Vérité
1898. Musée de la ville d’Amboise.
Le Grand Robert de la Langue Française : Ce à quoi l’esprit peut et doit donner son assentiment (par suite d’un rapport de conformité avec l’objet de pensée, d’une cohérence interne de la pensée) ; connaissance à laquelle on accorde la plus grande valeur.
Caractère de ce qui s’accorde avec le sentiment de la réalité.
Trésor de la langue française : Connaissance reconnue comme juste, comme conforme à son objet et possédant à ce titre une valeur absolue, ultime..
Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : Ce qui est vrai, ou le fait de l’être, ou le caractère de ce qui l’est. C’est donc une abstraction (la vérité n’existe pas ; il n’y a que des faits énoncés comme vrais).
Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. (1765) : (Logiq. Métaphysique) nos esprits sont si lents à pénétrer le fond des objets de leurs recherche, qu’il n’y a pont d’homme qui puisse connoître toutes les vérités de son art. Il est donc sage de se fixer aux questions les plus importantes, & de négliger les autres qui nous éloigne de note but principal. …
Il y a en échange des vérités fondamentales dont il faut nous occuper, parce qu’elles servent de base à plusieurs autres. Ce sont des vérités fécondes, qui enrichissent l’esprit, & qui semblables à ces feux célestes, qui se roulent sur nos têtes…telle est l’admirable découverte de Monsieur Newton que tous les corps pèsent les uns sur les autres, ce qu’on peut regarder comme la base de la Physique, & qui a donné à ce beau génie les moyens de prouver un grand étonnement de tous les Philosophes, l’usage merveilleux de ce principe, pour étendre le système de notre tourbillon solaire… (D.J.)
Synonymes : Authenticité. Certitude. Evidence. Exactitude. Fidélité. Fausseté. Franchise. Justesse. Vraisemblance.
Contraires : Absurdité. Artifice. Baliverne. Bobard. calembredaines. Carabistouilles. Erreur. Fausseté. Ignorance. Illusion. Imposture. Invention. Lucidité. Manipulation. Mensonge. Pipeau. popeauter.
Par analogie : A priori. A fortiori. Authenticité. Fidélité. Franchise. Double vérité. Doute. Effectivement. Evidence. Exactitude. Fidélité. Foi. Franchise. JJésuite. ustesse. Lumière. Loyauté. Maya. Nature. Naturel. Non-dits. Objectivité. Preuve. Pureté. Réalité. Sagesse. Sincérité. Sphismes. Réalité. Révélation. Truisme. Véracité. Vérité révélée. Vrai. Vraisemblance;
Expressions : Dire à quelqu’un ses quatre vérités. En vérité, je vous le dis. Je jure de dire la vérité, toute la vérité. La minute de la vérité. La vérité sort de la bouche des enfants. Une vérité de La Palice.
Dans le tableau illustrant cet article : « La vérité sortant du puits » (D’Edouard Debat-Ponsan) nous avons des symboles qui montrent, et donnent à entendre, tout autant qu’à voir. Nous voyons deux individus qui retiennent la jeune femme (la Vérité) pour qu’elle ne sorte pas du puits ; donc qui refusent que la vérité soit révélée. Des deux personnages, l’un porte une épée, ce qui nous dit que c’est un militaire, l’autre porte un tricorne et un bavette, donc un ecclésiastique. Nous sommes, lorsque cette toile est exposée, en pleine affaire Dreyfus, et des deux personnages, l’un figure l’armée que ne veut pas que la vérité soit révélée, car le coupable s’avérera être un militaire de haut grade. L’autre personnage représente l’Eglise qui veut que Dreyfus soit condamné parce que juif. Deux autres symbole ; la vérité tient un miroir, où la « vérité éclairant le monde », puis le seau renversé ; la vérité étant au fond d’un puits il faut aller profond pour la faire remonter avec un seau, mais le seau a été renversé, on ne veut pas voir la vérité. Le peintre avec cette œuvre prend résolument fait et cause pour Dreyfus. (Luis)
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Pour Leibniz : Les vérités« a priori » sont des vérités de raison. Les vérités « a posteriori » sont des vérités de fait.
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La si célèbre « double vérité » d’Averroès, n’est de fait qu’un double langage; un tour de passe sémantique, je le cite : « Puisque donc cette Révélation est lavérité, et qu’elle appelle à pratiquer l’examen rationnel qui assure la connaissance de la vérité, alors, nous, musulmans, savons de science certaine que l’examen des être par la démonstration n’entraîne nulle contradiction avec les enseignements apportés par la vérité révélée ; car la vérité ne peut être contraire à la vérité mais s’accorde avec elle et témoigne en sa faveur » (Averroès. Discours décisf. 1179)
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« Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible ». (Benjamin Constant)
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Il y a trois vérités : ma vérité, ta vérité, et la vérité.
