indulgence !

Avons-nous une norme, une référence commune pour placer ce curseur, une règle pour trouver le juste positionnement. Le proverbe dit : « Demasiado perdones hacen ladrones » (Trop de pardons, font les larrons). Si je suis trop indulgent je culpabilise en pensant que je suis peut-être laxiste. Si je suis trop sévère je culpabilise aussi. Finalement les questions de philo c’est toujours dérangeant ! (Luis) 

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  Un article écrit il y a 255 ans qui nous parle de notre actualité

 « A l’égard de ceux, qui sous prétexte de la religion, ne cherchent qu’à troubler la société, qu’à fomenter des séditions, à secouer le joug des lois ; réprimez-les avec sévérité, nous ne sommes point leur apologistes ; mais ne confondez point avec ces coupables avec  ceux qui ne vous demandent  que la liberté de penser, de professer la croyance qu’ils jugent la meilleure ; & qui vivent d’ailleurs en fideles sujets de l’État »  (Extrait de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. 1765  (Article, de Mr Romilly, fils)

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     Des personnages tout au long de l’histoire furent des exemples d’intolérance :

Savonarole : prédicateur catholique du 15ème siècle. Il combattit l’art, fit brûler des livres, déjà l’intégrisme, un Taliban du 15ème   siècle !

Grégoire XIII et Catherine de Médicis : Malgré deux Edits, dont l’un dit de « tolérance », laissèrent brûler nombre de Luthériens, jusqu’à provoquer « le massacre de la Saint Barthélemy ».

Torquemada : illustra l’inquisition de l’Eglise de Rome, avec la torture, le bûcher, l’abjuration et pour plusieurs siècles la preuve de « pura sangre » pour accéder à certains postes…

Robespierre fut lui aussi un exemple d’intolérance  au nom de l’humanisme, volonté de vertu poussée au paroxysme. Pus près de nous nous avons vu l’ayatollah Khomeiny en Iran, et en regard de l’IVG et sida, le pape Jean Paul se montra lui aussi, intolérant!

   Manès : (appelé aussi, Mani) est à l’origine du Manichéisme, pour lui il n’y avait que le bien et le mal, entre le bien et le mal, il n’existe rien, les deux s’opposent, c’est un modèle d’intolérance si l’on tient compte de ce que nous sommes ni vraiment bons, ni vraiment mauvais.

Mais il est bon de rappeler que Mani, Savonarole, et Robespierre furent exécutés, victimes eux aussi de l’intolérance.

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 «  Je suis tolérant, j’excuse Dieu de ne pas exister »  (Stendhal)

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« Pour qu’un gouvernement ne soit pas en droit de punir les erreurs des hommes, il est nécessaire que ces erreurs ne soient pas des crimes ; elles ne sont des crimes que si elles troublent la société : elles troublent la société quand elles inspirent le fanatisme. Il faut donc que les hommes commencent par ne pas être fanatiques pour mériter la tolérance » (Traité sur la tolérance. § XVIII. Voltaire)

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La tolérance, pour le dire un peu à la façon de Sartre, est fluctuante, en ce sens où elle est toujours jugée, évaluée, « en situation », ce qui ne la rend pas pour autant, relative ; le concept de tolérance n’étant dans une même société appelé à beaucoup varier.

La tolérance c’est une affaire entre la société et moi, et je ne peux pas juger de ce qui serait tolérable pour les autres.

Un vers célèbre du poète latin Terence dit : « Rien de ce qui est humain,ne  m’est étranger », mais lorsque les actes sortent de l’humanité, alors là s’arrête ma tolérance.

