Vertu

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Rosière de Sainte Adresse. 1908.

Le Grand Robert de la Langue Française : Disposition constante à accomplir une sorte d’alliance d’actes moraux, par un effort de volonté.

Trésor de la Langue Française : Disposition habituelle, comportement permanent, force avec laquelle l’individu se porte volontairement vers le bien, vers son devoir, se conforme à un idéal moral, religieux, en dépit des obstacles qu’il rencontre.

Encyclopédie de la philosophie. Poche : Dans la conception classique  de la vie, la vertu humaine était surtout la force de l’esprit qui n’était pas séparée de la vigueur physique.

Dictionnaire philosophe d’André Comte-Sponville : La vertu est l’effort pour se bien conduire, qui défini le bien par cet effort même.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1765) : Ce mot se prend souvent dans notre langue pour désigner la pudeur, la chasteté. Madame de Lambet ecrivoit à sa fille : « Cette veertu ne regarde que vous ; il y a des femmes qui n’en conoissent point d’autres,& qui se persuadent qu’elle les acquitte de tous les devoirs de la société. Elles se croient en droit de manquer à tout le reste, & d’^tre impunémént orgueilleuses & médisantes. Anne de Bretagne, princesse impérieuse, superbe, faisoit payer bien cher sa vertu à Louis XII. Ne faites point payer la vôtre ». (D.J.)

Synonymes : Phronésis.

Contraires : Débauche. Défaut. Désordre. Immoralité. Lâcheté. Libertinage. Vice.

Par analogie : Chasteté. Cœur. Conscience. Courage. Décence. Exemple. Fidélité. Gloire. Héroïsme. Honnêteté. Honneur. Moralité. Pudeur. Probité. Prudence. Pudeur. Pudicité. Pureté. Puritanisme.  Qualité. Rigueur. Rosière. Sagesse. Sainteté. Tempérance.  

Expressions: Femme de petite vertu. Vertus cardinales.

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« Une jeune fille peut sortir vierge d’une pension ; chaste, non ! »  (Balzac)

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« Je ne suis sûr de rien, si j’assouvis mes désirs, je pèche. Mais si je ne m’en délivre pas, si je refuse de les satisfaire, ils m’infectent l’âme toute entière. ..La nuit tombe, au crépuscule il faut avoir une bonne vue pour distinguer le diable du bon dieu ! » (Le diable et le bon dieu. Jean-Paul Sartre)

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« La vertu est donc une disposition acquise volontairement, définie par la raison, conformément à la conduite de l’homme réfléchi. Elle tient la juste moyenne entre deux extrémités fâcheuses, l’une par excès, l’autre par défaut ».    (Ethique à Nicomaque. Aristote)

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« La définition de la vertu prend en compte l’existence effective des inclinations, et met en évidence la force que chaque individu doit exercer sur lui-même, dans un véritable acte de volonté »  (Kant)

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« La vertu ne rend pas heureux, elle nous dignes de l’être, dignes d’être heureux » (Kant)       

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La vertu dans certaines sociétés prend des formes curieuses : « Le 16 août 2008 ; John Mac Cain et Barack Obama se sont rendus dans une gigantesque église de Californie et ont été confessés par le célèbre pasteur  Rick Warren. Le républicain s’est reproché d’avoir raté son premier mariage. Le démocrate s’est accusé d’un égoïsme juvénile qui l’a amené à fumer de la marijuana et à boire. Mais les candidats ont affirmé leur indéniable foi…et leur détermination à combattre le mal »  (Dossier la pensée américaine. Philosophie magazine n° 24)

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« Nos vertus sont conditionnées, sont provoquées par notre faiblesse… » (Nietzsche. Crépuscule des idoles)

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« Il est plus aisé d’avancer avec les vices qu’avec les vertus. Les vices s’accommodant par nature, s’entr’aident, sont pleins d’indulgence les uns à l’égard des autres, alors que les vertus, jalouses, se combattent et s’annulent, et montre en tout leur incompatibilité et leur intolérance »    (Cioran. De l’inconvénient d’être né)

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Vertu morale : «  J’admire les convictions, mais je crois aux situations. Que de moralistes passeraient de ceux qu’ils condamnent s’ils e trouvaient soudain dans la même situation qu’eux »  (Jean d’Ormesson. Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.  Gallimard 2016)

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La fable des abeilles : « Les abeilles riches et raffinées, ne se rendent pas compte que les vices cachés et la malhonnêteté dont elles se plaignent continuellement sont le fondement réel de leur prospérité. Elles prient les Dieux d’en être définitivement délivrées. Jupiter finit par les exaucer : les abeilles sont à présent honnêtes, mais les vices disparus, la prospérité quitte la ruche. Les métiers fondés sur l’amour du luxe, sur l’orgueil et le crime dépérissent et meurent, chacun se contente du minimum indispensable pour vivre. Les abeilles, devenus pauvres et vertueuses, en sont réduites à l’état de survie, seule condition qui convienne à la vertu ». (Bernard Mandeville, philosophe hollandais, 1670-1733)