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« Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ?» Nous dit Montaigne. Ce que Pascal recycle (pour ne pas dire, plagie) « Vérité en deça des Pyrénées, mensonge au delà »
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Spinoza comme d’autres philosophes est persuadé que la vérité existe en soi, c’est-à-dire, que selon lui, si nous examinons toutes les propositions liées à une idée, nous finirons par reconnaître la proposition vraie, puisque la vérité est en nous, il nous suffit de la reconnaître. Descartes proposait une méthode infaillible pour accéder à la vérité. Spinoza reconnaît le grand génie de ce dernier mais dit qu’il n’a pas abouti dans cette recherche de vérité. A partir de là, dans le traité de l’entendement, il propose une autre voie, « infaillible » cette fois, et curieusement il emploie le mot Méthode avec un M majuscule trente fois sur les 52 pages du texte. « En effet » dit-il « il doit avant tout exister en nous une idée vraie en tant qu’instrument inné dont la compréhension nous fait en même temps comprendre la différence entre une telle perception et les autres. Si chez Descartes la Méthode * propose un cheminement déductif, chez Spinoza nous avons un examen au cours duquel nous reconnaissons intuitivement la vérité, l’idée vraie ; la vérité se manifeste d’elle-même. Quiconque pour Spinoza mettrait en doute cette vérité qui se manifeste spontanément est dit-il un sceptique, « dont l’âme est complètement aveugle, soit de naissance, soit par préjugé. De ce fait ils ne sont que des automates dépourvus d’esprit » (Spinoza. Traite de la réforme de l’entendement) * Méthode : Du Grec Méta (vers), et hodos (chemin). Dans son premier sens, la méthode est : poursuite, recherche, aller vers la vérité
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« Dire la vérité, n’est un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul home n’a droit à une vérité qui nuit à autrui » (Benjamin Constant)
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« Toute vérité franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis elle considérée comme ayant toujours été une évidence » (Schopenhauer)
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« Au cours de l’histoire tous les grands penseurs ont cherché une certitude, un énoncé qu’on ne puisse réfuter, tel que deux plus deux font quatre. Pour atteindre cettevérité Wittgenstein s’est appuyé sur la logique mathématique. Quel meilleur moyen pour obtenir une certitude qu’un langage immuable libéré des passions humaines. Il a avancé lentement, équations après équations, d’une manière irréprochable jusqu’à atteindre une terrifiante conclusion : il n’existe aucune certitude où qu’elle soit en dehors des mathématiques. Il n’y a aucun moyen de découvrir une quelconque vérité absolue, aucun argument irréfutable qui peut aider à répondre aux questions de l’humanité. En conséquence la philosophie est morte » (Extrait du film : Meurtres à Oxford. D’Alex de la Iglesia)
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La vérité nous dit le Véda (hindou) nous est cachée par le voile de Maya. Ce même voile de Maya peut aussi parfois cacher, à ceux qui enseignent la vérité, toute leur ignorance. (Luis)
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« Et alors, la vérité est faite pour qu’on l’ignore. Voilà des petits gars qui roupillent doucement dans leurs habitudes, et toi tu viens de quel droit ? leur déboucher les yeux ! Et qu’est-ce que tu vas leur donner maintenant que tu les as dressés sur les pattes, tout lucides, tout affamés. Hein, On ne sauve pas un pauvre en l’éveillant, mais en le berçant, mon petit. Et tu berces les pauvres avec des sornettes… » (Henri Troyat. Le mort saisi le vif. Plon/ Collection Beauval 1971)
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« La justice d’Electre consiste à ressasser toute faute, à rendre tout irréparable.., elle sacrifie Argos à ce besoin de pureté. Elle arma le bras de son frère Oreste pour qu’il tue sa mère Clytemnestre et son oncle Egisthe, c’est toujours pour la vérité, sa vérité.. – Electre : « j’ai déjà vu trop de vérités se flétrir parce qu’elles ont tardé une seconde. Je les connais les jeunes filles qui ont tardé une seconde à dire non à ce qui est laid, non à ce qui est vil, et qu’on su répondre ensuite que par oui ou non ». (Electre. Jean Giraudoux)
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« Je ne saurais vous dire par quelle mésaventure ou plutôt par quelle fatalité, nous accordons plus de crédit à l’imposture qu’à la vérité simple et nue » (Schopenhauer. Le fondement de la morale. 1841. Note de bas de page, 33)
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« Je jure de dire la vérité, toute la vérité, même si je mens comme je respire » (Réplique, film, Le brio, 2017)
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Ce passage dans les essais de Montaigne pose question quand à la vérité en ce qui concerne la découverte de l’Amérique. Colomb et Vespucci avaient-ils connaissance de ce texte d’Aristote ? « L’autre témoignage de l’antiquité, auquel on veut rapporter cette découverte, est dans Aristote, (Des merveilles inouïes)…Il raconte là que certains Carthaginois ; s’estant jettez au travers de la mer Atlantique, hors le destroit de Gibaltar, et navigué long temps, avoir descouvert en fin une grande isle fertile, toute revestuë de bois et arrousée de grandes et profondes rivières… » (Essais. Livre 1. § XXXI)
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« Avec les prostituées, le faux est un moment vrai. Tu es enfin toi-même. En compagnie d’une jeune femme dite, « normale », il faut faire des efforts, se vanter, s’améliorer, donc mentir : c’est l’homme qui fait la pute. Tandis qu’au bordel ! L’homme se laisse aller, ne cherche pas à plaire, à se montrer meilleur qu’il est. C’est le seul endroit faux, où il est enfin vrai, faible, beau, et fragile » (Beigbeder. 99 F. Grasset)
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« Y en cuanto a su verdad, la verdad verdadera, lo que es independiente de nosotros, fuera de nuestra lógica… » « Et quant à la vérité, la vraie vérité, ce qui est indépendant de nous, hors de notre logique » (Miguel de Unamuno. Del tragico sentimiento de la vida)
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« Alors, si tout est faux, je préfère encore vivre dans le mensonge, parce qu’il est dix mille fois plus beau que la vérité » (Plus vraie que nature. Pièce de théâtre)
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« Les philosophes ne nous ont jamais livré la Vérité : seulement fait entrevoir, fait espérer, et pour limitée qu’ait été cette espérance, c’est autant de pris sur notre nuit » « Commencée il y a si longtemps, l’aventure de la pensée nous tente encore, et c’est une chance. Car toujours l’esprit des hommes meurt à ce qu’il a été pour renaître autrement, et de cet autrement il n’a jamais l’idée jusqu’à ce qu’il le fasse advenir. …En fait il n’y a pas de pensée définitive. Il n’y a de pensée définitive que pour ceux qui ne pensent plus. On n’a jamais fini de mourir et de renaître à la pensée…… » (Lucien Jerphagnon. Les dieux et les mots. P, 527/528.Tallendier 2004)