Je ne peux m’empêcher de penser aux horribles tueries  de novembre 2015, 130 victimes innocentes. Quel que soit le sort des assassins, les châtiments qui les attendent, là, le seuil où l’on peut me demander de faire preuve de tolérance est dépassé. (Luis)  

*                                      

On ne devient tolérant que dans la mesure où l’on perd de la vigueur, où l’on tombe gentiment en enfance, où on est trop las pour tourmenter autrui par l’amour ou la haine » (Cioran)

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Je disais que le curseur quant à la tolérance bouge avec le temps : ainsi nous avons une exposition actuellement à Paris où un peintre allemand montre un homme seul dans une plaine qui fait le salut hitlérien (exposition du peintre Anselm Kiefer au centre Pompidou 2016) cette toile est intitulée : « symbole héroïque ». Avec le temps les cicatrices de l’Histoire  guérissent peu à peu cette exposition dans les années 1950 eût été intolérable, en ce temps c’eût été un scandale. (Luis)  

*                                                                                                       

Extrait du débat :               » Jusqu’où peut-on,  être tolérant, »              8 mars 2001

Ceux qui refusent la norme existante sont-ils victimes d’une mode du relativisme, où il ne faut pas de règles ? Sont-ils nostalgiques de l’époque où l’on disait : « Il est interdit d’interdire » ? Sont-ils peu ou prou anarchistes, en pensant que la meilleure règle, c’est l’absence de règle ?  Et ceux qui ne veulent pas que les valeurs, les normes établies  soient reniées, sont-ils des conservateurs, des rétrogrades, des freins à l’évolution de la société.

Au final, au-delà de sa propre opinion : qu’elle soit jugée : tolérante, intolérante, laxiste, la seule question qui vaille, me semble être : qu’est-ce qui est utile pour la société ? Qu’est-ce qui est utile à l’homme, non pas d’une façon singulière, mais de façon universelle ?  Ou n’est-ce utile que pour une catégorie d’individus ?                                                                                                                             

    Tolérance et laxisme sont deux termes finalement assez proches, avec une connotation moins valorisante, voire même parfois péjorative pour le second.

Il y a entre laxisme – toléranceintolérance – des barrières que parfois on peut déplacer à sa convenance. Suivant pour les uns, leurs intérêts, pour d’autres leurs convictions, pour d’autres leurs croyances, leur sens de la morale.

Nous retrouvons là le thème déjà abordé en café-philo de morale et éthique, puisque l’éthique

reste une application de la morale en un lieu, en un temps, dans une société donnée.        

    La tolérance quand elle est la liberté de chacun placée au-dessus de la liberté de tous, nous amène au laxisme. Notre modèle de gouvernement est avec ses avantages et ses inconvénients, la démocratie. C’est dit-on la tyrannie de la majorité, mais c’est ainsi qu’un peuple se fixe des règles de vie. Mais il arrive que ceux qui ont de forts moyens de pression sur ces gouvernements les amènent à abandonner les règles, c’est que nous appelons par euphémisme, déréglementation, c’est aussi le laxisme économique, où l’on laisse cette dernière s’autoréguler, cela nous donne par exemple le scandale de « subprimes » aux USA, problème qui pourrait bien n’être que la partie émergente de l’iceberg d’une grande crise économique et sociale. Cette forme de laxisme économique a ses racines il y a plusieurs siècles chez les libéraux anglais qui prônaient le célèbre « laissez-faire, laisser passer ».

Après toutes les expériences, après plusieurs crises économiques, où, nos éminents économismes sont compétents et ils ont fait preuve d’un  laxisme impensable, ou ils sont totalement incompétents. Cela est traité dans l’ouvrage : « La trahison des élites » par Jean-Luc Gréau). En excluant toute règle morale dans les échanges économiques on fait preuve d’une « grande tolérance » et tout à la fois d’un « grand laxisme ». (Luis)  

*                                   

Extrait du débat :               «  La tolérance aujourd’hui »           6 avril 2016.

D’hier à aujourd’hui le concept de tolérance est-il le même ? Y a-t-il au concept tolérance, une réponse définitive, immuable ? La tolérance relevant de l’éthique et non de la morale, proprement dit, celle-ci est donc inévitablement évolutive en fonction d’une époque, d’un lieu, d’une société donnée. Cela ne doit pas pour autant faire que cette valeur soit relativisée.