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Les vertus cardinales sont : La tempérance, par rapport aux désirs : le courage (ou la fermeté) la sagesse (ou la prudence), et la justice. (La République. Platon)

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«  La vertu est un crime en faisant trop de bruit »  (Savinien Cyrano de Bergerac. La mort d’Agrippine. Tragédie)

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« Pas de cabarets, pas de tavernes, pas de mauvais lieux, aucune occasion de débauche, aucun endroit de rendez-vous…. ». (Thomas More. L’utopie)

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« Vous conseillerais-je la chasteté ? La chasteté est vertu chez les uns, mais chez beaucoup d’autres presqu’un vice.

Il se peut bien qu’ils soient continents ; mais leur chienne sensualité demeure aux aguets et trahi sa convoitise dans tout ce qu’ils font

Jusque sur les cimes de leur vertu et dans les zones froides de l’esprit, la bête monstrueuse les poursuit et les inquiète.

Et avec quelle gentillesse elle sait mendier un morceau d’esprit, cette chienne Sensualité quand on lui refuse un morceau de chair….. » (Nietzsche. Ainsi parlait Zarathoustra)

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« La vertu ne s’est encore montrée à personne : on n’en a point de portrait qui lui ressemble. Il n’y a rien d’étrange qu’il y ait si peu de presse à grimper sur son rocher. On en a fait une fâcheuse qui n’aime que la solitude ; on lui a associé la douleur et le travail ; et enfin on l’a faite ennemie du divertissement et des jeux qui sont la fleur de la joie et l’assaisonnement de la vie »  (Pierre le Moyne. 1652. Jésuite prédicateur)

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«  La vertu civique doit exister aussi bien chez les citoyens que chez les magistrats. Sinon les chefs considéreront leur fonction comme un instrument d’exploitation du peuple. C’est intérieurement que les citoyens doivent se sentir tenus par les lois ; la seule légalité ne peut pas faire tenir l’État. C’est intérieurement que les citoyens doivent se sentir tenus par les lois ; la seule légalité ne peut pas faire tenir l’État »  (Rousseau. Le contrat social)

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« Ce qui me frappait le plus était de voir, dans la vie privée de mon digne maître, la vertu sans hypocrisie, l’humanité sans faiblesse, des discours toujours droits et simples, et une conduite toujours conforme à ces discours… » (Jean-Jacques Rousseau. Profession de foi du curé savoyard)

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« Et puis toutes nos dissertations sur le vice, la vertu, la vrai, le bon, l’honnête, sont bien frivoles pour ceux qui estiment tout au poids de l’or »  (Diderot. Lettres à Sophie Volland. 7 novembre 1762)

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Dans un ouvrage « De l’esprit » le philosophe Helvétius écrit : « Un père dit en général, et en maximes (à ses enfants), soyez vertueux ; Mais il leur dit en détail et sans le savoir, N’ajoutez nulle foi à ses maximes, soyez un coquin timide et prudent ; et n’ayez d’honnêteté comme dit Molière, que ce qu’il faut pour ne pas être pendu » 

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« Vertu n’est assurément pas renoncement par impuissance, mais plutôt renoncement par puissance. Je suis trop heureux ou trop timide pour faire l’escroc, ce n’est pas vertu. Si je suis courageux par folle colère ce n’est pas vertu. Si je me résigne par lâcheté ce n’est pas vertu. Ce qui est vertu c’est pouvoir de soi sur soi ».  (Alain) 

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«  La liste des quatre vertus cardinales, pivots (en latin cardines, de la vie morale, a été élaborée par Pythagore, nous dit Platon dans la République, IV). Ce sont : le courage, la tempérance, la justice, la sagesse (ou la prudence) On peut justifier cette liste par le fait que, sans elles, la vie avec les autres serait impossible. Sans courage, ce sont les peurs délétères qui l’emportent au point de rendre impossible toute confiance ; sans tempérance, la quête frénétique de la jouissance  personnelle s’impose au détriment d’autrui : sans justice, jalousie et envie triomphent et sapent tous les liens humains. Sans sagesse, en fon( ou a tout le moins, prudence qui est une sagesse pratique), la vie humaine se réduit à la bêtise, à l’abrutissement, aux calculs à courte vue et au règne de l’intérêt immédiat. La prudence est un art de l’application : elle désigne la qualité de celui qui voit quand et comment il faut être courageux, tempérant, juste. Sans cette vertu, aucune n’est effective ; elles restent de purs idéaux. [….]   Les philosophe chrétiens avaient ajouté trois autres vertus, dites théologique : la foi, l’espérance et la charité » (Pierre-henri Tavoillot. La morale de l’histoire. Michel Lafon. 2020)  

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