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Extrait du débat : « Toute vérité est-elle bonne à dire ? 5 octobre 2012 (Je vais essayer de soutenir que toute vérité n’est pas bonne à dire). « Je suis ami de Platon, » nous dit Aristote, « mais encore davantage de la vérité » Cela pose bien le problème de notre rapport à l’autre et du devoir de vérité. Comment vivre en société sans le secours du mensonge nous disent, et nous expliquent, des philosophes, des sociologues. Ce thème sur la vérité nous pose aussi la question : « quel est le rôle du mensonge ? ». Si la vérité comme l’affirme Kant est, (je cite) « un devoir formel de l’homme à l’égard de chacun », voilà que le mensonge peut dans des cas extrêmes devenir lui aussi un devoir. Mentir même si cela nous coûte, mentir pour ne pas blesser, mentir par amour, mentir par pitié… Nous vivons avec nos paradoxes, nous sommes très exigeants en regard de la vérité, et nous ne sommes pas toujours prêts à entendre la vérité ; On connaît l’expression : « La vérité sort de la bouche des enfants », et là en fait on confond, franchise, vérité, et sincérité. La franchise c’est parfois le fait du naïf, de l’inconscient pour qui la vérité n’est souvent, que, « sa vérité » – qui s’en fait gloriole, ou qui tout simplement se soulage. La franchise nous dit parfois ce qu’on ne lui demandait pas, ce peut être une forme de catharsis égoïste, sans trop s’occuper de l’impact des propos. Dans la qualité de ma relation avec l’autre la vérité doit parfois faire appel aux non-dits. On est obligés de vivre avec des non-dits, on ne peut pas, on ne doit, pas révéler toutes les vérités. Dans des couples il y a des non-dits, dans beaucoup de familles il y a des non-dits, des secrets. Des secrets qui parfois nous enferment, il faudrait pouvoir se libérer du poids du secret, de la peine …On devrait dire quand il est temps de le dire. On ne veut pas faire de mal, et on laisse un problème latent. « Algunas veces más vale la paz que la verdad » (Proverbe) « Parfois la paix vaut mieux que la vérité». Ceci est illustré par la chanteuse d’aujourd’hui : « Dans le lit de tous les non-dits, sommeillent tous nos paradis/ puis on s’dira c’qu’on voulait pas/ ….N’attendons pas d’être plus là, pour nous raconter tout cela. (Extrait de la chanson « Non mais non, dis ! Non mais dis donc » d’Olivia Ruiz). Et enfin, il est des choses indicibles dans la société des hommes. Dans le Misanthrope, Molière déjà nous le dit quand Philinte répond à Alceste, l’intégriste de la vérité. (Luis)
–Philinthe : lI est bien des endroits, où la pleine franchise deviendrait ridicule, et serait peu permise ;
et parfois, n’en déplaise à votre austère honneur,
il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur.
Serait-il à propos, et de la bienséance,
De dire à mille gens tout ce d’eux on pense ?
Et quand on a quelqu’un qu’on hait, ou qui déplait,
Lui doit-on déclarer la chose comme elle est ?
(Le misanthrope. Molière)
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Un homme politique, ex Ministre qui voulait « dégraisser le mammouth, Claude Allègre, signe un ouvrage : « Ma vérité sur la planète ». Pour lui tout ce qui pourrait être un frein au développement économique est une hérésie : son livre est une ode en faveur des OMG, du nucléaire…le principe de précaution est pour lui est un « un piège à cons »… José Bové est « une brute…. il doit être en prison et y rester ». Ce Monsieur Allègre est le modèle même de l’intransigeance, de l’intégrisme scientiste…
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«……iI n’y a encore jamais eu rien d’aussi menteur que les saints, – la vérité parle par ma bouche. Mais terrible est ma vérité : car jusqu’ici c’est le seul mensonge qui a reçu ce nom (Nietzsche. Ecce homo)
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James critique la conception d’une réalité unique, par conséquent d’une vérité unique et d’une pensée unique. « L’idée vraie, comme représentation adéquate d’une réalité, située à l’extérieur du sujet pensant, c’est de l’absolutisme…A chaque situation, chaque problème, existent plusieurs solutions théoriques et plusieurs perspectives » (William James)
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Dans le discours de la méthode, Descartes nous dit :
1° Ne recevoir aucune chose comme vérité acquise.
2° Diviser et poser chacune des difficultés du problème.
3° Conduire sa pensée en allant du plus simple au plus composé.
4° Faire décompte et revue de toutes les données pour être sûr de ne rien omettre.
J’ajouterai que ce n’est pas le théorème aisé qui permet d’accéder à la vérité indiscutable, mais une conduite à respecter. S’appliquer à l’étude de tout sujet. Descartes nous dit : « qu’il s’agit surtout d’un exercice de l’esprit à pratiquer toujours, comme s’exerce la gymnastique, exercice du corps, et se doit d’être utilisé comme pour aller vers la vérité, rejetant tout dogme qui se voudrait tenir lieu de raison ». « La philosophie que je recherche, ainsi que tous ceux qui ont conçu pour elle une noble passion, est la connaissances des vérités qu’il nous est permis d’acquérir par les lumières naturelles, et qui peuvent être utiles au genre : il n’est pas d’étude plus belle, plus digne de l’homme ; il n’en est point qui puisse mieux servir notre bien- être ici-bas » (Descartes) Mais ayant fait cette belle démonstration méthodique il reste à Descartes a trouver un maillon assez solide pour tenir toute cette chaîne de raisonnement,
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« N’avoir jamais menti, n’avoir jamais dit pour un intérêt quelconque, même indifféremment, une chose qui ne fut la vérité, la sainte vérité, c’était le trait distinctif de la sœur simplicité… ». (Victor Hugo. Les misérables. I.VII. 1)
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« L’évidence la mieux partagée est bien que la vérité, si elle est possible, ne peut être ni le don de la révélation, ni le fruit de l’autorité de la tradition. La vérité est fille de discussion, et non point de la sympathie à l’égard des héritages des mots et des idées » (Nietzsche)
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Las casas – la seule chose que j’ai vraiment apprise : la vérité s’avance toujours seule et fragile. Le mensonge au contraire a beaucoup d’auxiliaires… ». (La controverse de Valladolid)
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« La vérité éclaire tout, mais se ne laisse pas regarder » (Victor Hugo)
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« Qu’est-ce que ça peut faire que je lutte pour la mauvaise cause puisque je suis de bonne foi ? Et qu’est-ce que ça peut faire que je sois de mauvaise foi puisque la cause est juste » (Jacques Prévert)
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La vérité ?