Cette question sera toujours d’actualité, car toujours il nous faut nous questionner, entre tolérance, et excès de tolérance, entre  laxisme et intolérance : où mettons nous le curseur ?

La tolérance est dangereuse en ce sens où suivant l’expression de Livingstone elle permet à « des idées qui nous paraissent pernicieuses de s’exprimer et de se répandre »

Revenant sur les tragiques événements, les tueries de 2015, alors que l’heure est au dialogue, à la réflexion, des « oui mais ! » ou encore des, « il faut comprendre », se font entendre.

Combien de gens pétris de bonnes intentions, planant encore dans « il est interdit d’interdire », s’érigent en donneurs de leçons, pseudo bons samaritains, et sont parfois inconscients au point de transformer les assassins en victimes. Car le mot « comprendre » est aussi synonyme « d’excuser », de rendre presque normal, justifier des actes intolérables, c’est une offense aux victimes, une offense à leurs familles.

Les mots ont un sens, les mots peuvent être des armes, alors il faut les manipuler dans certains cas avec la plus extrême prudence, car « chercher à comprendre » comment des personnes deviennent accessibles à des théories mortifères, n’est pas « comprendre » l’acte de tuer sauvagement son prochain.

Celui qui cherche à comprendre  « comment » se montre tolérant. Je suis tolérant car je doute. Les certitudes sont une entrave à la tolérance.

Les tenants de l’angélisme social et les extrémistes de la tolérance ne tuent pas, mais d’une certaine façon ils arment ceux qui tuent.

Cela venant de personnes n’ayant pas reçu le minimum d’éducation pour avoir un peu d’esprit critique, cela peut être classé dans les épiphénomènes.  Mais lorsque cela vient de personnes ayant une certaine éducation, tant philosophique que politique, cela à un écho d’apologie de la violence.

Cela viendra, comme nous le dit un article dans un numéro de philosophie magazine, n° 87 par les propos du pape actuel, qui déclare au lendemain des attentats qui ont tué dix-sept personnes (Charlie hebdo), « si un ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing », alors du coup de poing, aux cent coups de fouet, ou la kalachnikov, le pape ouvre la voie qui justifie la punition, le châtiment face à ce que les croyants intégristes considèrent comme blasphème.

Du dogme à l’intégrisme nous sommes sur les premières marches dont les suivantes mènent au terrorisme. Le pape n’est pas le seul, nous dit le même article de philosophie magazine*. Des personnes se réclamant de l’extrême-gauche ont tenu également ce langage du « oui mais ». L’article cite entre autre les propos ambigus de personnes comme Alain Badiou pour qui (je cite) Charlie hebdo ne fait « qu’aboyer  avec les mœurs policières, mœurs relevant d’un républicanisme postcoloniale et xénophobe». Vouloir, au nom d’une pseudo tolérance,  hisser le drapeau rouge, à côté du drapeau noir de Daesh, c’est un jeu dangereux.

Le 16 novembre 2015 c’était les 20 ans de la journée de la tolérance initiée par l’Unesco en 1995. On en a peu parlé bien sûr, nous étions alors trois jours après les tueries du Bataclan et des terrasses de cafés, les esprits n’étaient pas forcément enclins à prôner la tolérance. (Luis)

*

La tolérance et le laxisme d’opposent-ils ?

C’était une maison de tolérance

Avec une lanterne sur le mur

Pour éclairer la luxuriance

Des opinions sans fard, d’un choix obscur

Avec une lanterne sur le mur

Un kaléidoscope sans préférence

Des opinions sans fard, d’un choix obscur

La dialectique de la différence

Un kaléidoscope sans préférence

Qui mélange amour avec no futur

La dialectique de la différence

En chantant fluctuat nec mergitur

Qui mélange amour avec no futur

Parmi les écueils de l’indifférence

En chantant fluctuat nec mergitur

Elle cherchait des voies sans outrance

Parmi les écueils de l’indifférence

Et de trop d’indulgence en clair obscur

Elle cherchait des voies sans outrance

Des vérités ou d’un concept sûr

Et de trop d’indulgence en clair obscur

Elle a culbuté dans la complaisance

Des vérités ou d’un concept sûr

Et elle a toléré l’intolérance

Elle a culbuté dans la complaisance

D’un laxisme assumé, sans fioriture

Et elle a toléré l’intolérance

Qui a enfanté de la dictature

D’un laxisme assumé, sans fioriture

Alors ils ont violé l’irrévérence

Qui a enfanté de la dictature

C’était une maison de tolérance

Florence Desvergnes.