On m’avait dit que la vérité
Devait sortir toute nue du puits
Mais le jour où je l’ai rencontrée
C’est couverte d’un manteau de nuit
J’ai enlevé un à un les voiles
Recouvrant ses rondeurs éphémères
Et à travers un rideau d’étoiles
N’ai trouvé qu’un plus profond mystère
Alors je l’ai faite à mon image
En cherchant mon chemin à tâtons
Modelé l’espace à mon usage
En me servant pour seul étalon
De toutes mes envies, de mes rêves
De mes ennuis et de mes trêves
De ces minuits où tu m’enlèves
D’un bout de vie que le jour achève
Florence Desvergnes
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« Il y a autant de vérités qu’il y a de religions » « C’est le plus souvent une vérité qui aide à mourir, qu’elle n’aide à vivre, car souvent les dogmes religieux sont la négation de la vie ». (Michel Onfray)
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« Ce point idéal, toujours à perte de vue vers lequel nous imaginons que convergent un jour toutes nos vérités temporaires.., en attendant il nous faut vivre sur ce que nous pouvons nous procurer en tant que vérité aujourd’hui même, et être prêts demain, à la qualifier de mensonge » (William James)
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« Ainsi ils détestent la vérité par amour de ce qu’ils tiennent pour la vérité. Ils aiment la lumière quand elle luit, ils la haïssent quand elle les confond » (Saint Augustin. Confessions. Livre X ; §XXIII)
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« L’esprit de l’homme est ainsi fait qu’on le prend beaucoup mieux par le mensonge que par la vérité ». (Erasme. Eloge de la folie § 31)
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« Mais elle ne veut pas la vérité : la vérité indiffère la femme ! Il n’y rien qui soit d’emblée plus étranger, contraire et violemment opposé à la femme que la vérité, – son grand art, c’est le mensonge, sa suprême affaire, c’est l’apparence et la beauté. Reconnaissons-le,-nous, les hommes : ce sont précisément cet art, et cet instinct que nous honorons et aimons chez la femme… » (Nietzsche. Par-delà bien et mal)
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« Il est important de souligner la différence entre vérité et véracité. […] Si notre action est inspirée par une croyance, nous devons agir que d’une manière utile même si notre croyance est plus ou moins inexacte ; nous devons éviter des actions désastreuses à moins que notre croyance soit absolument vraie. Dans la science, un observateur constate ses résultats en même temps que « l’erreur probable » ; mais qui a jamais entendu un théologien ou un politicien constatant la possibilité qu’une erreur quelconque est simplement concevable ». (Essais sceptiques. Bertrand Russel.1928. Introduction § XIV. P 277/278. Editions Rieder. 1943)
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Dans « Les opinions de Jérôme Coignard » d’Anatole France, le personnage principal dit : » Cet esprit excellent eut des vues originales sur la nature et sur la société, et, pour étonner et ravir les hommes par une vaste et belle construction mentale, il lui manqua seulement l’adresse et la volonté de jeter à profusion les sophismes comme un ciment dans l’intervalle des vérités. C’est de cette manière seulement qu’on a construit les grands systèmes de philosophie qui ne tient que par le mortier de la vérité »
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« L’antithèse est une opposition des deux vérités qui se donnent du jour l’une à l’autre » (Les caractères. La Bruyère. 55)
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« Toute cette cathartique, vous la trouvez depuis le pythagorisme et vous la retrouvez encore dans la philosophie moderne. Car après tout, la démarche cartésienne est bien aussi cette démarche cathartique : à quelles conditions est-ce que le sujet va pouvoir se constituer comme pur regard, indépendant de tout intérêt particulier et susceptible d’université dans la saisie de la vérité cathartique ? Mais la cathartique (condition de purification du sujet pour qu’il soit capable d’être sujet de vérité), ‘est qu’un aspect de l’éthique de la vérité. Quel type de résolution, quel type de volonté, quel type non seulement de sacrifice, mais de combat est-on capable d’affronter pour arriver à la vérité ? (Le courage de la vérité. Michel Foucault. 1984)
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Nous ne pouvons pas nommer pareillement « philosophie » des réflexions qui écartent le « logos » pour ne fixer comme but que d’expliquer le « mythos ». C’est là une des différences fondamentale de la philosophie occidentale avec les philosophies orientales, ou de caractère religieux, lesquelles partent du principe que la vérité est toute entière contenue dans la parole divine. Il y a donc une recherche allant vers une vérité qu’on cherche, recherche pour aboutir à une vérité que l’on connaît Nous regardons presque la mythologie comme une histoire. Elle est une histoire riche de références culturelles. Mais la mythologie ce sont des dieux, demi-dieux, et tous les hommes les femmes de cette époque ont cru fermement en l’existence de ces dieux. Dans deux mille ans les religions d’aujourd’hui seront peut-être devenues des mythes. La vérité c’est celle de l’instant, dans une époque, en un lieu ; Veritas filia temporis (La vérité est fille de son temps) (Luis)
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« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux idées fanatiques » (Jean Jaurès)
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Les hommes ont toujours su naviguer entre ce qui était vraisemblable, et ce qui n’était pas vraisemblable, de fait cela correspond à un besoin ; nous aimerions souvent que ce qui est faux soit vrai, et que ce qui est vrai, incontournable soit faux, ça nous arrangerait bien ! La vérité nous ramenant que trop à la réalité à laquelle on ne peut échapper, on a besoin de croire qu’il existe autre chose, qu’il existe des échappatoires, ce qui le rend les individus vulnérables, et intellectuellement proies faciles. Lorsque les hommes ont plein de dieux qui vivent dans leur univers de dieux, qu’ils se font la guerre, se jalousent ; cela forme un fond qui était le peuple des Grecques, des Romains, on s’arrangeait très bien du vrai et du faux, mais voilà le monothéisme est arrivé, avec une seule vérité, une vérité révélée, vérité indiscutable. , « En vérité je vous le dit » ( (Evangiles. Jean 6/47) Le monde occidental qui allait reprendre l’héritage philosophique, devait via ses philosophes, les théologiens, défendre leur dogme et rester philosophes. Ministre de Dieu et Ministre du logos. Celui qui fera une tentative remarquée snous dit-on s’appelle Averroès, philosophe arabo-andalou qui va développer le principe d’une pseudo « la double vérité ». Pour cela il sera condamné à l’exil. C’est seulement avec Montaigne que nous voyons la première brèche. (luis)
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« Aucun temps, j’ose dire, n’est moins favorable à la philosophie que celui où elle est indignement exploitée ou comme moyen de gouvernement ou comme simple gagne pain. Imagine t- on que dans une telle poussée et une semblable cohue, la vérité dont nul n’a souci, va surgir par-dessus le marché ? Mais la vérité n’est pas une fille qui saute au cou de qui ne la désire pas ; c’est plutôt une fière beauté, à qui l’on peut tout sacrifier, sans être assuré pour cela de la moindre faveur » (Le monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer. Puf. 1942. Préface)
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« Celui qui pense d’une façon abstraite, toujours unilatérale, ce n’est pas le philosophe, mais l’homme du sens commun. Penser pour le philosophe c’est saisir les choses dans la plénitude unitaire de leur essence…Le sens commun en revanche ne voit toute chose que selon un seul et unique point de vue, celui où il se trouve placé, par hasard…cette prétendue « vérité proche du vécu » qui appartient à l’homme de bon sens est donc tout à fait problématique… » (Hegel. Dans un article intitulé, « Qui pense abstraitement ? »)
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« La philosophie a banc des accusés Depuis que Socrate a donné aux philosophes la mission de mener nos esprits hors de la caverne des apparences et des opinions, c’était devenu leur vocation chercher la vérité, en définir les critères, être même prêt à donner leur vie pour elle. Et puis, soudain, dans la modernité tardive, tout s’est passé comme s’ils y avaient renoncé. Non contents de démonter toute forme de dogmatisme, comme montaigne ou Nietzsche, ils s’en sont pris à l’idée même de vérité. Ecoutons l’appel de jean Baudrillard dan son journal de pensées, « Cool Memories », paru au début des années 1990, alors même que Tesich dénonçait l’avènement de la « post vérité » : « La vérité est ce dont il faut se débarrasser au plus vite et la refiler à quelqu’un d’autre ; Comme la maladie, c’est la seule façon d’en guérir. Celui qui garde en main la vérité est perdu.. ».
Cet appel aurait pu servir d’étendard à tout un pan de la philosophie française en particulier, du dernier siècle. Les représentants de ce qu’on appelle la French Théory n’ont eu de cesse de « déconstruire » la vérité. Formés à l’école du relativisme culturel ou des pouvoirs de l’inconscient, ils ont appris à remettre en question la raison et la science occidentale. Tenant pour acquis le perspectivisme de Nietzsche (« il n’y a pas de faits, seulement des interprétations »), le sociologisme de Marx (« la vérité est le discours de la classe dominante ») , et l’historicisme de Heidegger (« La vérité est une création de la métaphysique occidentale »), ils ont retourné l‘exercice du soupçon contre la raison elle-même. Avec Foucault, ils ont fait de la folie un artefact produit par son double, oppressif et excluant, la Raison. Avec Derrida, ils ont considéré que la vérité conçue comme adéquation comme tas de choses donné nous faisait passer à côté de l’ensemble des traces, relatives, historiques, précaires au travers desquels nous la saisissons. « La vérité c’est en son nom maudit que nous sommes perdus », écrit-il dans La carte postale (1980). Avec Baudrillard, ils ont fait des images et des simulacres, non plus des doubles artificiels du réel, mais ce qui organise l’ensemble de la réalité » (Philosophie magazine N° 113. Article, Y a-t-il encore une vérité)
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« Qu’est-ce donc que la vérité ? Une multitude mouvante de métaphores, de métonymies, d’anthropomorphismes, bref, une somme de relations humaines qui ont été poétiquement et réthoriquement haussées, transposées, ornées, , et qui après un long usage , semblent à un peuple,, canoniales et contraignantes : les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont, des métaphores qui ont été usées et qui ont perdu leur force sensible, des pièces de monnaie qui ont perdu leur empreinte et qui entrent dès lors en considération, non plus comme pièces de monnaie, mai comme métal…. » (Nietzsche. Introduction théorétique sur : La vérité et le mensonge au sens extra-moral) .