*

Extrait du débat             : « La tolérance aujourd’hui »        6 avril 2016.

La tolérance aujourd’hui c’est, pour moi en France, au 21ème siècle dans notre société multi-culturaliste qui affiche comme une de ses valeurs la reconnaissance de la diversité culturelle et cultuelle ; et aussi dans un régime démocratique qui veut développer la démocratie participative et non pas seulement la démocratie représentative avec tous les concitoyens français, bi- ou multinationaux, et pour certains aussi les étrangers, et enfin, dans une situation d’état de guerre en butte au terrorisme islamiste. Mon point de vue, que je vais essayer d’argumenter est de dire non à la tolérance comme simple compréhension de l’autre et oui au respect comme reconnaissance de l’autre comme une personne humaine comme moi.

D’abord la valeur constitutive de la société humaine est le respect et non pas la tolérance ; car 1° comme l’écrit Freud dans « Malaise dans la civilisation », le bonheur n’est pas au programme de toute société: les êtres humains doivent, pour vivre ensemble, refouler le Thanatos, le désir de mort que chacun a en lui, et sublimer l’Eros, le désir de plaisir que chacun a aussi en lui. Il y a donc de l’intolérable en toute société : les meurtres, l’inceste, l’oisiveté comme principe de vie …

2° L’être humain est un animal social, il n’y a pas d’être humain hors société – d’Aristote aux anthropologues contemporains – et l’ermite qui se retire dans les bois ou sur une île déserte parle une langue qu’il a apprise de ses pairs et emporte avec lui une théière ou une cafetière objet de sa civilisation. Ce qui constitue la société, c’est la considération de l’autre comme une personne  avec laquelle  il faut dialoguer pour vivre ensemble et pour que ne se développe pas, « la guerre de tous contre tous » (Hobbes).

Autrement dit comme l’écrit Kant : avec une personne tu dois toujours « agir de telle sorte qu’elle ne soit pas prise comme un moyen mais comme une fin ». Une personne est respectable, elle doit être respectée, même si elle est aussi, en même temps instrumentalisée. C’est ce qui distingue les personnes des choses.

L’intolérable pour l’être humain c’est qu’il ne soit pas reconnu comme un être humain et non pas que ses habitudes et ses coutumes ne soient pas tolérées. D’ailleurs, sur le plan juridique il y a eu un enregistrement de la différence entre tolérance et respect. En 1945, il y a eu la différenciation entre crimes de guerre (il y a guerres lorsque des individus ou des peuples ne se tolèrent pas) et crimes contre l’humanité quand des individus ou des peuples ne sont pas considérés comme des personnes humaines (génocides, viols, esclavage, torture).

D’autre part, la tolérance n’est pas une valeur mais un moyen de gouvernement.

Dans le dictionnaire de Trévoux (du 18ème siècle) la tolérance c’est « la condescendance qui fait qu’on n’empêche pas certaines choses, qu’on les connaisse et qu’on ait le pouvoir en main ». La tolérance est un moyen d’éviter la discorde, un moyen de coexistence pacifique;  pour éviter les troubles, et les guerres de religion. De même Kant dans « Qu’est-ce que les Lumières? » salue Frédéric II de Prusse comme un monarque éclairé car il est le premier à déclarer qu’un prince (l’autorité politique) n’a rien à prescrire aux hommes dans les choses de la religion, et qu’il refuse l’attitude hautaine de tolérance au bénéfice de l’attitude digne du respect de l’autre, des autres croyances.