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« La vérité lui de sa propre lumière, et on n’éclaire pas les esprits avec les flammes des bûchers (Marmontel. Bélisaire. 1766)
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« Veritas filia temporis » Première formule d’Aullu-Gelle. Grammairien latin qui a vécu deux siècles notre ère Formule reprise par Giordano Bruno puis par Bacon dans le Nuevum organum en lui ajoutant : (non authoritas) Non, ou, pas de l’autorité. Alors que cette satanée « Vérite » », vérité d’autorité, pour reprendre l’expression de Bacon, a si souvent rempli les cimetières, qu’il faudrait rendre hommage au mensonge, lui, fils de tous les temps, lui sans lequel nous n’existerions plus, lui qui nous permet de faire société. « Mieux vaut la paix que la vérité » nous disait Molière. Pour Nietzsche, elle est plutôt cette vérité avec le grand V « Fille de discussion » autre approche « L’évidence la mieux partagée est bien que la vérité, si elle est possible, ne peut être ni le don de la révélation, ni le fruit de l’autorité de la tradition. La vérité est fille de discussion, et non point de la sympathie à l’égard des héritages des mots et des idées » (Nietzsche) Francis Bacon dans un œuvre Essai de morale et de politique, accuse même l’Eglise d’être opposée à toute recherche de vérité. La vérité, retombée de la haut du ciel platonicien, elle nous est tombée que la tête, c’était la vérité révélée, elle est restée assise sur son trône pendant des siècles, puis elle a fait plus ou moins sont temps. Fille du temps on l’a souvent prostituée. Et Hegel apporte sa pierre à l’édifice en nous disant : « Chacun est fils de son temps, et donc la philosophie, est, elle aussi, est d’une époque telle qu’elle est appréhendée dans la pensée de ce temps » (Hegel) Donc ceux qui réfléchissent qui sont dans cette quête de la vérité, des vérités, sont conscients que la vérité ou les vérités d’hier doivent être réévaluées, et conscient que demain elles seront autres, dépassées. Elle est fille de son temps comme nous l’a dit Aullu-Gell, puis Bacon, et Bergson qui confirme, lorsqu’il écrit : « Toute vérité est une route tracée à travers la réalité » (Luis)
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« Il y a maintenant six mois j’ai arrêté de mentir. L’idée d’appliquer à la lettre l’interdiction kantienne du mensonge d’un extrémisme presque ridicule m’amusait beaucoup. Au bout du compte cela n’a pas été sans mal. Mais ce que j’ai appris au bout de cette expérience me permet désormais de voir clairement les vertus et les vices cachés d’un monde où personne ne ment. Au début, on croira que dire la vérité, c’est être honnête, dire tout ce qui vous passe par la tête, avec une préférence maligne pour tout ce qui est désagréable, bien évidemment. Il en résultera un état d’anarchie honnête, absolument abominable. Contraints de dire ce qu’ils pensent, les hommes politiques perdront leurs principaux moyens d’action, la dissimulation et la diplomatie. Les familles commenceront à se désagréger ; les maris avoueront à leurs épouses qu’ils en aiment une autre depuis toujours, et elles leur rendront bien, les parents seront obligés de trahir le grand secret du père Noël. Dans le monde du travail, la guerre sera déclarée entre patrons et salariés, entre collègues et concurrents ; l’économie toute entière sera affectée. Complètement détraquée, la vie sociale apparaîtra pour ce qu’elle est effectivement : une machine qui ne fonctionne qu’au prix de conventions, d’hypocrisie, de tabous et de renoncements » (Cathal Morrow. Et si plus personne ne mentait. Article paru dans Philosophie magazine N° 28)
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Débat : « Toute vérité est-elle bonne à dire ? « 5 octobre 2012 Introduction: » Cette question comme chacun sait est tirée du proverbe ; « Toute vérité n’est pas bonne à dire ». Ce proverbe qui conseille la retenue dans l’usage social de la parole, et qui repose sur un fait d’expérience, sur une constatation empirique selon laquelle il y aurait des vérités qui nuisent à ceux qui les disent, puis des vérités qui nuisent à ceux auxquels on les dit. Cette question pose donc plusieurs problèmes. D’abord : quelles sont les vérités mauvaises à dire ? Quelles sont les vérités bonnes à dire ? Peut-on trouver un critère ? Lequel ? Et puis, qu’entendons-nous par vérité ? Et puis, pourquoi certaines sont-elles bonnes, et d’autres mauvaises ? Et aussi, pour qui ?
Pour traiter toutes ces questions, il y a philosophiquement plusieurs débats.
D’abord il y a un débat d’ordre éthique. Les valeurs de celui qui oriente et de celui qui sait et qui énonce la vérité, ne sont pas les mêmes que celles de celui qui a le pouvoir d’agir dans la cité. Comme l’analyse Max Weber dans : « Le Savant et le politique », le savant, celui qui sait et qui énonce la vérité se comporte selon l’éthique de la conviction. Et le second, le politique, celui qui a le pouvoir d’agir dans la société, se comporte selon l’éthique de la responsabilité.
Premier débat : se comporter en responsable, exclut-il de dire ce qu’on sait ?
Il y aussi un débat d’ordre moral. Jean-Paul Sartre écrit dans « Situation II : « Tout acte est engagement, chaque parole a des retentissements, chaque silence aussi », et il ajoute « je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables dans la répression qui suivit la commune parce qu’ils n’ont pas écrit une seule ligne pour l’empêcher. Ce n’était pas leur affaire direz-vous! Mais le procès Calas était-ce l’affaire de Voltaire ? La condamnation de Dreyfus, était-ce l’affaire de Zola ? »
Autrement dit, il y a du point de vue moral, un débat. Dès que l’on sait quelque chose qui concerne la cité, doit-on s’engager ?
Il y aussi d’autres débats. Un débat d’ordre politique, sur les conditions et les conséquences des « diseurs de vérité. En historien contemporain, Gérard Noiriel dans « Dire la vérité au pouvoir » s’adresse aux intellectuels qui parlent au nom des opprimés sans avoir été mandatés par quiconque. Il montre que ces intellectuels très bien intentionnés, cautionnent malgré eux une certaine forme d’inégalité entre les citoyens dans l’espace public, entre ceux qui savent, et ceux au nom desquels, ils font savoir.
Autre débat, faut-il dire la vérité au nom des opprimés?
Il y a aussi un débat d’ordre esthétique sur les moyens à privilégier pour dire la vérité. Milan Kundera dans son roman, « La vie est ailleurs » souligne le fait que la communication artistique a souvent plus d’impact, et plus efficace que la communication rationnelle. La vérité se dit mieux par la forme littéraire ou la forme spectaculaire, bref, plus par les émotions ressenties, que par le raisonnement. Alors ! comment dire la vérité ? C’est une autre question, c’est un autre débat.
Enfin, il y a un débat d’ordre psycho linguistique pour distinguer clairement, le secret du mensonge, la dissimulation de la vérité, de sa falsification. Augustin (au 4ème siècle) présente les cas les plus embarrassants produits par ceux qui soutiennent l’existence du mensonge bénéfique sur des questions graves auxquelles tout homme, ou toute société peut se voir confronté ; je cite : « Un homme poursuivi par des meurtriers se réfugie chez vous. Allez-vous dire la vérité à ses poursuivants ? Un homme très gravement malade pose des questions. Oseras-tu lui dire le vrai et perdre cet homme, ou te taire en l’aidant par un mensonge honorable et compatissant ?». Pour Augustin aucune forme de mensonge n’est licite, tout mensonge est un mal en lui-même. Pour autant toute vérité n’est pas bonne à dire, loin de là. Il y a des vérités inutiles, il y a des vérités importunes, des vérités malveillantes, voire des vérités criminelles
Et finalement, Augustin nous dit simplement que cacher la vérité n’est pas la même chose que dire un mensonge. Tous ceux qui mentent veulent cacher la vérité, mais tous ceux qui veulent cacher la vérité ne sont pas des menteurs. Donc il faut bien distinguer le mensonge qui est falsification de la vérité, de la dissimulation, ou tout simplement de l’omission de la vérité. De là, de nombreux débats, de nombreuses questions.
Mais il y a bien plus encore, et c’est peut-être ce qui me concerne le plus, c’est qu’aujourd’hui en France nous sommes dominés par une idéologie, l’idéologie de la transparence généralisée, et, le culte de la communication, qui renvoient à l’exigence du droit à la vérité.
Cette exigence a été énoncée avec les Lumières au 18ème siècle, et nous en sommes les héritiers. C’est d’Alembert qui en 1780 posa la question suivante : « Est-il utile pour le peuple de le tromper ? » L’argumentation de sa réponse, et celle des autres encyclopédistes est éclairante, je cite : « On doit toujours enseigner la vérité aux hommes, il n’y a jamais d’avantage réel à les tromper, qu’il s’agisse des opprimés, ou des oppresseurs, car la révélation de la vérité n’est funeste qu’à celui qui la dit. Elle n’est jamais la cause de troubles et de soulèvements. » Pourquoi ? Eh bien, tout simplement parce que le contrat de société, le contrat social qui lie les hommes, les associent, doit en même temps respecter la liberté de chacun. C’est le sens de tout contrat social. Et un tel contrat repose sur un pacte tacite de véracité entre les hommes. Il faut croire en la vérité de l’engagement de chacun dans le contrat social pour qu’il y ait, tout simplement, la possibilité d’une vie sociale.
Donc, revendiquer pour tous le droit à la vérité, ne signifie pas pour autant, que toute vérité est bonne à dire. Parce que la vérité n’est pas bonne en elle-même, ni pour elle-même. Elle est comme on l’a vu avec d’Alembert, bonne pour les bienfaits qu’elle apporte. On parle alors de vérité bénéfique, utile, ou inutile. Et c’est également ce que le baron d’Holbach, philosophe des Lumières écrit : « La véracité n’est une vertu que lorsqu’elle découvre aux hommes des objets nécessaires au bonheur, ou à leur conservation. Elle cesse d’être utile et devient un mal quand elle les afflige sans profit ou qu’elle nuit à leurs intérêts réels ».
Donc, si l’on pense, comme les philosophes des lumières, on reconnaît que la construction d’une personnalité, ou d’une société, est d’autant mieux réussie, qu’elle progresse en accumulant des vérités. C’est pourquoi, il faut proposer, revendiquer le droit à la vérité et à toutes les vérités pour les hommes, et c’est ce qu’on fait ces philosophes. Mais si on privilégie l’existence de personnalités autonomes, capables de penser par elles-mêmes, alors il faut revendiquer l’usage public de la raison, c’est-à-dire la possibilité pour chacun, et pour tous de discuter de ce que les experts présentent comme des vérités utiles. Donc, il y a contradiction dans l’exigence de discuter publiquement toutes les questions qu’on se pose sur les vérités établies.
Le 31 août 2012 le Président de la République a commencé son discours par cette phrase : « Mon devoir c’est de dire la vérité, la situation est grave ». De même récemment, le 23 septembre l’allocution télévisée du premier Ministre aux Français. Selon les présentateurs, les commentateurs, ce fut « un moment de vérité ». Dominent dans ces opinions l’idéologie de la transparence généralisée, du droit de vérité pour tous. Toute vérité n’est pas bonne à dire, parce que les hommes en toute circonstance ont droit à ce qu’on leur dise la vérité. La vérité leur est due, qu’il s’agisse de leur santé, de leur vie de famille. Nous sommes bien dans la tradition des Lumières. Et la rétention de la vérité, c’est-à-dire le secret, est ressenti comme un mal pour ceux qui lui sont soumis. Le secret fait mal à la société, à l’entreprise, à la famille. Et c’est pourquoi de nombreux spécialistes se proposent de dissiper ce secret par l’exercice, tous azimuts, de la communication.
Et à mon sens il y a, là encore une contradiction, et nous la vivons en tant que citoyen. Celui qui dénonce le secret comme un mal soutient en même temps avec la plus grande fermeté qu’il ne dit aucunement au public des vérités privées. Il soutient qu’il lui appartient de réserver jalousement des vérités, ou de les révéler quand il le veut, et s’il le veut. Il revendique alors d’être libre, de dire ou de ne pas dire la vérité. Donc, l’exigence de vérité, le droit à la vérité sont décidemment contradictoires avec l’exigence de liberté.
Mon propos finalement c’est qu’il faut faire une distinction entre « la vérité » et « ma vérité », ou « mes vérités ». Si la vérité n’est pas toujours bonne à dire, si même elle est nuisible, plutôt qu’utile, c’est parce qu’il s’agit de « la vérité », c’est parce qu’on se place d’un point de vue général, car d’un point de vue privé, dans le domaine personnel, je sais que ma vérité est bonne à dire, pour moi d’abord; pour ne pas me mentir à moi-même, pour maintenir un moi équilibré, et aussi pour faire confiance à ceux avec lesquels je vis. Ce qui m’a été confirmé d’une certaine façon par une dernière scène du film « Habemus papam ». Le nouveau pape ne veut pas assumer la fonction pontificale, et doit à lui-même et à ses pairs de dire sa vérité. Ce qu’il dit aux milliers de gens qui sont venus l’acclamer. Il leur dit : « Je ne peux pas être un guide pour vous, priez pour moi ». Eh bien ! pour moi c’est là effectivement l’idéal d’un vrai contrat social qui concilie exigence de liberté, et exigence de vérité.