Cela est juste aussi du point de vue psychologique: est en position de tolérer celui qui a le pouvoir d’écraser et qui ne le fait pas  Seuls les maîtres tolèrent pour rester maîtres.

Aujourd’hui la tolérance prend le masque du droit à la différence qui finalement devient l’éloge des différences et l’acceptation des communautarismes: à table, dans les cantines scolaires, de manière vestimentaire dans l’espace public… C’est bien un outil de gouvernement: la paix sociale passe par la tolérance des habitudes et des coutumes différentes qui peuvent devenir ostentatoires et prosélytes, et qui le sont devenues en ce qui concerne celles qui se réclament aujourd’hui de l’Islam.  Déjà en 1996, lorsque des jeunes filles ont refusé d’enlever leur voile en entrant au collège, l’administration l’a toléré et le gouvernement Jospin et le conseil d’Etat aussi, et cela était une erreur que l’on paie aujourd’hui. Et qui s’est élevé contre le port de la burka dans l’espace public pour  légiférer en 2011 ?

Prenons un autre exemple la pratique de l’excision. Peut-elle être tolérée? Non parce qu’elle est une atteinte à l’intégrité de la personne humaine. Il doit y avoir le même refus pour les pratiques qui nient la personne humaine (le voile intégral),  et respecter les femmes qui se font exciser ou qui portent le voile intégral c’est discuter avec elles, les considérer comme capables de discuter, et argumenter sur le fait que toutes les cultures ne sont pas égales en valeur humaine et que celles qui imposent l’excision, ou le voile intégral, ne respectent pas les femmes, les prennent pour des choses et que ceux et il faut que celles qui imposent de telles pratiques soient condamnés et châtiés.  (Edith Deléage-Perstunski, professeure de  philosophe)

*

Extrait du débat :         « La tolérance aujourd’hui »           6 avril 2016.

L’intolérable pour l’être humain c’est qu’il ne soit pas reconnu comme un être humain et non pas que ses habitudes et ses coutumes ne soient pas tolérées. D’ailleurs, sur le plan juridique il y a eu un enregistrement de la différence entre tolérance et respect. En 1945, il y a eu la différenciation entre crimes de guerre (il y a guerres lorsque des individus ou des peuples ne se tolèrent pas) et crimes contre l’humanité quand des individus ou des peuples ne sont pas considérés comme des personnes humaines (génocides, viols, esclavage, torture).

D’autre part, la tolérance n’est pas une valeur mais un moyen de gouvernement.

Dans le dictionnaire de Trévoux (du 18ème siècle) la tolérance c’est « la condescendance qui fait qu’on n’empêche pas certaines choses, qu’on les connaisse et qu’on ait le pouvoir en main ». La tolérance est un moyen d’éviter la discorde, un moyen de coexistence pacifique;  pour éviter les troubles, et les guerres de religion. De même Kant dans « Qu’est-ce que les Lumières? » salue Frédéric II de Prusse comme un monarque éclairé car il est le premier à déclarer qu’un prince (l’autorité politique) n’a rien à prescrire aux hommes dans les choses de la religion, et qu’il refuse l’attitude hautaine de tolérance au bénéfice de l’attitude digne du respect de l’autre, des autres croyances.

Cela est juste aussi du point de vue psychologique: est en position de tolérer celui qui a le pouvoir d’écraser et qui ne le fait pas  Seuls les maîtres tolèrent pour rester maîtres.

Aujourd’hui la tolérance prend le masque du droit à la différence qui finalement devient l’éloge des différences et l’acceptation des communautarismes: à table, dans les cantines scolaires, de manière vestimentaire dans l’espace public… C’est bien un outil de gouvernement: la paix sociale passe par la tolérance des habitudes et des coutumes différentes qui peuvent devenir ostentatoires et prosélytes, et qui le sont devenues en ce qui concerne celles qui se réclament aujourd’hui de l’Islam.  Déjà en 1996, lorsque des jeunes filles ont refusé d’enlever leur voile en entrant au collège, l’administration l’a toléré et le gouvernement Jospin et le conseil d’Etat aussi, et cela était une erreur que l’on paie aujourd’hui. Et qui s’est élevé contre le port de la burka dans l’espace public pour  légiférer en 2011 ?