Que chacun puisse dire toutes ses vérités en toute liberté. (Edith Deléage-Perstunski. Professeure de philosophie)
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Dans la pièce Caligula de Camus, Caligula demande au personnage Cherea de lui dire pratiquement le contraire de sa pensée. Il lui dit qu’il ne le haie, pas mais qu’il le trouve ; cruel, vaniteux, égoïste, qu’il le trouve nuisible.. Maintenant, reprend Caligula nous allons cesser le jeu de la sincérité. En fait Cherea avait libéré sa pensée réelle.
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La cueillette du poète
La Vérité est-elle dure À dire ?, Pascal,
* Au risque de La Vérité …
cette question … danger ! … Ces – Vérités …
et – mises en question(s), et re-mises, en question(s), La dure Vérité,
La difficile Vérité … À La Question ! Justice – et – vérité, quoi qu’il doive en coûter …
… « La Vérité, L’Âpre Vérité », Danton, Vérité qui fait mal, La Vérité de fait’,
que L’on n’A pas envie d’ entendre … pas La fête !
On ne L’ écoute pas … La Vérité théorique _ scientifique, du savoir, en soi,
connaissance _ Vérité du sens, Vérité subjective, Vérité objective _ cible,
* « Les mots pour [ La ] dire » … de La « consolation nécessaire » _
de Nietzsche _ À La réalisation de soi,
son Agir, son faire _
Vrai(e), ma foi, Vertu « résolutoire », Vérité de L’ Histoire, L’ Audible … L’indicible …
* … « Heureux celui qui sait, qu’Au cœur de tous Les Langages,
s’élève, L’indicible, Rainer Maria Rilke _ La Vérité … dégage !,
un témoignage _ de responsabilité, et, comme d’égalité … La, Vraie, Vérité …
bonne À dire, dure À dire, dure blessure, une juste cause, ose !, des ombres de La Caverne …
Aux Lumières _ de nos tavernes _
À La Lumière du réel, Aux radicales Ailes, de La raison, La Vérité,
entre déni, révolte, rêve de Vérité, et, de dé-construction …
destruction … du mensonge … en La re-construction,
* besoin, désir, en – vie … que L’on nous dise, La Vérité,
contre Laquelle « on se cogne » _ nous dit Lacan,
La Langue de bois … et … Les contre-vérités, sur La réalité,
discours, de Vérité … À l’encan …
… Vérité(s) … Pensée, Parole, Action …
Vérité … omission …
* penser ce que L’on dit, dire ce que L’on pense, penser ce que L’on fait,
faire ce que L’on dit, dire ce que L’on est, être ce que L’on naît …
sans prendre de distance … Avec Le « Véridit » … test – objectivité,
test – Authenticité,
* droit, et, devoir, de Vérité, morale, éthique, de Vérité, et, de La fabrication, de La Vérité,
À La, Vraie, transformation, de La Vérité, dominants / dominés … desquels, La Vérité ? !
Possédants / possédés … desquels, La Vérité ? !, Naguère _ « L’Heure de Vérité » _
Georges Marchais, sur Le Livre d’or, de L’émission, qui marchait … « Rien que La Vérité » …
… ( pas … toute La Vérité )
« Toute Vérité est une route tracée À travers La réalité »,
Bergson, La Pensée et Le Mouvant, un mouvement, cheminement, Vers Le réel, La Vérité, Annoncée, Avancée, Amorcée, commencée,
« de commencement en commencement, itinéraire … » qui finira bien par percer …
* telle est « La Voie » … La Vie … de La Vérité,
une quête _ destinée À Aboutir … ce n’est pas dur À dire … et – c’est … La Vérité,
La Vérité est une marche – démarche _ La Vérité est une quête – conquête _ de La réalité, sous nos yeux, Au réel …
… À déVoiler, À rêvéler, qui nous échappe, Aux radicales Ailes, de La réalité,
À – venir, en devenir, pas dure À dire … « Le premier qui dit La Vérité,
il doit être exécuté … » Guy Béart, dure À dire … La Vérité, L’âme – agit …
ou … Vérité … ci-gît …
* « Descends du haut des cieux, Auguste Vérité …
Répands sur mes écrits ta force et ta clarté ! »,
Voltaire _ La Henriade, L’Annonciade, « il est très difficile de dire _ L’exacte _ Vérité »,
dit une femme _ George Eliot, pour La bonne raison qu’elle n’est pas Actée,
* d’illusion en Vision, progresse, La Vérité, par expérience,
«Nous entretenons notre conscience _
parce que nous Avons peur de dire La Vérité,
Aux Autres ; nous nous réfugions dans L’orgueil …
… parce que nous Avons peur de nous dire La Vérité
À nous-mêmes », O. Kakuzo, Le Livre du thé, Vérité en trompe-L’œil, pas ma tasse de thé …
* « Aller de toute son Âme À La Vérité »,
Platon, et, La dire _ quoi qu’il doive en coûter … un projet, un trajet, et une projection,
et une progression, et un Accouchement, La maïeutique _ sens, s’Approprier La Vérité …
… sa permanence, son intime – universalité,
* Vérité, Vérité, quand tu nous tiens … et, dure À dire … À Accoucher, La Vérité,
souffrance, et, délivrance, sujet / objet _ Adéquation, À cause / effet _ rétribution,
sa cohérence _ complémentarité, dure À interpréter … À dire,
intuition, induction, déduction, Vérité, de L’évidence _ de L’idée _ Vraie Vérité …
… et, objective _ Vérité _ si dure À dire, de contingence en nécessité, Vérité,
de fait, et, de raison, La dure Vérité, matérielle_formelle_fondée, Vérité, dure À dire _
La Vérité, du, dur, désir, de durer … de La dire,
en Attendant … disant … La Vérité … est À-venir, en devenir, c’est – À – dire …
Gilles Roca,
Cas-fée _Philos’, À L’Entrepot’s, en Germinal, 3 Avril 2021,
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