Prenons un autre exemple la pratique de l’excision. Peut-elle être tolérée? Non parce qu’elle est une atteinte à l’intégrité de la personne humaine. Il doit y avoir le même refus pour les pratiques qui nient la personne humaine (le voile intégral),  et respecter les femmes qui se font exciser ou qui portent le voile intégral c’est discuter avec elles, les considérer comme capables de discuter, et argumenter sur le fait que toutes les cultures ne sont pas égales en valeur humaine et que celles qui imposent l’excision, ou le voile intégral, ne respectent pas les femmes, les prennent pour des choses et que ceux et il faut que celles qui imposent de telles pratiques soient condamnés et châtiés.  (Edith Deléage,-Perstunski. Professeure de  philosophie)

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Extrait du débat :               «  La tolérance aujourd’hui »           6 avril 2016.

On a évoqué l’évolution de l’idée  de la tolérance, du concept tolérance. Dans ce sens on se rappelle qu’au moyen âge, l’intolérance était telle, que les sodomites finissaient sur le bûcher, et, il y a peu on a établi le mariage pour les homosexuels.

En 1943, une femme qui avait pratiqué des avortements sera guillotinée, puis nous avons eu la loi Veil en 1975.

Lors de l’exposition coloniale à Paris en 1931, on avait reconstruit un village africain avec ses habitants, ce qu’on a appelé par la suite « un zoo humain ». Aujourd’hui la discrimination raciale est punie par la loi.

Et puis je reviens sur la notion de tolérance dans divers pays. Cela nous donne aux Etats-Unis le deuxième amendement de la Constitution qui permet entre autres à chaque citoyen de porter une arme, droit qui perdure malgré les récentes tueries.

Revenant chez nous en France : des personnes du monde politique et une large part du monde médiatique, ont récemment au nom de la tolérance, piégé deux mots du vocabulaire : c’est d’abord le mot, amalgame.

Au nom du refus d’amalgame, on fait taire toute critique de l’intégrisme, de propagandes et d’actions antirépublicaines, voire, anti-laïques.

Le second mot piégé est : islamophobie. Nulle critique, nulle observation n’est tolérable sur ce sujet. On doit pouvoir, disait sur une radio, Elisabeth Badinter  « défendre la laïcité sans avoir peur d’être traité d’islamophobe »

Interdire toute critique dans ce domaine, c’est oublier, ou occulter un point primordial : ce n’est pas l’Islam religieux qui est mis en cause, ce n’est la pratique religieuse non plus, l’intolérance vient de l’Islam politique. Ce qui est à combattre, ce sont les propos antirépublicains, allant jusqu’à assimiler racisme et laïcité, allant jusqu’à assimiler laïcité et islamophobie. C’est oublier ou faire semblant d’oublier que l’Islam pratiqué dans de nombreux pays est d’abord un système politique antidémocratique, un système de régulation sociale à tous les niveaux, et que les religieux intégristes veulent que l’Islam détruise (suivant l’expression courante)  tous les impérialismes afin que l’Islam soit la seule religion dans ce monde.

Donc, nous voyons ce « laissons dire » pour « ne pas  faire de vagues », voire des tolérances coupables, cela nous mène jusqu’au laxisme qu’on peut déplorer comme ce fut le cas dans une émission sur Canal + le 26 janvier de cette année. Un islamiste salafiste, Idriss Sihamedi, affirme sur le plateau qu’il refuse de serrer la main aux femmes. Présente, sur le même plateau la Ministre de l’éducation (Ex Ministre des droits de la femme), Najat Vallaud Belkacem ne réagit pas.

Dans ce cas présent, où nous situons-nous entre tolérance et laxisme ?  (Luis)                       

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